Un beau samedi musical à Terres du Son #tds2017

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Alors qu’est-ce qu’on a vu de beau ce samedi sur le festival Terres du Son ?

Bachar Mar Khalifé, entre deux eaux.

Après l’avoir découvert en 2016 au festival Superflux et au Printemps de Bourges dans des configurations acoustiques et des ambiances intimistes collant parfaitement à ses compositions fines et gracieuses, nous nous demandions bien ce que ça pourrait donner sur une grande scène de festival en plein air en plein après-midi (16h30).

Le Libanais aurait pu parier sur l’intimité ou carrément sur un set puissant de bout en bout. Il a perpétuellement oscillé entre les deux, déstabilisant un peu ses «habitués», mais séduisant pas mal de festivaliers qui le découvraient. Hypnotiques, finissant parfois dans un déluge sonore, certains morceaux, portés par la voix ensorcelante de la chanteuse qui l’accompagne sur cette tournée, ont en effet brouillé un peu les pistes et contrasté avec quelques passages très doux et subtiles qui demeurent la pierre angulaire de son univers fascinant. Un set complet en piano solo sous le soleil de Candé aurait vraiment fait l’affaire et aurait sans doute valorisé davantage les talents de compositeur uniques de Bachar Mar Khalifé.

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Camille, terrienne sonique

Là encore, pas facile d’imaginer l’intimité du nouveau spectacle de Camille vu dans l’Auditorium de Bourges il y a quelques semaines transposé sur une scène immense en plein cagnard, qui allait accueillir Gojira 6 heures plus tard… Mais Camille une fois encore a su s’adapter à son environnement, à l’exception de la chaleur de la scène qui lui valu l’emprunt de paires de chaussures («du 39») dans le public.

Empruntant aussi au passage les codes des comédies musicales américaines (avec notamment son trio de choristes-danseuses), des références à différents chants et danses qui ont marqué l’histoire de la musique (et par là-même, de l’Homme) et jouant toujours avec les mots, les rythmes et les mélodies comme un chat joue avec une souris, Camille se donne toute entière et sans retenue, communiant sans liturgie avec les éléments et son public. Elle n’est pas l’artiste d’une génération, mais elle joue au contraire sans cesse sur l’atemporalité de tout ce qu’elle a à nous raconter, redessinant les possibilités scéniques à coups d’invectives et de changements de registres incessants. Camille crée l’émotion par surprise sans jamais la rechercher vraiment : parfaitement huilé et construit au millimètre, son show n’en demeure pas moins autant un hymne à la légèreté qu’un appel au changement permanent. Elle remue son public avec finesse et audace, en lui ouvrant un champ de possibles plutôt qu’en l’enfermant simplement dans sa discographie. Comme peu d’artistes savent le faire.

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Frustration

Déjà 15 ans d’existence et trois albums… Propul’Son nous a fait un beau cadeau hier en conviant Frustration à distiller son poison sur sa scène. Pas évident d’accepter que ce groupe est né en 2002 et non en 1982, tellement le set livré hier soir renvoie dans les univers mythiques – que dis-je : mythologiques ! – de groupes aussi obscurs que passionnants, dont les désormais quadragénaires virant quinquas (voire déjà quinquas) s’échangeaient les cassettes sous le manteau dans la cour du lycée. La liste des références est longue et nous vous l’épargnerons aujourd’hui, pour nous contenter de dire qu’à part les Von Pariahs, assez peu de groupes français en 2017 chassent sur ces terres.

Côté jeu de scène, la comparaison avec les Vendéens s’arrêtera là car le chanteur Fabrice Gilbert est beaucoup plus calme et posé : c’est donc avec une grande intensité mais beaucoup de sobriété que Frustration déroule un set à la fois monolithique mais jamais lassant, enquillant des morceaux courts et percutants. Assez peu de jeunes dans le public, pourtant Frustration est tout sauf un revival de vieux nostalgiques : ce genre musical (souvent résumé à «post punk»/«new wave») n’a jamais semblé aussi en phase avec son époque. Sorte de clair-obscur tétanisant, il oscille entre douleur et énergie avec toujours cet appel essentiel en toile de fond : l’urgence de vivre.

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Faada Freddy

Voilà l’un des coups de cœur de la rédaction de cette édition 2017. Une découverte plus que rafraîchissante qui a littéralement illuminé ce début de soirée du samedi. Auteur d’un seul album à ce jour («Gospel journey» en 2015), ce Sénégalais et sa troupe trompent le monde sous une classification à faire fuir les amateurs d’autres styles que nous sommes («gospel, soul»). Pour tout dire et avec tout le respect qu’on doit aux programmateurs du festival, sur le papier on n’avait pas misé un kopek sur cet artiste.

La découverte et la surprise n’en furent donc que plus belles, puisque c’est assis dans l’herbe cramée en tailleur à 50m de la scène en pause dîner-binouze-bavardage que nos oreilles ont fini par être sérieusement attirées par ce qui se passait, jusqu’à nous clouer le bec au bout de quelques morceaux. L’une d’entre nous allant même jusqu’à se lever au-devant de la scène voir les spécimens de plus près !

Bourrée de références – parfois très explicites – à des styles totalement improbables et surtout à des kilomètres des deux pré-cités, la musique distillée par Faada Freddy surprenait en permanence, tant côté chant que son et instrumentalisation. Le tout avec une simplicité et une facilité déconcertantes et une propension à générer un vent frais dans l’air du soir. On aurait pu rester en cette si bonne compagnie jusqu’au bout de la nuit, le répertoire de ce joyeux ensemble semblant sans fin et prêt à nous réserver encore de nombreuses surprises. Le mec à convier d’urgence à votre prochaine veillée à la guitare autour d’un feu de plage.

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 Gogol Bordello

C’est connu depuis une vingtaine d’années, chaque festival d’été qui se respecte a dans sa prog au moins un (si ce n’est 12) groupe dit «balkanique». Et on ne parle pas ici du bar de la rue Colbert à Tours, hein, mais bien de la région montagneuse dans le sud-est de l’Europe. Sauf qu’ici, on parle encore d’autre chose : d’un groupe balkanique américain. Car c’est bien connu, les Américains sont nazes en géo.

Bref, cette année, Terres du Son a décidé de placer la barre un peu plus haut que d’habitude avec cet ensemble épileptique, décrit comme «gypsy punk» et qui, il faut bien l’avouer, fait passer les prestations scéniques de Kusturica pour le spectacle de fin d’année de l’école de nos enfants.

Infatigables, drôles, bruyants, Gogol Bordello ont distribué de la bonne humeur non-stop pendant tout leur concert, en réussissant le périlleux défi de ne jamais s’engluer dans le «tout festif» abrutissant qu’on peut voir chez encore trop de groupes.

Bordello, donc, mais tout sauf gogol.

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Gojira

Ils étaient attendus comme une des attractions de cette édition et ils n’ont pas déçus. Les Gojira ont fait entrer le Métal par la grande porte sur la scène Ginkgo. Première fois qu’un groupe majeur de Métal était programmé sur l’une des deux scènes principales, alors forcément personne ne pouvait savoir à quoi s’attendre. Ni pour une partie du public, ni pour le groupe, lui-même s’interrogeant sur leur présence en début de concert avant de lâcher les chevaux comme à leur habitude. Face à eux une partie de fans donc mais aussi un public découvreur qui prit l’instant avec une saveur particulière mais agréable. Il faut dire que Gojira ne fait pas le Métal pur et dur mais tend vers un rock métal plus accessible pour le grand public, tout en satisfaisant les fans habituels.

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Crédits photos : Christelle Bernard / Laurent Geneix / Mathieu Giua

 

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