La Loire comme vous ne l’avez jamais vue dans une expo au Château de Tours

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Surtout connu, et reconnu, pour ses expositions de photos en partenariat avec l’institution parisienne du Jeu de Paume, le Château de Tours fait un pas vers l’art contemporain et les installations avec Présence sensible de Chloé Jeanne. Présentées jusqu’à mi-avril, les œuvres de l’artiste font un clin d’œil appuyé à la Loire.

Qui a déjà vu la Loire en été sait à quel point le fleuve peut offrir d’étonnants dégradés de couleurs. Particulièrement admirables quand ils sont vus de hauts, ils sont le fruit des jeux de courants et de hauteur d’eau. Sans cesse mouvants, au gré des bancs de sable, ils garantissent des panoramas uniques, délicieusement photogéniques. Depuis le 12 janvier, Chloé Jeanne les reconstitue en quelque sorte de façon artificielle. Dans la première salle de son exposition au Château de Tours, de petits bassins nous donnent à voir des hélices qui tournoient, chassent l’eau et projettent autour d’eux des volutes de couleurs. On s’y croirait, car l’odeur si caractéristique de la vase ligérienne semble flotter dans l’air.

Assemblage pluri sensoriel, Présence sensible est une ode à la Loire et personnifie le fleuve, ce qui fait écho aux multiples voix qui espèrent lui donner une meilleure légitimité juridique via le Parlement de Loire. Dans les multiples tableaux accrochés aux murs, tous aux teintes bleutées ou verdâtres de l’eau qui coule, Chloé Jeanne a simulé la Loire, l’écoulement, autant que la variété des reliefs. On a envie de toucher, se laissant attirer par ces visuels qui ne sont pas loin de la photo, statues d’une nature en mouvement… et mouvementée.

Au fil des salles, c’est tout le milieu aquatique qui se déploie. Au cours des longs mois qu’a duré son travail de création, l’artiste – elle-même ligérienne – a autant mobilisé l’eau que la pierre, symbolisé les coquillages, aussi. Le résultat est tantôt articulé autour d’une même teinte de couleur, parfois bien plus pop et arc-en-ciel. Pour y parvenir, plusieurs procédés ont été utilisés tels de la peinture soluble, du soufre, des levures, des champignons et même de la vraie eau de Loire, extraite de son lit pour l’occasion.

C’est donc tout un attirail de biodiversité qui est emmailloté au dernier étage du Château de Tours pour 3 mois, nous invitant à regarder plus attentivement cette Loire que l’on a souvent soues les yeux et que l’on oublie parfois de contempler, en se laissant presser par les urgences du quotidien, et la vitesse du véhicule qui nous transporte d’une rive à l’autre. « Là où certains automatismes culturels ont coupé l’être humain de son environnement, le travail de Chloé Jeanne enjoint à une observation moins surplombante » souligne, avec ses mots, le précis de l’exposition qui nous renvoi, parfois, au travail d’Olivier Debré, autre grand artiste qui a pris le cours d’eau comme muse.

Cesser de prendre le fleuve de haut, s’agenouiller à son chevet, lui prêter de l’attention, tout simplement. Voilà ce qu’exige de nous Présence sensible, avec un certain doigté, parfois déstabilisant mais toujours captivant. Après ça, on a envie de descendre les quelques marches qui nous séparent du bord de l’eau pour aller saluer la Loire, la contempler et se laisser hypnotiser par l’improvisation permanente de ses méandres.

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