Année après année, Tours devient une place forte du street art en France. On le rappelait il y a seulement quelques semaines à l’occasion de l’inauguration de fresques grand format sur des immeubles dans le quartier du Sanitas. Il y a aussi les grandes œuvres de la gare, le Mur de la Tour Charlemagne renouvelé tous les mois ou les spots historiques sous l’autoroute et près du quartier Maryse Bastié. Pendant quelques mois, un nouveau projet est à découvrir absolument : l’Hôtel Laloux.
De 2023 à 2024, l’ancienne clinique Saint-Gatien de Tours a ouvert ses portes pour le projet La Clinique du Street Art. Armées de lampes torches, plus de 60 000 personnes ont déambulé dans les locaux médicaux désaffectés pour y découvrir les œuvres éphémères d’artistes spécialistes de l’art urbain. Le lieu est désormais fermé pour permettre le début des travaux de rénovation du bâtiment mais les nostalgiques vont pouvoir migrer vers une nouvelle adresse : 1 Rue Victor Laloux.
Jusqu’en 2021, ce petit bâtiment abritait l’Hôtel Moderne. Un immeuble dans le style maison bourgeoise des années 50 situé à deux pas de l’Hôtel de Ville et du Boulevard Heurteloup. On y découvre encore le comptoir d’accueil, la boîte à clefs ou les bidets de certaines salles de bain. Mais le reste n’a plus rien à voir avec un hôtel.


En attendant une prochaine transformation en immeuble d’habitation, l’endroit devient le terrain de jeux du Colors Festival. Dirigée par l’artiste Combo, cette structure revendique d’avoir déjà fait travailler plus de 100 artistes dans 10 pays avec au total 140 000 visiteurs pour ses différentes expositions. Sa spécialité c’est de travailler avec des propriétaires qui ouvrent leurs biens avant rénovation pour en faire des parcours éphémères.
A Tours, pas moins d’une trentaine d’artistes sont exposés à l’Hôtel Laloux dont le tiers qui vient de Touraine. Le résultat c’est des chambres et des couloirs transformés à 100%. Des graffs recouvrent les murs des escaliers et les couloirs menant aux aciennes chambres (avec des clins d’œil à la Touraine ou aux origines parisiennes du festival Colors). L’ancien restaurant et le garage sont exploités. Un ancien placard est recouvert de peluches Hello Kitty pour donner envie d’y faire un selfie.

Le plus fort, ce sont les salles de bain. On y entre pas mais on y découvre des œuvres mises en scènes comme un personnage fictif qui se regarde dans le miroir ou une ambiance inquiétante magnifiquement mise en lumière. Au dernier étage, une pièce à la scénographie éblouissante est à découvrir absolument (on a décidé de ne pas la photographier pour préserver le suspense).
L’exposition durera au moins jusqu’en février, et peut-être plus longtemps si le chantier de rénovation met du temps à démarrer (ce qui est probable). D’ici là, le parcours évoluera régulièrement, ce qui signifie qu’on vous encourage à revenir. Pour que ça marche, chaque billet est un pass illimité. On paye 8€50 la première fois, et après c’est gratuit (des réductions sont disponibles pour les personnes à mobilité réduite ou les demandeurs d’emploi, par exemple). A noter que le projet est réalisé sans subventions publiques, mais tout de même avec le soutien de partenaires financiers.

L’Hôtel Laloux se veut une distraction familiale avec plusieurs pièces interactives. Si l’esprit général est inspiré du street art (graff, détournement de panneaux de signalisation), on y trouve aussi beaucoup d’art contemporain ludique. Par exemple cette pièce avec jeu d’adresse ou une ancienne chambre affublée d’une petite maison pour les enfants. Ou encore une fresque dont on peut transformer la physionomie en faisant bouger des carreaux. On trouve par ailleurs des références au cinéma, à la pop culture, l’environnement… ou l’hôtellerie.



Tout ça c’est le résultat de presque 3 mois de travail artistique, et environ un an de préparation nous confie Combo en nous faisant la visite en avant-première. « On a voulu respecter l’aspect historique du lieu mais aussi créer quelque chose d’hétéroclite » indique-t-il. Un processus qui a créé énormément de curiosité dans le quartier : « Si on laissait ouvert, les gens rentraient. » Des rencontres qui ont été utiles : « On nous a raconté beaucoup d’anecdotes. »
Tout ça c’est à découvrir les samedis, dimanches et jours fériés de 10h à 18h (sauf le 25 décembre et le 1er janvier). Réservations ici. Si l’ambiance générale vous plait, sachez qu’une boutique d’artistes est installée au rez-de-chaussée avec des œuvres proposées généralement à 200-300€, et dans tous les cas à moins de 1 000€. Des tarifs plutôt abordables pour de l’art contemporain.