Signes des Temps #29 : Téléphoner à l’ancienne au Conservatoire Francis Poulenc

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Le pitch : « Signes des Temps » ce sont des images chassées par notre journaliste Laurent Geneix dans les rues, les bâtiments et les chemins de la Touraine ; des traces laissées par l’Homme pour l’Homme, parfois très claires, parfois très floues, violentes, commerciales et/ou drôles, mais toujours signifiantes – que ce soit grâce à des mots, des dessins ou des symboles – et potentiellement visibles par tous.

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Il est parfois des rencontres qui donneraient la larme à l’œil… Ainsi ce pauvre petit téléphone bien au chaud dans sa semi-cabine en forme d’œuf dans laquelle des milliers d’élèves musiciens ont dû se blottir, usant de leurs fesses et/ou de leur sac la peinture du reposoir en bas.

Vu l’espace mural disponible au cœur de cet antre téléphonique ancestral, on imagine qu’il y a eu un jour une de ces grosses cabines à pièces et qu’aujourd’hui ce maigre combiné blanc fait office de «téléphone public» vraisemblablement gratuit et réservé à des cas d’urgence (nous n’avons pas souhaité enquêter afin de préserver le mystère, le journalisme et la poésie étant souvent incompatibles).

On imagine aussi des milliers de «T’es où, là ? – A la cabine du Conservatoire» murmurés à travers les âges, sur fond de bruits de couloirs et de marches descendues (la chose se situe dans un escalier), voire de gammes de différents instruments s’échappant des salles voisines.

Vestige insolite d’une époque où parler à quelqu’un au téléphone – même pour demander à son père ou à sa mère de venir nous chercher -appartenait encore au domaine du miracle qui illuminait les visages, joie technologique primitive sans cesse renouvelée («Ouais c’est génial, ça marche, je t’entends ! Tu m’entends, toi ?»).

Ambiance vieil aéroport tendance «premiers James Bond», hall de gare, bureau de PTT (d’où, si vous êtes né avant 1980, vous avez peut-être le souvenir d’avoir reçu ou donné un coup de fil, assis sur la banquette en skaï d’une cabine en bois ressemblant à s’y méprendre à un confessionnal), cette bizarrerie encore offerte aux élèves du Conservatoire de Tours détonne à une époque où la rue, les parcs, les lieux publics et privés – fermés comme ouverts – sont tous devenus des cabines téléphoniques géantes, dans l’attente que nos téléphones soient greffés à nos corps (avant 2100 fort probablement) afin que nous soyons sûrs de pouvoir toujours être davantage ailleurs qu’ici, de plus en plus souvent, jusqu’à s’effacer définitivement du hic et nunc.

«Je préfère t’avoir au téléphone que passer du temps avec toi, en fait.»

Un degré en plus

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