L’idée d’un club de football à l’échelle de la métropole de Tours n’est pas nouvelle. Les déboires du Tours FC ces dix dernières années, ont mené à plusieurs pistes de réflexion en effet de la part des acteurs publics notamment. Une option relancée aujourd’hui, alors que le Tours FC a été rayé de la carte du football français.
Dès le jour de l’annonce de la fin de l’association Tours FC, quelques semaines à peine après la liquidation de la SASP qui gérait l’équipe fanion, le président de Tours Métropole Val de Loire et maire de Joué-lès-Tours, Frédéric Augis déclarait ainsi : « J’appelle de mes vœux la reconstruction d’un grand club car il y a toujours des gens qui aiment le foot en Touraine. Je suis sûr qu’on verra naître un projet à la hauteur des ambitions et des supporters. Il faut que les collectivités soient là pour investir, mais pas que. »
Le même jour, la ville de Tours réagissait également par communiqué, en indiquant vouloir entamer une réflexion qui « pourra s’élargir aux communes voisines et à la Métropole, pour penser collectivement un projet solide et fédérateur. »
Ce n’est pas la première fois que la ville de Tours, celle de Joué et la Métropole appellent à un projet commun sur le territoire. On se souvient notamment de l’idée de créer un club sous forme de société coopérative. Un temps évoqué pour le Tours FC version Jean-Marc Ettori, les élus s’étaient finalement tournés vers l’ancien joueur, aujourd’hui commentateur vedette, Omar da Fonseca, pour mener le projet. Ce dernier aurait alors pris la présidence de la nouvelle structure qui se basait alors sur les droits du club de football de Joué-lès-Tours. Finalement tombé à l’eau, aussitôt qu’annoncé, ce projet n’a jamais vu le jour. Pire, les deux clubs phares le Tours FC et le Joué Football Club Touraine ont depuis déposé le bilan.
Mais par la force populaire que représente le football, par le nombre d’enfants concernés, les élus et acteurs publics, ne peuvent rester indifférents à cette situation. Reste, une question : la voie politique est-elle la bonne pour lancer un nouveau projet d’ampleur ?
On est en droit de se la poser, même si, sans soutien public, il apparaît utopique de voir émerger un projet. Et puis avoir un club majeur reste important, aucun autre sport ne pouvant lutter en terme d’images avec le football. Avoir un club phare c’est ainsi l’espoir de faire rayonner le territoire et attirer pourquoi pas des investisseurs. C’est aussi d’un point de vue plus sportif, avoir une locomotive qui permet d’attirer des jeunes à pratiquer ce sport.
Plusieurs obstacles seront à franchir pour y arriver néanmoins, à commencer par le fait de savoir sur quelles bases repartir.
Repartir avec le FCOT ?
L’idée pourrait être de se baser sur le FCOT (Football Club de l’Ouest Tourangeau), désormais principal club sur le territoire métropolitain avec une équipe première qui évolue en Nationale 3, une équipe 2 en Régionale 1, tout comme l’équipe principale féminine. Une base intéressante donc, qui éviterait alors de devoir se relancer à partir du plus bas de l’échelle avec un tout nouveau club.
Du côté du FCOT, club lui-même issu d’une fusion entre ceux de Ballan Miré et de Savonnières en 2009, on se refuse pour l’heure à tout commentaire. « Le FCOT n’a pas de commentaires à faire sur l’idée d’un club métropolitain » nous a simplement répondu Antoine Fins, le président du club en question. Le club basé à Ballan-Miré joue ainsi la prudence et ne paraît pas déborder d’enthousiasme
Selon nos informations, le maire de la ville, Thierry Chailloux, serait néanmoins dans la boucle des discussions entre élus mais souhaiterait lui aussi des garanties, notamment pour un maintien des activités au sein du stade de La Haye qui accueille aujourd’hui le club local. Se pose également la question des infrastructures jocondiennes, aujourd’hui orphelines, mais dont la commune serait à la base de l’hypothétique club qui logiquement devrait surtout s’ancrer au stade de la Vallée du Cher et ses annexes.
Dans ce type de processus, la crainte des clubs existants de se faire absorber dans la nouvelle structure, en perdant son indépendance, son identité, voire, de devoir sacrifier tout ce qui a été construit jusqu’alors, sont autant de raisons qui fonctionnent comme des freins naturels.
Pourtant un proche du dossier nous évoque l’idée de se baser sur le FCOT pour reconstruire une équipe élite, masculine comme féminine, tout en garantissant les structures existantes dans les communes du territoire, pour permettre aux jeunes de jouer et s’identifier à leurs communes. « Un peu comme ce qui a été fait au basket en 2014 à la création de l’UTBM, le PLLL et le Touraine Basket Club ont continué à exister et à développer la pratique chez les jeunes chacun de leur côté. Et à côté de cela l’Union a permis de redorer le blason du basket tourangeau avec une équipe première performante qui est montée jusqu’en Pro B. »
Mais là encore, même en repartant sur la base du FCOT, il ne suffit pas de clamer vouloir un club d’élite pour en avoir un. Et attention à ne pas brûler les étapes une nouvelle fois également.
Basile Riboud à la rescousse ?
Cependant, Basile Riboud, héritier du groupe Danone, qui s’était porté au chevet de l’association Tours FC ces dernières semaines, serait toujours dans la boucle selon un interlocuteur du dossier, et souhaiterait toujours investir dans le football en Touraine.
Basile Riboud bénéficierait de l’appui notamment de Guillaume Barré, ancien président délégué du Tours FC, qui l’introduirait dans les milieux tourangeaux, notamment économiques. Si Riboud serait prêt en effet à investir lui-même, son objectif serait de s’appuyer sur le tissu local, afin d’éviter l’écueil de l’image de l’arrivée d’un investisseur hors-sol.
Pour l’instant, tout ceci reste au rayon des hypothèses et pour arriver à faire émerger un futur grand club territorial, il faudra également réussir à dépasser les clivages et querelles de clochers nés des histoires passées. Les premiers éléments de réponses devraient tomber dans les prochaines semaines, l’idée pour tous ceux qui poussent à ce projet étant d’aller vite, pour ne pas perdre une saison de plus…
