Le temps d’un 16 mesures #13 : Une conférence sur la naissance du hip-hop français dans le cadre des Rencontres de Danses Urbaines.

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Conférence organisée par le Temps Machine et la Smalla Connexion avec Vincent Piolet, auteur de l’ouvrage Regarde ta jeunesse dans les yeux : La naissance du hip-hop français, 1980-1990

Peut-on se revendiquer d’un mouvement culturel tel que le hip-hop sans en connaître ses racines ?

Il ne s’agit pas de proclamer ici que le rap c’était mieux avant, quand l’usage de l’autotune était réservé à d’autres styles musicaux et qu’on ne jetait pas un album après une unique écoute, ou qu’il n’y a que les années 90 et début 2000 qui disposent de classiques. D’autant plus que la culture hip-hop ne s’arrête pas au rap mais englobe également le DJing, la danse, le graffiti ou encore le human beatbox, desquels découlent d’autres aspects de cette culture. Mais quand on parle de nos jours de hip-hop, les valeurs sont-elles toujours les mêmes que depuis son arrivée en France dans les années 80 ?

Ce questionnement est certes assez classique. Et en réalité, bien sûr que non. Comme toute culture qui a réussi à perdurer et à se développer au fil du temps, elle doit logiquement faire face à un courant mainstream éloigné des racines du mouvement culturel de base. Si l’on s’intéresse plus particulièrement au rap, on peut voir qu’il a désormais une place importante dans le paysage musical mondial comme français. Preuve en est : en 2017, parmi les 7 albums les plus vendus et écoutés en France, 5 provenaient du rap français (source : Syndicat national de l’édition phonographique), souvent avec une diffusion de masse, ainsi qu’une médiatisation qui favorise le côté festif et léger de la musique généralement au détriment du fond. Certains jeunes artistes se retrouvent propulsés par des maisons de disques sur le devant de la scène subitement, sans revendiquer de références, mais surtout et plus interpellant, sans même sembler les posséder. On pense notamment à Koba LaD, qui a reconnu il y a quelques mois ne pas savoir qui était IAM lors d’un « Rap jeu » de Medhi Maizi, provoquant en même temps une vraie polémique sur cette question.

https://www.youtube.com/watch?v=dWOW5roP8fI
 

Et même si IAM ne semble voir aucun mal dans le fait qu’il ne les connaisse pas, Akhenaton déplore malgré tout qu’« il y ait des tas de gens aujourd’hui dans le rap qui ne sont pas de la culture hip-hop »,  et qu’il ne s’agit pas là d’un « problème d’ego », mais que « l’axe de lutte est plutôt dans le fait de reconnaître notre culture. […] Le problème c’est quand certaines personnes parlent du hip-hop mais ne connaissent rien à cette culture » (Rapghetto, 10/09/2019). Son de cloche équivalent chez Ed Piskor, « historien amateur » de la culture hip-hop qui s’est mis en tête d’en retracer la construction, pierre par pierre, dans son œuvre titanesque Hip Hop Family  : « On en est arrivé à un point où les grands parents et leurs petits-enfants peuvent être fans de la même musique. Bien sûr, le son de la musique a changé et ça continuera. Mais c’est l’esprit le plus important. Depuis vingt-cinq ans, c’est toujours la même chose : auront de la longévité les rappeurs qui contribuent à la culture hip-hop et montrent leur respect à ceux qui les ont précédés. […] Bien sûr, il y aura toujours de jeunes crétins et des célébrités Youtube qui surgiront avec de la musique bidon et assez minable. Il y aura des gens qui apprécieront leur musique, OK, mais on les oubliera dans cinq ans. C’est comme ça que le hip-hop marche, il existait déjà des versions de ceux-là dans les années 90 et nous les avons zappé depuis bien longtemps » (Slate, 19/11/2016). Toujours est-il que le hip-hop, qu’on en connaisse les racines ou non, est sacrément présent dans notre paysage culturel français, au regard de son succès toujours grandissant.

Vaste réflexion donc, et on pourrait en parler des heures. Du coup, pour la poursuivre et car il est toujours intéressant d’en apprendre davantage, le Temps Machine et la Smalla Connexion invitent Vincent Piolet, auteur d’une des œuvres majeures en France sur la culture hip-hop et plus particulièrement ses prémices dans l’hexagone, dans le cadre de la 21e édition des Rencontres de Danses Urbaines, pour une petite causerie. L’auteur souligne d’ailleurs dans son « Regarde ta jeunesse dans les yeux » : La naissance du hip-hop français, 1980-1990 : « Nous arrivons à une époque où, en raison de la maturité artistique du mouvement et de sa diffusion en masse auprès du public, il est nécessaire de se demander d’où vient cette musique et comment elle s’est implantée en France ». Durant cette conférence, il dessinera de vive voix cette cartographie de la naissance du rap et de la culture hip-hop en France durant les années 80, décennie bien moins connue et documentée que les décennies suivantes, et qui constitue pourtant l’ancrage fondamental de cette culture dans l’hexagone. L’occasion de lui demander ce que lui en pense : alors, peut-on se revendiquer d’un mouvement culturel tel que le hip-hop sans en connaître ses racines ?

Rendez-vous le jeudi 03 octobre à 18h, au Cubrik, 15 rue du Change à Tours.

Vincent Piolet (préface de  Dee Nasty, postface de Solo), Regarde ta jeunesse dans tes yeux : naissance du hip-hop français, 1980-1990, Le Mot et le Reste, Paris, 2017, 24 euros. (Ouvrage disponible au centre ressource du Temps Machine)

Programme complet des Rencontres des Danses Urbaines : https://www/rdu37.info/

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