Bateau Ivre : Une chaîne humaine pour montrer l’attachement des Tourangeaux à la salle

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Le collectif Ohé du Bateau a réussi son pari ce samedi, en rassemblant plusieurs centaines de tourangeaux pour la chaîne humaine organisée en soutien au projet de réouverture de la salle Le Bateau Ivre.

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Partie du Bateau Ivre, cette chaîne humaine s’est dirigée vers l’Hôtel de Ville de Tours, pour remettre symboliquement le dossier présentant le projet du collectif pour le futur de la mythique salle tourangelle. Ainsi pendant deux heures, environ 300 personnes ont déambulé en musique, main dans la main et vêtus de gilets jaunes, dans la bonne humeur, rue Edouard Vaillant, devant la gare puis rue de Bordeaux, place Jean Jaurès et sur les marches de l’Hôtel de Ville en formant une chaine humaine continue qui n’a pas laissé indifférents les passants, souvent bienveillants envers ce cordon humain.

Une réussite populaire qui démontre que quatre ans après sa fermeture, le Bateau Ivre reste dans le cœur des Tourangeaux et que ces derniers restent attachés à son sort. Pour le collectif Ohé du Bateau, cette réussite est bienvenue alors que Serge Babary, malgré des signes encourageants pendant la campagne des Municipales et les premières semaines qui ont suivi son élection, a récemment botté en touche du côté de Tour(s) Plus pour que l’Agglomération reprenne le flambeau de ce dossier brûlant. Une réussite populaire qui ne doit pas occulter la complexité de ce dossier et notamment le peu de confiance que semblent avoir les pouvoirs publics dans la crédibilité économique du projet porté par Ohé du Bateau et dans sa faculté à gérer un tel établissement. A la mairie de Tours en tout cas, les choses semblent dorénavant claires et le maire Serge Babary annonce ne pas avoir les moyens financiers pour investir dans la réouverture de la salle. « Un argument de politicien » répondaient plusieurs membres du collectif ce samedi, en rétorquant que tout n’était question que de volonté et de choix budgétaire.

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Du côté du collectif, alors que comme l’expliquait il y a peu Franck Mouget à 37°, ils étaient prêts à faire des efforts et voir leur projet de départ à la baisse, on n’exclut plus maintenant de relancer une souscription populaire pour financer le rachat de la salle à la Semivit, structure mixte qui avait racheté le lieu il y a quelques années et dont il se dit qu’elle pourrait être vendeuse, n’ayant pas la vocation à gérer un tel lieu.

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Dans ce dossier compliqué qui ressemble de plus en plus à une partie de poker menteur, une chose est sûre, c’est que le Bateau Ivre risque de rester à quai encore un moment, en espérant qu’avant qu’il ne devienne plus qu’une carcasse rouillée, les choses se débloquent enfin. Après la réussite de la mobilisation de ce samedi, la balle est désormais dans le camp des pouvoirs publics.

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Pour aller plus loin : Retour sur quatre années qui n’auront pas permis la réouverture du Bateau Ivre…

Le Bateau Ivre première version a marqué toute une génération de Tourangeaux. Entre 1987 et 2010 année de sa fermeture, la salle de la rue Edouard Vaillant a non seulement attiré un paquet de grands artistes mais a aussi été un véritable lieu de vie de la cité qui s’est forgé une histoire singulière avec tous ceux qui y sont entrés et se sont imprégnés de son atmosphère particulière. Un lieu de vie qui au fil des années avait su garder son caractère libertaire et indépendant, en restant fidèle à son esprit d’origine alors que la période était plutôt à une aseptisation des lieux culturels.

A voir ce très bon reportage de 2010 diffusé dans Culturz sur l’histoire du Bateau Ivre

 
 

Le Bateau Ivre était ainsi devenu un des rares lieux de la ville ou se mêlaient chaleureusement une population bobo, étudiante, ou adepte des courants alternatifs selon les soirées programmées. Bref, plus qu’une salle de concert, le Bateau Ivre était devenu un patrimoine vivant pour de nombreux Tourangeaux.

Sa fermeture a ainsi logiquement suscité l’émotion chez une partie de la population et rapidement des propositions de projets de reprise sont arrivées sur le bureau de Gisèle Vallée, directrice et propriétaire vendeuse. Parmi ces derniers, celui du collectif Ohé du Bateau se démarque rapidement par les noms présents dans le collectif, mais aussi par la capacité de ce dernier à organiser une campagne de communication efficace qui le fera rapidement connaitre auprès de la population, lui assurant une crédibilité en terme d’image.

Sur ce modèle et depuis quatre ans maintenant, le collectif Ohé du Bateau multiplie les évènements entre rassemblements en centre-ville, soupes populaires sur les marchés, passages dans les médias, actions de soutien… Quatre longues années pourrait-on dire, qui n’ont pour le moment pas permis la réouverture de la salle, ni le début de travaux de mise aux normes, préalables à celle-ci.

La faute à Ohé du Bateau ?

Difficile et épineuse question, car malgré toute la sympathie qui entoure le collectif, force est de constater aujourd’hui qu’ils n’ont pas réussi à convaincre et à rendre crédible leur démarche aux yeux des collectivités, que ce soit sous la mandature de Jean Germain ou celle actuelle de Serge Babary. Dès le départ, leur collectif avait même été  catalogué comme une douce utopie, y compris par Gisèle Vallée (voir la vidéo ci-dessous).

Le projet de SCIC puis les déclarations de Franck Mouget, qui dès 2010 clamait haut et fort ne pas vouloir parler d’argent et de budget en premier lieu mais d’abord de mettre en place un projet citoyen, n’ont pas rassuré une municipalité peu convaincue par le projet. Des déclarations qui auront au contraire brouillé les cartes et semé le doute sur les capacités du collectif à développer un projet économiquement viable.

La faute à la Mairie ?

Une municipalité qui n’a pas souhaité non plus faire du Bateau Ivre une de ses priorités. Il faut dire que lors de sa fermeture en 2010, Jean Germain par le biais de Tours Plus s’était déjà engagé financièrement dans les travaux d’une SMAC qui ouvrira quelques mois plus tard sous le nom du Temps Machine. Une proximité dans le calendrier qui permettra dans un premier temps au maire d’alors, de justifier sa non volonté d’appuyer réellement et financièrement un projet de réouverture du Bateau Ivre en prétextant un doublon avec la nouvelle salle jocondienne. Les collectivités locales étant par ailleurs engagées dans d’autres projets culturels coûteux tels que le 37e Parallèle, il parait alors inconcevable de financer un nouveau projet culturel d’envergure, aussi symbolique soit-il. Soucieux malgré tout de soigner l’image de la Municipalité et conscient de l’attachement du Bateau Ivre pour les Tourangeaux, le maire laissera la Semivit, office d’habitat mixte, racheter la salle, pour éviter la mainmise de promoteurs immobiliers. Ce qui aurait à n’en pas douter, conduit au remplacement des lieux par des immeubles flambant neufs. La Semivit devenue propriétaire, les discussions entre Ohé du Bateau et la ville de Tours se poursuivront sans aboutir à quelque-chose de concret, la faute notamment à un désaccord sur le loyer envisagé.

En 2014, bien que la majorité ait changé, la question du coût du projet et de son financement est toujours le principal argument utilisé par la Municipalité pour justifier son scepticisme envers Ohé du Bateau.

Pourtant ces derniers n’entendent pas abandonner. Bien au contraire, les déclarations récentes de membres de Ohé du Bateau montrent une volonté de reprendre la main dans cette partie d’échecs. Ainsi plusieurs d’entre-eux évoquaient ce samedi la possibilité de relancer une souscription populaire pour racheter les lieux (ce qui était le projet de départ du collectif) tandis qu’il y a peu, Franck Mouget déclarait : « Afin d’être entendus, nous irons jusqu’au squat des lieux ». Ainsi sûrs de leur bon droit et de leur capacité à gérer la salle à l’avenir, les membres d’Ohé du Bateau entendent user de toutes les possibilités qui s’offrent à eux pour récupérer ce bateau et de nouveau le faire voguer.

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