Quel avenir pour Thibault Coulon ?

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Depuis une semaine il y a du rififi à droite. Après l’éviction surprenante de l’adjoint au maire de Tours, Thibault Coulon (LR), se pose la question de l’avenir politique du conseiller régional sortant. Car au delà des pures manœuvres stratégiques (on non) visant à écarter celui « qui agace », il subsiste bien un doute pour la droite tourangelle à rester unie et à fédérer. Le feuilleton est loin d’être terminé.

Qui dit vrai entre le maire de Tours et Thibault Coulon ? Depuis plusieurs jours, c’est par déclarations et rencontres interposées auprès des journalistes que le Maire de Tours et son adjoint se répondent. Une chose est sûre : Thibault Coulon est évincé, manu militari (ou plutôt manu politici) de la liste aux Régionales. Pour l’intéressé, « c’est Serge Babary qui a pris cette décision ». Le maire de Tours s’en défend dans une interview qu’il vient de donner à 37 degrés : « La situation est que nous sommes en face d’un élu qui n’a pas su réunir de la sympathie autour de lui, c’est comme ça ! Maintenant la décision est prise par les instances politiques, pas par moi ». Et voilà comment a commencé le va-et-vient des responsabilités du renvoi de l’adjoint au maire de Tours. Durant la semaine écoulée, les instances départementales des « Républicains » ont répondu que c’était une question qui concernait Tours au moment même où celle-ci répondait aux journalistes que cette éviction devait trouver réponse auprès des « Républicains » menés par Philippe Briand et sa commission d’investiture. La décision concernant Thibault Coulon, était devenue au fil des heures une « patate chaude »… très chaude. Mais pourquoi tout ça ? Pourquoi se passer d’un élu qui, à la région, avait le soutien d’Hervé Novelli et de ses collègues ? Pourquoi se passer des compétences de l’élu qui rayonne aussi à Tour(s) Plus et qui au fur et à mesure des mois a eu la confiance du puissant président Philippe Briand ?

Les compromis donnés à Thibault Coulon font partie du plan pour conquérir Tours

La politique a sa logique que la raison des citoyens ne connaît pas. Il faut regarder de près la personnalité de Thibault Coulon pour aller chercher des explications que certains aiment exposer avec des raccourcis. L’élu de Tours, chrétien-démocrate agace, irrite. Il aime jouer le rapport de force. En octobre 2013, il est l’un des initiateurs du « groupe des 4 ». Il sera pour une part l’artisan de l’union à droite au côté de Serge Babary et des centristes de Sophie Auconie et Christophe Bouchet. Il faut dire aussi que Th. Coulon est le premier concerné par cette union. Un an avant, en 2012, il avait fait dissidence aux élections législatives en se présentant face à Guillaume Peltier. Il était important pour lui de faire l’union afin de revenir dans le jeu politique. Vient ensuite la campagne des municipales. Il affine alors sa stratégie… Il bosse aux côtés de Serge Babary. Il est omniprésent. Il ne lâche rien. Et c’est précisément, dans ces mois de campagne où chacun bat le pavé, que les premières fractures avec certains vont apparaître. Il réussit à la veille du dépôt de la liste municipale à imposer ses proches comme probables adjoints en cas de victoire. L’homme est rusé et stratège. Il avance quand les autres se crêpent déjà le chignon en coulisses. Serge Babary doit composer mais surtout doit gagner. Les compromis donnés à Thibault Coulon font partie du plan pour conquérir Tours. C’est chose faite en mars 2014 après 19 ans de Germanisme.

L’élu comprend qu’il stigmatise certaines rancunes depuis son coup de force pour la constitution de la liste. Pour éviter d’être seul, il se rapproche et signe « un pacte de non-agression » avec Sophie Auconie. Elle aussi ne fait pas l’unanimité dans le camp centriste et de la droite. On est toujours plus fort à deux. Thibault Coulon travaille ses dossiers, peaufine ses ambitions pour la ville comme la French Tech, mais aussi celles plus personnelles. Il veut retourner aux élections régionales et veut peser. Depuis trois ans, les instances de l’ex-UMP ne fonctionnent plus à Tours et dans la première circonscription. Un vide à combler très vite quand le top sera donné par les instances nationales en vue de la Primaire entre Nicolas Sarkozy, Alain Juppé et François Fillon entre autres. Les meilleurs ennemis de Thibault Coulon ont un train de retard. L’élu a de l’avance et a posé ses pions. Une partie d’échec pourtant loin d’être mat…

« Non, je n’ai pas utilisé le mot de représailles, ce n’est pas vrai… mais le mot de « répercutions » suite à l’intervention de l’unes des adjointes. Ceci est un épiphénomène… » (Th. Coulon)

Mais l’adjoint au maire peut être un enfant terrible. Il peut aussi exprimer certains points de vues auprès du maire de Tours, voire être menaçant… à sa façon. Il est difficile de savoir ce qui s’est réellement passé, il y a une quinzaine de jours, en réunion de majorité. Th. Coulon a-t-il prononcé le mot de « représailles » quand le maire de Tours, Serge Babary, a demandé à sa majorité s’il devait aller aux élections régionales ? L’intéressé s’en défend : « Non, je n’ai pas utilisé le mot de représailles, ce n’est pas vrai mais le mot de « répercutions » suite à l’intervention de l’unes des adjointes. Ceci est épiphénomène… ». Une chose est sûre. Les paroles prononcées, ce jour-là, ont été celles de trop pour une partie de la garde rapprochée du maire. Trois jours après, Serge Babary rencontre 32 conseillers municipaux et adjoints qui le somment de ne pas mettre Th. Coulon en 4ème place pour représenter la ville de Tours sur la liste des Régionales… La messe est dite. Une version que conteste l’élu, qui accuse Serge Babary d’être seul à l’origine de cette défiance à son égard. Pourtant le jeudi après-midi, les deux hommes se rencontrent. Selon Thibault Coulon, en tête à tête le maire lui convient qu’il n’y a pas eu menaces. Difficile de s’y retrouver…

Serge Babary reconnaît les mérites de l’intéressé dans toutes les manifestations publiques et inaugurations qui concernent le portefeuille de l’adjoint au développement économique

Mais on peut se poser une question, pourquoi le maire de Tours déclarerait une guerre avec l’un de ses adjoints qui rayonne et travaille ses dossiers ? D’ailleurs Serge Babary reconnaît les mérites de l’intéressé dans toutes les manifestations publiques et inaugurations qui concernent le portefeuille de l’adjoint au développement économique. Il y a quelque-chose de schizophrénique dans tout ça. La réponse est alors peut-être à trouver dans la pression des autres adjoints. Tiraillé entre tous, le maire a tranché à la façon Babary. Un coup de tête qui veut dire beaucoup. Le maire est un homme agacé et doit composer quotidiennement avec des « caractères » mais aussi des ambitions et elles sont nombreuses à la mairie.

Thibault Coulon est aussi une victime à double visage. Celle de sa propre personnalité et celle d’une stigmatisation de certains qui veulent, eux aussi, prétendre à des ambitions électorales. Thibault Coulon se pose une question : « Est-ce que cette décision renforce ou affaiblit la ville de Tours ? ». Il faut dire que la gauche moribonde dans le département aiguise les appétits. Les élections législatives arrivent à grands pas et une victoire de la droite face à Jean-Patrick Gille n’est pas exclure. Certain(e)s l’ont bien compris.

Pourtant difficile d’imaginer Th. Coulon sorti du jeu. D’abord parce que l’élu a une capacité d’abnégation, utile dans pareil cas. Et puis, parce que la mort en politique n’existe pas ou très peu. La droite tourangelle ne pourra pas se passer de son représentant de la démocratie-chrétienne, ni des ses amis. L’orage est en train de gronder mais passera. Rendre la liberté de paroles à Thibault Coulon, est-ce un bon calcul politique ? L’avenir, proche, le dira… La prochaine tempête concernera peut-être d’autres élus avant la fin de l’année. Et alors, Thibault Coulon observera de son bureau municipal, les dégâts collatéraux. Lui qui vient de perdre un mandat, mais un seul. Ce chat politique n’a pas perdu toutes ses vies…

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