Au CHU, une cellule psychologique exceptionnelle pour la crise du coronavirus

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On l’appelle la CUMP37, la Cellule Médico-Psychologique du CHU de Tours. Rattachée au SAMU, elle intervient « uniquement pour une situation exceptionnelle », pour accompagner les proches de victimes. On l’avait vue à l’œuvre après le crash d’un Alphajet de l’armée de l’air à Vouvray, le foudroiement d’un centre de vacances à Descartes ou, plus récemment, après la mort d’un jeune apprenti d’un restaurant de la Place Jean Jaurès à Tours. Ses volontaires ont également été appelés en renfort après l’ouragan Irma aux Antilles ou l’attentat de Nice et participent régulièrement à des exercices d’entraînement des services de l’Etat. Pendant l’épidémie de Covid-19, ils se relaient pour soutenir les soignants et les familles de victimes.

La CUMP37 compte une soixantaine de volontaires et un référent : le Dr Antoine Bray. Pour la crise du coronavirus, elle a ouvert deux standards : un pour l’ensemble des professionnels de santé du département (CHU, EHPAD, médecins et infirmières en libéral…) et un pour les familles et les proches des personnes décédées. « On s’est mis en pré-alerte dès le soir du premier discours d’Emmanuel Macron et nous avons activé la cellule le 23 mars. Par téléphone en visio mais aussi par mail. Il est également possible de recevoir certaines personnes en face à face » explique Antoine Bray. L’enjeu, comme à chaque intervention : prévenir le développement de syndromes post-traumatiques qui peuvent durablement affecter la santé des personnes concernées. « On a démontré que l’intervention rapide réduisait les risques. »

Pour les personnes endeuillées, c’est une équipe de 7 psychologues et 1 psychiatre qui est à leur disposition. Après chaque décès, une lettre est remise aux familles avec le contact de la CUMP37, elles peuvent donc entrer en relation avec elle au moment de leur choix. Un dispositif totalement adapté à cette situation inédite : « Pour nous le téléphone c’est nouveau, d’habitude nous travaillons sur place » explique le référent. Les demandes n’affluent pas, mais les troubles sont réels et les sollicitations pourraient arriver plus tard, une fois les démarches administratives réglées :

« Le contexte est très particulier à cause des directives nationales qui empêchent de voir la dépouille. La mise en bière est immédiate ce qui est compliqué dans certaines cultures où cette étape est indispensable dans le processus de deuil. Il est également impossible de rassembler tous les proches pour les funérailles donc cela perturbe les familles. »

« Parler de ses difficultés ne signifie pas qu’on est un mauvais soignant »

Si un suivi prolongé s’avère nécessaire, la CUMP37 peut orienter les personnes qui appellent vers le centre régional psycho-traumatique basé à Tours. Elle réfléchit par ailleurs à proposer un accompagnement aux proches des patients en réanimation qui ne peuvent pas rendre visite aux malades, ce qui est également générateur d’anxiété.

Concernant les soignants, là-encore, la CUMP n’est pas débordée d’appels mais se tient prête. « Nous n’avons pas pris le tsunami de cas que l’on redoutait tant. Le CHU et la région ont pu anticiper et préparer les choses sans subir de situation de débordement complet et de chaos. Les équipes ont peut-être mieux tenu le choc d’autant qu’elles ont été renforcées » suggère le Dr Antoine Bray. Il poursuit :

« L’autre possibilité tient à la culture des soignants qui ne se plaignent pas. Ils sont conditionnés comme ça. Alors nous passons dans les services pour expliquer notre travail, décrire les symptômes de stress post-traumatique (troubles de l’alimentation, anxiété plus présente, peur d’être contaminé par un patient ou de contaminer ses proches…). Une fois qu’on l’a fait, certains se rendent compte qu’ils ne vont pas bien. »

Le référent de la CUMP37 imagine donc que la sollicitation des équipes de l’hôpital risque d’augmenter dans les semaines à venir, en fonction de l’évolution de la maladie, et peut-être de l’arrivée d’une deuxième vague. Il encourage à parler à la moindre alerte : « Tout le monde peut développer ce type de signes. Ça ne veut pas dire que l’on est un mauvais soignant. »


Un degré en plus :

La CUMP37 est joignable du lundi au vendredi de 9h à 18h pour tous les soignants d’Indre-et-Loire au 02 47 47 77 00. 02 47 47 75 00 du lundi au vendredi de 9h à 13h et de 14h à 18h pour les familles et aux proches de personnes décédées.

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