Le député tourangeau Jean-Patrick Gille est passé maître dans la manière d’animer les réseaux sociaux. Depuis longtemps, l’élu a compris l’impact que pouvait avoir le Web 2.0. Dès le milieu des années 2000, Jean-Patrick Gille avait ouvert un blog pour y présenter ses analyses et opinions politiques, les réseaux sociaux en furent une suite logique et l’ancien conseiller municipal de Tours a vite compris le poids que pouvaient avoir Twitter ou Facebook dans la communication des élus. Dernier exemple en date, son message envoyé sur les deux réseaux samedi dernier.
Alors que la plupart des élus en sont aux messages de voeux, le député socialiste de Tours s’est fendu d’un message plus politique :
Derrière ce message et le petit côté provoc’ qu’il dégage, on comprend que Jean-Patrick Gille compte également porter un véritable message politique, avec en ligne de mire l’élection présidentielle de 2017 : « Je pense qu’il faut rassembler toute la gauche en vue de 2017 et que cela doit se faire par le biais de Primaires ouvertes » explique le député. « J’ai l’impression que l’exécutif s’est enfermé, or il faut organiser un débat pour savoir quel candidat doit être porté par la gauche. Ce débat doit se faire rapidement et je pense que cela doit passer par des Primaires, c’est le seul moyen de ne pas partir avec une gauche divisée et donc prendre le risque d’un duel droite contre extrême-droite au second tour. Cela ne veut pas dire que François Hollande ne peut pas se présenter » ajoute celui qui a toujours été vu comme un électron libre à l’Assemblée Nationale, tantôt côté de l’exécutif, tantôt s’abstenant comme lors du plan d’économie de 2014.
La déchéance de nationalité comme ligne de rupture
Ni frondeur, ni légitimiste, Jean-Patrick Gille se dit surtout marqué par la campagne des Régionales : « Cela a renforcé certaines de mes positions. On s’est fait bousculer sur les marchés et cela m’a clairement convaincu du décrochage qu’il y a entre la population et l’exécutif. Cela concernait alors l’économie et le social, mais là on en vient aux valeurs même de la gauche ». Des valeurs actuellement au centre de tous les débats suite à la proposition d’entrer dans la Constitution la déchéance de la nationalité pour les terroristes binationaux nés sur le sol français (jusqu’à présent celle-ci peut s’appliquer aux naturalisés)
Un débat qui a agité et qui continue d’agiter la gauche française, entre opposants et partisans de la proposition de l’exécutif. Pour le député qui se dit « pas forcément opposé à la déchéance de nationalité », c’est surtout l’idée d’entrer cette mesure dans la Constitution qui pose problème : « L’Etat d’urgence et la déchéance de nationalité sont déjà dans la loi, cela ne sert à rien de les inscrire dans la Constitution à part affaiblir l’Etat de droit » explique-t-il avant de poursuivre : « Je crois qu’il ne faut pas opérer de changement dans la Constitution, qui est la matrice de notre République, à chaud sous le coup de l’émotion ». En rupture avec l’exécutif sur plusieurs points, le député tourangeau évoque « un cadeau à l’extrême-droite » et l’ouverture d’une boîte de Pandore : « En inscrivant ceci dans la Constitution, cela revient à dire qu’il y a des bons Français et les autres et ça ce n’est pas notre culture. Notre culture au contraire c’est pour reprendre un exemple parlant, d’être naturalisé à 18 ans et de pouvoir devenir Premier Ministre à 51 ». Suivez son regard…
En Indre-et-Loire, le député tourangeau n’est pas le seul de cet avis. Pour n’en citer que quelques-uns Laurent Baumel, Vincent Tison, Mohamed Moulay, Nadia Hamoudi ou encore Francis Gérard, le premier secrétaire départemental du PS se sont clairement opposés à cette mesure également.