Tours : le conseil municipal n’a pas « P.L.U. » à l’opposition

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Le conseil municipal s’est réuni hier. L’opposition siège à nouveau, laissant derrière elle la disparition tragique de l’ancien maire, Jean Germain. La vie démocratique reprend ses droits et avec elle, le débat entre majorité et opposition. C’est entre P.L.U. et contestations sur fond de social que s’est tenu un conseil animé.

Rayonnement de la ville, attractivité et bien vivre dans la proximité

Le conseil municipal commence après une brève présentation d’Yves Massot, adjoint au maire, sur une volonté de la municipalité de s’engager dans un « système de management de l’énergie ». Le Plan Local d’Urbanisme s’est invité à ce conseil du 27 mai visant à présenter le projet urbain de la ville version « Babary ». Le maire présente la feuille de route. Il appelle de ses vœux « un développement urbain maitrisé et respectueux de l’environnement ». Ce plan, issu d’un comité stratégique ad hoc, doit prévoir des constructions qui s’inscrivent dans le contexte architectural et urbain tourangeau peut-on lire sur la présentation faite sur les écrans de la salle du conseil. Cette volonté affichée fait écho aux importantes critiques du maire vis-à-vis de certains projets menant à une trop importante densification comme le quartier de Monconseil. Parmi les grands projets, le quartier des casernes Beaumont-Chauveau, le site Sainte-Marguerite avenue de Grammont, le quartier Gare-Sanitas (retenu dans le cadre de l’ANRU) et les hauts de Sainte-Radegonde. Ces projets trouvent leur expression autour de trois axes :

  • Faire rayonner la ville (Loire Valley, les filières numériques, accueillir un événement de dimension internationale),
  • Accroitre l’attractivité (dédier des espaces aux créateurs d’activités, permettre le rayonnement des commerces du centre-ville)
  • Améliorer le bien vivre dans la proximité (mieux composer avec les formes urbaines existantes, retrouver des quartiers vivants et bienveillants).

La mise en oeuvre de ces ambitions ne sera possible que dans le cadre d’une révision du Plan Local d’Urbanisme (PLU) et la signature d’une charte de qualité urbaine avec l’ensemble des partenaires (promoteurs, aménageurs, bailleurs et architectes). La mairie s’est donnée deux ans et demi pour adopter les nouvelles dispositions du PLU. Après une longue présentation de Mme Amiot, adjointe aux Finances et à l’Urbanisme, la parole circule dans les rangs de l’opposition. « Cela va maintenir la ville à l’arrêt » dénonce Monique Maupuis, élue PS. Cette dernière a peur que ce nouveau plan arrête les investissements et donc les emplois et constructions prometteuses d’emplois. Elle accuse « le conservatisme et sa capacité à faire fuir les promoteurs qui iront investir dans d’autres villes ». Cécile Jonathan prend la parole à son tour : « Sur le site Sainte-Marguerite, j’espère que vous n’avez pas renoncé au projet pour éviter que cela fasse de l’ombre au jardin de l’un de vos proches adjoints ! ». Le public réagit et hue l’ancienne adjointe de Jean Germain. Le maire répond et pointe du doigt la bassesse des mots employés et dément cette accusation. « Cela fait un an que vous avez gelé les projets, monsieur le maire », l’ex-modem Pierre Commandeur accuse. Pour Mme O’connell, élu FN « certains points nous posent problème. On ne mène pas une ville par une course aux subventions ». Emmanuel Denis, élu EELV, revient quant à lui sur la méthode. « Je m’interroge sur vos modalités de la concertation » indique-t-il en regardant le maire. « Pourquoi ne pas lancer des procédures de démocratie participative.  On est parti pour un moment long alors pourquoi ne pas profiter d’une concertation comme co-construction du projet ? ».

« Il y a aujourd’hui une majorité et une opposition. Nous mènerons nos projets. J’ai la prétention d’être devant la ville d’Orléans ! »

Le maire répond aux attaques : « On doit marquer fortement nos engagements et objectifs, ce qui explique la révision du PLU. Ce choix est délibéré avec ceux qui décident autour de cette enceinte. Mme Maupuis arrêtez de faire peur dans vos propos. J’en ai assez de cette désignation à la vindicte populaire ! ». Le public applaudit. L’élue PS reste silencieuse. « Oui, Mme Jonathan j’assume. Boulanger demeure maître chez lui ! ». Le maire est agacé. C’est aussi ça l’exercice du pouvoir municipal : Bonne et mauvaise foi se croisent dans les deux camps afin de prendre à parti les citoyens. « Il faut être cohérent entre ce l’on entend et ce que l’on peut faire. Je m’en tiens aux situations ». Pragmatique le maire ? « Il y a aujourd’hui une majorité et une opposition. Nous mènerons nos projets. J’ai la prétention d’être devant la ville d’Orléans ! ». Jean-Patrick Gille est absent pour cause de session parlementaire. Il « tweet » malgré son absence et « regrette une révision revancharde du PLU synonyme de retour en arrière et de perte d’attractivité de la ville ». Il fera son apparition à 20h45.

« Ma réponse est non ! »

Il est question de la Compagnie José-Manuel Cano Lopez. L’opposition demande au maire de Tours de revenir sur sa décision de baisses de subventions à la compagnie de théâtre. « Ma réponse est non ! Je sais que vous adorez cette situation mais le château du Plessis ne peut plus se visiter. Ma position est claire car nous sommes les seuls à financer Monsieur Cano Lopez ! Les Tourangeaux apprécieront… ». Les débats s’animent. Emmanuel Denis et Pierre Texier s’essayent à l’exercice accusatoire envers les choix du maire. Serge Babary sort de ses gonds. « Monsieur Denis, vous vous servez à chaque fois d’un débat sur une délibération pour aller sur autre chose ! ». Le micro est coupé. La discussion continue.

Les bancs du public sont désormais clairsemés. L’épineux dossier sur la fin de la gratuité des cantines scolaires et l’éviction du centre Léo Lagrange sont évoqués. Les adjoints et les conseillers délégués prennent la parole et rétablissent, dans un contexte loin des rumeurs, une certaine objectivité municipale. Le conseil municipal s’enfonce lentement vers des délibérations techniques nécessaires pour l’avancée des dossiers.

Aujourd’hui au conseil municipal, la majorité a teinté de sa couleur et marqué de ses idées la politique qu’elle mènera pour les prochaines années. De son côté l’opposition se cherche encore groggy et sonnée de sa défaite, il y a quatorze mois. Mais il manque au deux camps une vertu propre à l’exercice du pouvoir : l’ambition pour une majorité qui a à développer ses projets, à venir dans une perspective qui va bien au delà de l’année 2020 et l’ambition pour l’opposition à s’inscrire comme une opposition crédible qui ne peut revenir sur les dix-neuf ans passés où elle a été aux affaires.

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