Le tramway : un enjeu des municipales

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Alors que la question d’extension du réseau de tramway dans l’agglomération tourangelle avait été tranchée fin 2018 au sein de Tours Métropole, à l’approche des municipales, le sujet revient sur le devant de la scène, avec parfois une remise en cause des choix opérés…

Souvenez-vous, fin 2018, Tours Métropole tranchait : Après la mise en service en 2013 de la première ligne de tramway et suite au succès de celle-ci, les élus métropolitains actaient la prolongation du réseau via un axe Chambray-La Riche et un passage par le boulevard Béranger à Tours. Pour aller plus loin encore et envisager la suite, les élus décidaient de lancer des études vers des tronçons supplémentaires en direction de Saint-Pierre-des-Corps et Saint-Cyr-sur-Loire. Dès lors, Philippe Briand, le président de Tours Métropole expliquait qu’il ne fallait plus parler de deuxième ligne mais de 4 tronçons, avec pour objectif in fine de pouvoir démarrer d’un côté ou de l’autre en fonction des complications éventuelles et des financements possibles.

Si ce choix de lancer plusieurs études en même temps (avec néanmoins une priorité pour l’axe Chambray-La Riche) est pris, c’est parce que les élus de Tours Métropole savent qu’un tel projet peut s’avérer compliqué à entrer en phase opérationnelle. On pense alors notamment aux recours possibles au niveau du tracé du boulevard Béranger qui avait cristallisé les débats les plus âpres, ses opposants craignant notamment l’abattage des arbres du mail pour faire place aux voies.

La polémique sur Béranger ressurgit à l’approche des Municipales

A l’approche des élections municipales, c’est d’ailleurs cette question qui ressurgit. Par la voix d’un opposant historique à ce tracé, Richard Moreau qui a révélé début janvier, une étude d’impact commandée par Tours Métropole en 2018 se révélant potentiellement inquiétante. Cette étude évoque en effet sans ambiguïté un risque de mise en danger des platanes si les rails sont construits trop près des troncs. Elle préconise aussi des solutions pour éviter d’abattre massivement les arbres : en construisant les voies à une distance de 3 à 4 m des troncs.

Relire notre article sur Info Tours : Non, le 2e tram de Tours n’entraînera pas la disparition du marché aux fleurs

 

Suffisant néanmoins pour relancer le débat en ces temps électoraux. Ainsi la liste de gauche radicale « C’est au Tour(s) du Peuple, en a fait un sujet premier de sa campagne, engageant même des actions contre ce qu’elle appelle « le traminator ». Pour la liste conduite par Claude Bourdin, le tramway c’est même « niet », préférant relancer des études pour des bus à hydrogène, et ce même si la Métropole a déjà engagé des financements (3 millions d’euros prévus en 2020 pour les études)

Claude Bourdin n’est pas le seul candidat à remettre en cause le choix acté en Conseil Métropolitain. A droite, Xavier Dateu qui a toujours milité pour un passage par le boulevard Royer a ainsi déjà annoncé qu’il remettrait à plat le dossier s’il était élu. Du côté de Benoist Pierre, candidat LREM, ce dernier se montre plutôt tiède sur la question et entend prendre toutes les précautions…

La question des financements

Une polémique sur le boulevard Béranger qui vient s’ajouter à la question du financement également. Ce que l’on sait à l’heure actuelle c’est que Tours Métropole a chiffré la deuxième ligne, Chambray- La Riche à hauteur de 330 millions d’euros. Un montant qui monte à 430 millions d’euros en intégrant tous les coûts liés aux études et travaux (acquisitions foncières, ouvrages d’art, infrastructures, espaces publics, stations, équipements urbains, bâtiments, systèmes, adaptations du centre de maintenance du tramway, matériel roulant, parkings, couloirs…)

Une somme assurément, si bien que certains doutent de la capacité de Tours Métropole a pouvoir faire face à un tel investissement, d’autant que le financement de la première ligne n’est toujours pas digéré. Pour Philippe Briand en revanche, cela peut se faire et ce dernier a répété à plusieurs reprises que la Métropole fera les choses au fur et à mesure en profitant des financements externes qui s’ouvriront (fonds européens et aides de l’Etat notamment). Pour le président de Tours Métropole, il s’agit ainsi d’être prêts quand le moment permettra de lancer les travaux. Une stratégie qui s’entend mais qui peut néanmoins être remise en cause lors du nouveau mandat qui s’ouvre en mars prochain, selon qui sera élu.

En 2020 : le tramway un mode de transport has-been ? Pas pour tout le monde.

Dans le débat actuel, de plus en plus de voix s’élèvent en effet pour se demander si le tramway est encore une solution d’avenir. Parmi les arguments régulièrement cités il y a son impact « en dur » dans la ville, son coût on l’a vu, mais aussi sa technologie jugée parfois comme « passée » face à d’autres solutions moins coûteuses (bus à haut niveau de service) ou d’avenir (bus à hydrogène), bien que ces dernières soient moins au point (hydrogène) ou moins performantes aujourd’hui en termes de capacités (bus).

A l’inverse, le tramway a encore la côte chez certains. Du côté de Saint-Pierre-des-Corps ou encore de La Riche, le tramway est ainsi plutôt vu comme une bénédiction. A l’approche des élections municipales, le collectif citoyen pour un tramway à l’est fait même de nouveau parler de lui, avec l’idée d’interpeller les candidats aux municipales à Saint-Pierre-des-Corps. En prenant exemple sur la première ligne, les militants du collectif, avancent un projet de tramway qui dépasse (contrairement aux bus), la simple question de déplacements, en évoquant un projet qui constitue un « élément structurant », permettant de faire baisser la pression automobile, réduire la pollution atmosphérique mais aussi repenser la ville, son schéma de déplacement et son urbanisme.  Ils le voient même comme un facteur de réduction des inégalités territoriales, non seulement par la desserte du quartier prioritaire de la Rabaterie, mais aussi parce que les liaisons est-ouest dans la métropole sont aujourd’hui compliquées en raison de la présence de l’A10 qui constitue une véritable frontière physique et symbolique.

Lire notre article sur Info Tours à ce sujet

A La Riche, la nouvelle de l’arrivée future du tramway dans la ville, avait été bien accueillie en 2018 également. A l’issue d’un travail de fond des élus de la commune, ces derniers avaient réussi à convaincre la Métropole de prolonger le trajet initial qui devait s’arrêter initialement à Bretonneau. Le maire, Wilfried Schwartz y avait même vu une victoire personnelle, lui qui s’était investi dans ce projet. Ce dernier y voyait l’occasion de repenser l’urbanisme et de donner un nouvel élan à sa ville, renforçant son attractivité. Oui mais là encore, comme tout projet structurant, il y a le revers de la médaille, celui de l’impact sur l’existant. A La Riche, c’est notamment le cas rue de la Mairie où une cinquantaine de logements pourraient être touchés par le passage du tramway, avec à la clé des expropriations. Si le maire de la ville et la Métropole se sont engagés à proposer des solutions aux habitants concernés, cet épisode renforce l’inquiétude sur ce type de grands projets pour les individus concernés.

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