Après de longues années de tergiversations et de débats, la ville de Tours a enfin présenté le devenir du haut de la Tranchée avec une école rénovée, plus d’espaces verts, une Maison de la Démocratie Permanente dans l’ancienne mairie et un restaurant avec toit terrasse. Un plan validé par un large collectif citoyen et surtout un projet symptomatique de la méthode que la municipalité de gauche écologiste veut appliquer sur tous ses grands projets urbains.
Quand Christophe Bouchet était maire de Tours, l’élu centriste envisageait la construction de logements derrière l’ancienne mairie désaffectée de Saint-Symphorien à Tours-Nord. Ce chantier dealé avec un promoteur immobilier aurait permis à la ville de financer de gros travaux de rénovation de l’école Victor Hugo qui est vieillissante. Il était aussi question d’un parking à étages. Mais quand l’écologiste Emmanuel Denis a pris le pouvoir à l’Hôtel de Ville il a tout annulé pour relancer le projet à zéro.
Sa méthode : dès avril 2021, lancer un processus de concertation citoyenne pour tenter d’élaborer un plan qui ferait « consensus ». 110 personnes de 14 à 80 ans ont travaillé pendant quasiment deux ans et demi. « On voulait faire un projet exemplaire, redonner un espace végétal, un espace de vie » rappelle Emmanuel Denis alors que la zone est aujourd’hui fort triste, malgré les colonnes de Buren et quelques œuvres d’art subsistant d’un projet artistique.
Pour changer de décor et répondre aux exigences politiques (pas de logements, plus d’écologie…), il y a donc eu multiplication des ateliers, des visites de terrain, des rencontres… « Ce n’est pas un projet Ville de Tours, c’est un projet écoconstruit » insiste-t-on devant la presse.
Au final, le groupe a élaboré deux scénarios qui ont été mixés pour établir le plan définitif. « Le but c’est de recréer une connexion entre le haut de la Tranchée et le reste de la ville » explique l’adjoint de quartier Bertrand Renaud qui s’occupe de Tours-Nord. L’élu veut « remettre de la vie dans un quartier qui en a besoin » et pourquoi pas inciter des gens de Tours-Centre à traverser la Loire sans avoir l’impression que c’est une corvée (on sait qu’à Tours, les préjugés ont la vie dure). L’adjointe à l’urbanisme Cathy Savourey parle sans détour de « lieu de destination » pour la population du quartier comme du reste de la ville.
Si la longueur angoissante des délais administratifs va obliger la municipalité à attendre 2030 pour voir son objectif atteint, des changements vont arriver rapidement. En premier lieu pour rendre le haut de la Tranchée moins minéral, et moins bouillant en été. Le parvis situé devant l’ancienne mairie désaffectée de St Symphorien sera végétalisé. Et dans le futur, une piste cyclable fera tout le tour de la place. Les premières opérations débuteront en 2024. En parallèle, un jardin public sera ouvert et aménagé au nord de l’ilot. Des jeux pour enfants y seront implantés.
Pour l’école Victor Hugo, elle sera d’abord partiellement réaménagée via de petits travaux en 2024-2025 avant une rénovation complète sur la période 2028-2030. Elle sera alors rendue conforme aux derniers standards en matière d’isolation et d’économies d’énergie avec une grande court végétalisée. Un chantier qui devrait durer deux ans sur la période 2028-2030 et qui obligera les enfants à faire cours ailleurs durant l’intervention des entreprises. A terme, l’entrée changera de place rapport à aujourd’hui. Elle se situera côté sud avec un accès direct depuis le parvis de la Tranchée.
L’ancienne mairie de St Symphorien conservera sa façade historique mais le reste sera détruit et réhabilité pour devenir une Maison de la Démocratie Permanente. Pas une Maison des Associations comme au Sanitas mais plutôt un lieu de vie avec des ateliers, des conférences, des activités… Un café associatif est prévu. Le public pourra accéder au toit aux heures d’ouverture et ainsi profiter gratuitement d’une vue sur la Loire et la ville. Au rez-de-chaussée, un café associatif doit voir le jour. A côté, dans un immeuble à deux ou trois étages, il devrait y avoir des commerces de proximité et un restaurant avec une terrasse en rooftop ayant vue sur la ville. « Ce sera sans doute une brasserie » commentent les élus mais il est trop tôt pour l’affirmer car l’ouverture ce sera pour 2030.
Au nord de l’école, la mairie prévoit une salle de sport et d’activités accessible aux associations du quartier et à l’école. Une ancienne grange sera transformée pour accueillir deux ateliers d’artistes et des locaux d’exposition. On pourra traverser le bâtiment sous un porche pour accéder au petit parc depuis l’Avenue Maginot.
Le chantier total est chiffré à 10 millions d’€, 3 à 4 millions pour l’école, autant pour les autres équipements dont la mairie et le reste pour aménager les espaces publics. L’investissement sera porté par la commune qui espère obtenir des subventions pour faire diminuer la facture. Quant au parking relais situé à proximité, il sera maintenu et peut-être agrandi dans le futur si nécessaire. Mais aucune date n’est avancée pour l’instant.
Un point important : contrairement à ce qu’imaginait Christophe Bouchet sous sa mandature, ce projet ne comporte donc aucun logement. Une volonté de la municipalité. Surtout, il est symptomatique de ce que l’équipe d’Emmanuel Denis a comme vision de la ville. Pas de grandiloquence, pas d’architecture massue, la vie du quotidien avant tout, la réhabilitation plutôt que le neuf. Si l’on met de côté le projet du quartier des Casernes, c’est le premier chantier urbanistique que la municipalité gauche-écolo mène de A à Z.
Emmanuel Denis est très clair : il compte poursuivre sur cette lancée. A en faire un argument politique. Son équipe le sait, et Bertrand Renaud l’assume même sans langue de bois : une partie de la réalisation de ce chantier dépendra d’une reconduction du mouvement politique au pouvoir aux Municipales de 2026. Ainsi, une bonne part de la crédibilité de la municipalité dépend des travaux préparatoires et du retour d’expérience de la méthode sur ce haut de la Tranchée. Un test d’efficacité et de popularité grandeur nature.
