L’association Osez le féminisme s’est mobilisée pour les fêtes de fin d’année afin de dénoncer les « jouets sexistes ». Petit éclairage en images sur cette campagne de sensibilisation au féminin : « Marre du Rose ! ».
« Papa Noël est passé,
Pirouette, cacahuète,
Papa Noël est passé,
Kevin a eu une grosse voiture,
Et Manon une belle poupée,
Mais tous on en a assez,
Pirouette, cacahuète,
Mais tous on en a assez,
Que not’sexe détermine nos jouets,
Que not’ sexe détermine nos jouets, »
Passage de La Fée Ministe sur un air de Pirouette cacahuète
Les militantes de l’association Osez le féminisme entonnent l’air de cette comptine tout en détournant ses paroles. Pancartes et tracts à la main, elles se tiennent fièrement debout face aux vitrines des grandes enseignes.
Marie-Christine, secrétaire de l’association, veut en finir avec les « jouets sexistes » : « Les filles sont constamment renvoyées à la sphère domestique et à l’apparence. Toujours en rose pour bien marquer une différence avec les garçons ». Elle se dit même préoccupée : « Depuis une dizaine d’années, nous sommes sans arrêt poussés à la consommation ce qui se traduit par des stratégies marketing : le rose aux filles et le bleu aux garçons. Cela n’existait pas dans ma jeunesse ».
Devant La Grande Récré, Place Jean Jaurès, Christophe Soulat est excédé. Pour le directeur du magasin de jouets, ces militantes ignorent volontairement une nouvelle gamme de jeux à destination de tous les enfants : « Mon magasin reflète une évolution engagée » affirme-t-il. Preuve à l’appui, il nous invite à découvrir son rayon mixte.
Pourtant, en sillonnant les allées du magasin, force est de constater que les stéréotypes ont la vie dure. La grande majorité des produits enferme les enfants dans des rôles que l’on pourrait croire d’un autre âge. Au rayon des filles, maquillage, dinette, chaussures à talons, produits ménagers et l’inévitable Barbie, s’étalent sur des dizaines de mètres. Jeux de construction, super-héros, expériences scientifiques ou jeux de guerre s’affichent en bleu dans les rayons des garçons. Cette segmentation genrée crée deux univers asymétriques et opposés donnant corps à la sempiternel « complémentarité des sexes ». Aux garçons, la sphère publique, la domination et le pouvoir; aux filles, l’entretien de la maison, la douceur et la maternité.
Une petite fille peut-elle sortir toute seule des clichés véhiculés par les catalogues de jouets ou les dessins animés ? L’enjeu est par conséquent da taille car la construction sociale des genres se réalise dès le plus jeune âge.
L’industrie du jouet est l’un des rouages de l’intériorisation des inégalités hommes/femmes et cela se manifeste à l’âge adulte dans le monde professionnel ainsi que dans l’intimité. Pour des parents bien informés, varier les jouets, semble donc être le prix de la liberté.
Mickael ACHARD