Lucie Houret, la Pionnière qui mène l’équipe de France de flag football

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Lucie Houret est licenciée aux Pionniers de Touraine depuis 2016. Depuis deux ans, elle se consacre au flag football, un dérivé du football américain sans contact. La quarterback a participé à deux compétitions avec l’équipe de France, dont les championnats d’Europe à Limerick, en Irlande, en août 2023.

« L’équipe de France m’a réconciliée avec ce sport qu’au départ je ne trouvais pas intéressant car il n’y avait pas de contact », lâche Lucie Houret. Ce sport, c’est le flag football, un dérivé du football américain mais sans contact, qui pourrait faire son apparition aux Jeux olympiques de 2028, à Los Angeles. La jeune femme de 34 ans le pratique depuis 2016, d’abord en complément du football américain, avant de s’y consacrer à 100 % à partir de 2021. Elle compte aujourd’hui deux sélections en équipe nationale.

Il y a un an, la licenciée des Pionniers de Touraine reçoit un mail de la Fédération française de football américain. Ils annoncent l’organisation d’une détection pour les épreuves de flag football des World games, l’équivalent des Jeux olympiques pour les sports non olympiques. C’est la première fois que cette discipline sportive est au programme. « J’avais déjà vu passer des mails pour différentes compétitions mais je n’avais jamais pu m’y présenter. Cette fois-ci, j’étais disponible. J’ai donc tenté ma chance », se remémore-t-elle. Elle franchit la première étape avec succès et se retrouve dans la liste des vingt-cinq joueuses présélectionnées. Après un nouveau week-end de détection réussi à l’Insep, à Paris, elle devient quarterback de l’équipe de France. « C’est moi qui dois mener l’attaque, lancer le ballon au bon endroit, au bon moment. Si je rate, toute l’action échoue », explique-t-elle.

Lucie Houret, joueuse de flag football des Pionniers de Touraine et membre de l’équipe de France.
(Crédit : Fédération française de football américain)

À la rencontre des meilleures équipes du monde

Quelques mois plus tard, Lucie Houret s’envole pour Birmingham, aux États-Unis. Du 10 au 14 juillet 2022, ses coéquipières et elle affrontent les meilleures équipes du monde, comme le pays hôte, l’Autriche, l’Italie ou le Mexique. « Nous n’avons pas eu de résultats très satisfaisants car nous ne nous étions pas tant préparées que ça, admet-elle. Mais, en même temps, c’était la folie car c’était un peu comme aux JO, nous étions tous ensemble avec la délégation française. C’était incroyable de vivre comme une sportive de haut niveau alors que notre sport n’est pas tellement développé dans notre pays. » D’un point du vue plus personnel, cette première expérience est difficile pour la Tourangelle, qui n’a alors aucune expérience dans ce genre de compétition. Elle est cependant reconnaissante de l’accompagnement proposé par le staff des Bleus. « Ça a été un baptême du feu costaud ! Mentalement et physiquement, je n’étais pas assez prête mais ça m’a donné des pistes de progression et envie de m’entraîner plus, de revenir en sélection », assure-t-elle.

En rentrant, la kinésithérapeute ne lâche rien et décide de travailler encore plus dur. « Depuis deux ans, ma vie tourne autour du flag », s’exclame-t-elle. Elle s’entraîne deux fois par semaine avec l’équipe mixte des Pionniers de Touraine, au stade de la Chambrerie, à Tours, et se rend deux fois également à la salle de sport. Là-bas, elle est suivie par des coachs, qui l’aide à améliorer sa force, son explosivité… Passionnée de sport, collectif notamment, Lucie Houret pratique par ailleurs le handball deux fois par semaine, à Joué-lès-Tours. Puis elle prend parfois la route pour se mesurer à d’autres équipes : en compétition mixte avec les Pionniers – le championnat reprendra en février 2024 – et en féminine avec les Redlips, l’équipe de flag football des Molosses d’Asnières (Hauts-de-Seine), pour des rencontres de Coupe de France et des compétitions européennes.

Un an après les World games, la jeune femme est de nouveau sélectionnée pour représenter l’équipe de France. Les Bleues prennent la direction de l’Irlande pour les championnats d’Europe organisés à Limerick, du 18 au 20 août 2023. Déçue de sa prestation en Alabama l’année précédente, le trentenaire décide de se faire accompagner par une préparatrice mentale avant son départ. « J’ai senti la différence. J’ai appris à ne pas me laisser submerger lorsque tout ne se passe pas comme prévu et j’ai abordé la compétition plus sereinement. J’ai aussi réussi à avoir cet état d’esprit grâce à ma précédente expérience. Cela m’a permis de mieux jouer. » Les joueuses françaises terminent quatrièmes. Une petite déconvenue pour celles qui visaient le podium. « Nous nous sommes écroulées en petite finale. C’est frustrant car ce n’est pas représentatif de notre tournoi. Nous avons notamment gagné notre quart de finale contre l’Autriche, que l’on n’avait jamais réussi à battre et qui est la troisième nation mondiale », regrette Lucie Houret.  

« Un honneur de porter le maillot bleu »

Représenter la France reste cependant « une chance » pour la sportive. Selon elle, c’est notamment une reconnaissance du travail fourni. Elle se prépare et s’entraîne d’ailleurs désormais pour ces grands rendez-vous. « C’est un vrai plaisir de pouvoir jouer à ce niveau-là et un honneur de porter le maillot bleu. Je n’aurais pas pu le faire avec d’autres sports. C’est une opportunité extraordinaire, affirme-t-elle. C’est une expérience de fou de voyager, de rencontrer d’autres filles qui ont la même passion. C’est génial d’affronter les meilleures joueuses de ce sport. C’est très gratifiant et motivant. » Seul point noir au tableau : la Tourangelle et ses coéquipières doivent prendre en charge une partie de leur voyage, même si la fédération finance une grande partie des déplacements. Sans la contribution de son club, Lucie Houret aurait ainsi eu à débourser 950 € pour participer aux World games et 850 € pour aller aux championnats d’Europe. Grâce aux Pionniers de Touraine, elle n’a finalement rien dépensé pour les États-Unis et a versé 650 € pour se rendre à Limerick. « Il faut le prévoir. C’est un budget et tout le monde ne peut pas se le permettre. Certaines filles ont dû faire une cagnotte et trouver des sponsors pour venir en Irlande. », déplore-t-elle. Elle aimerait donc que le flag football, arrivé en France dans les années 90, se développe suffisamment pour que les joueuses puissent représenter leur pays sans avoir à payer.

La Pionnière connaît donc un joli début de carrière, elle qui voulait à tout prix pratiquer le football américain pour les contacts. C’est une vidéo du Super bowl, sur laquelle elle tombe par hasard alors qu’elle est plus jeune, qui lui donne envie de se mettre à ce sport. À l’époque, elle souhaite essayer mais le club de Montargis (Loiret), où elle réside alors, ne possède pas de section féminine. L’association sportive lui propose une initiation au flag football, ce qu’elle refuse. Quelques années plus tard, en 2017, elle renoue avec son envie de faire du football américain lors de la foire de Tours, dont le thème est Minneapolis. Les Pionniers de Touraine sont présents et proposent différentes animations. « Ils essayaient de montrer une équipe fille et ils nous ont demandé si nous voulions faire un essai. J’ai essayé et je n’ai jamais quitté le club depuis, indique la jeune femme. Au début, nous étions trois le jeudi soir et nous allions jouer avec les gars du flag ensuite. Je faisais les compétitions avec eux, pour qu’ils aient le quota féminin. » À la reprise des entraînements après la période Covid, elle ressent cependant des douleurs dans le bras. Elle doit alors éviter les contacts, ce qui l’oblige à arrêter de pratiquer sa discipline de prédilection.

Aujourd’hui, Lucie Houret se consacre donc pleinement au flag football. Et elle y voit quelques avantages : « Finalement, je préfère presque ce sport maintenant. Nous sommes moins cassés, nous avons moins mal partout et nous n’avons pas l’impression que l’on nous a tapés dessus. C’est agréable quand même ! » Elle s’est déjà fixé quelques objectifs pour les prochains mois, comme remporter la Coupe de France et les tournois auxquels elle s’inscrit avec les Redlips mais aussi obtenir le plus de victoires possible avec les Pionniers de Touraine afin de se qualifier pour les phases finales, qui auront lieu en mai 2024. La kinésithérapeute espère par ailleurs continuer son aventure avec l’équipe de France. Elle souhaite notamment se qualifier pour les championnats du monde en Finlande, du 25 au 30 août 2024, ce qui pourrait leur offrir aussi une place pour les World games de 2025, à Chengdu, en Chine. Des événements qui donneraient, peut-être, un peu de visibilité à la discipline.

Un degré en plus

Mais au fait, c’est quoi le flag football ? Deux équipes de cinq joueurs s’affrontent sur un terrain de 70 yards de long (64 mètres) sur 25 yards de large (22 mètres) pendant deux périodes de vingt minutes chacune. Dans chaque équipe, il y a une équipe d’attaque et une équipe de défense.

En attaque, le quarterback et les receveurs ont quatre tentatives maximum pour aller jusqu’à la moitié de terrain au moins. S’ils y parviennent, ils obtiennent quatre nouvelles tentatives pour marquer un touchdown. « C’est un jeu de gagne terrain, où il faut faire avancer le ballon petit à petit », précise Lucie Houret. Un touchdown rapporte six points. L’équipe d’attaque tente alors une transformation (marquer un nouvel « essai », en une tentative) : elle vaut un point si l’équipe se place à 5 yards de la ligne d’en-but adverse, deux points si elle se place à 10 yards.

En défense, le rusher – celui qui marque le quarterback – et les arrières défensifs doivent empêcher les adversaires d’avancer. Deux solutions s’offrent à eux : attraper le ruban (flag) accroché au niveau de la ceinture de celui qui porte le ballon ou intercepter le ballon.

Photo à la Une : Fédération française de football américain

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