Le maire de Tours tente de reprendre la main sur la sécurité

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Depuis son élection à la mairie de Tours en juillet 2020, Emmanuel Denis a souvent été chahuté sur les questions sécuritaires dont les problèmes de trafic de drogue dans le quartier de la Rotonde, les rodéos urbains ou les troubles liées à la présence de campements illégaux de gens du voyage. 3 mois après un embrasement de plusieurs quartiers de la ville lors des émeutes liées à la mort du jeune Nahel, tué par la balle d’un policier en région parisienne, l’élu a pris un long moment pour développer sa vision en ouverture du dernier conseil municipal.

Emmanuel Denis qui parle de sécurité pendant dix minutes on n’a pas l’habitude. C’est pourtant le sujet qui a occupé le début du conseil municipal de Tours ce lundi 2 octobre, le premier après la trève estivale. Si l’écologiste a fait ce discours, c’est qu’il se savait attendu sur la question après l’onde de choc déclenchée par les émeutes du début de l’été puis la polémique sur la multiplication des barbecues improvisés au pied des immeubles (en grande majorité dans le quartier du Sanitas).

Fait rare, le maire de Tours a également signé une tribune dans le journal « Le Monde » afin d’interpeller l’Etat pour un renforcement de la politique de lutte contre les trafics de drogue. Ce texte réclame davantage de moyens pour la justice afin d’agir localement, une réelle politique de prévention pour faire chuter la demande ou une réelle traque des trafiquants par les forces de l’ordre… et la signature d’Emmanuel Denis y cotoie celle de son collègue de Joué-lès-Tours Frédéric Augis, en dépit de leur éloignement politique (EELV pour l’un, à droite pour l’autre).

« Notre volonté est de travailler sérieusement avec les services de l’Etat pour que la spirale infernale puisse être inversée » a lancé l’élu, suggérant par exemple de faire appel à des moyens européens pour pousser des projets ou participer à des expérimentations. Il s’est aussi dit prêt à relancer les institutions si les réponses tardaient à venir « parce qu’il faut que les choses changent ».

« Votre discours est assez éloigné de ce qu’on entend sur le terrain » lui a répondu Benoist Pierre du groupe Les Démocrates (proche de la majorité présidentielle d’Emmanuel Macron). Selon lui, Emmanuel Denis refuse de traiter les alertes venant des habitants, « et quand vous vous décidez à les écouter soit vous restez assis bien au chaud avec vos certitudes comme appui-tête, soit vous prenez de mauvaise options. »

Benoist Pierre a pris pour exemple le sujet des nombreux barbecues organisés en pleine rue lors des beaux jours cet été listant les problèmes qu’ils avaient causé : nuisances sonores « jusqu’au petit matin », vente illégale d’alcool, service de nourriture avariés et points de deal de drogue (y compris de crack). « Ce ne sont plus des dérives, ce sont des scandales » a tonné l’élu d’opposition rappelant qu’une pétition avait recueilli plus de 750 signatures de familles tourangelles et évoquant des riverains excédés dont un descendu de chez lui avec une carabine mais aussi une fusillade le 8 juillet (non avérée selon les service de police, car pas de douille retrouvée, pas de blessé, ni de plainte).

S’il a accusé Benoist Pierre de « mensonges » sur plusieurs points, Emmanuel Denis n’a pas nié les difficultés et concède un certain retard à l’allumage sur les barbecues : « On a peut-être fait un travail un peu tardif mais il a été détéerminant. Là on sort de cette problématique, même si tout n’est pas résolu. » Il évoque la convention signée avec l’Union des Africains de Tours qui autorisait les soirées sur la friche du Hallebardier, donc plus loin des immeubles au lieu d’un déroulement au pied des tours dans le Jardin Meffre. Un procédé amené à se reproduire voire à s’amplifier à partir de l’année prochaine.

Adjoint à la tranquillité publique, Philippe Geiger complète le propos :

« L’idée est que les règles d’hygiène soient respectées, qu’il n’y ait pas de vente d’alcool fort et que ces événements soient en règle avec l’Etat. »

Selon l’élu, ces conditions ont été globalement respectées à partir de mi-août au Hallebardier. Néanmoins, il concède encore quelques abus mais les juge marginaux. Pour l’avenir, son idée serait de multiplier les conventions en déterminant des lieux pouvant accueillir ces soirées, au Sanitas mais aussi dans d’autres quartiers touchés par le phénomène comme les Fontaines. Des événements qu’il souhaite ouverts à toutes les populations, « L’avantage des conventions c’est qu’on peut les stopper à tout moment » souligne-t-il, en guise d’avertissement aux organisateurs qui dépasseraient les limites. « Il ne faut pas interdire les barbecues, juste les canaliser » insiste Philippe Geiger.

Pour cadrer les choses, une réunion doit se tenir la semaine du 9 octobre. La ville de Tours dit également travailler de concert avec la préfecture sur ce sujet (deux contrôles de la répression des fraudes ont eu lieu pendant l’été avec des saisies de marchandise illégale). Une collaboration qui se fait aussi sur le sujet des trafics de drogue, s’inquiétant par exemple de troubles dans des quartiers jusqu’ici épargnés par le phénomène comme Beaujardin. Le 17 octobre, des assises des quartiers prioritaires se tiendront ainsi au Palais des Sports afin de faire le point sur les politiques à mener notamment « plus de police de proximité » selon le souhait d’Emmanuel Denis.

En face, Benoist Pierre a déploré que les élus parlent plus de la rénovation du Sanitas qui va s’étendre sur les prochaines années plutôt que d’agir pour les soucis du quotidien. A la ville, on répond avec des mesures comme l’acquisition récente de deux motos pour permettre à la police municipale de mener plus facilement des contrôles routiers, ou l’augmentation des salaires des policiers municipaux pour tenter de limiter les difficultés de recrutement.

Jusqu’ici discrète sur la question, la municipalité semble donc changer un peu de braquet face au flot de critiques. Mais les doléances restent nombreuses et les débats vite inflammables dans un contexte où les chiffres de la délinquance tendent plutôt à augmenter.

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