Mairie de Tours : l’élection de Christophe Bouchet contestée ?

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Jeudi soir, au terme d’une réunion exceptionnelle, la majorité municipale désignait son candidat à la fonction de maire de Tours. Celui qui se présentera face au Conseil Municipal qui se tiendra le mardi 17 octobre et sera donc sauf surprise élu maire de Tours jusqu’aux prochaines élections municipales.

Après une lutte entre les deux adjoints centristes Xavier Dateu et Christophe Bouchet, ce dernier était désigné candidat de la majorité à la faveur de l’âge. Après deux tours de scrutin, l’égalité était parfaite entre les deux candidats avec 20 voix chacun et 2 abstentions.

Après plusieurs mois de luttes internes, de jeu de séduction, de mobilisations des soutiens, aucun candidat ne ressortait avec les faveurs de ses homologues. Le critère retenu dans ce cas est la primauté au candidat le plus âgé. Christophe Bouchet a 55 ans, Xavier Dateu, 52… le favori est défait.  Les règles ayant été fixées et approuvées par l’ensemble de la majorité en septembre dernier, la désignation de Christophe Bouchet est actée et le PV signé par tous les membres de la majorité.

Mais dès la sortie de la Mairie le résultat cristallise les tensions, avec d’un côté les partisans de Christophe Bouchet récompensés d’attributions de postes d’adjoints et de l’autre les déçus, perdants par la même occasion leurs fonctions et leur influence au sein de l’organigramme de la majorité. Le remaniement annoncé préalablement par Christophe Bouchet attise les rancœurs chez certains.

Samedi, des voix s’élèvent au sein des élus présents jeudi soir. Les règles n’auraient pas été intégralement respectées. Plusieurs élus « pro-Dateu » évoquent un oubli, il manquerait un troisième tour à l’élection de jeudi soir. Après les deux tours et les deux égalités, un moment de flottement aurait eu lieu dans le huis-clos des élus. A la table des organisateurs de la séance, une discussion entre Serge Babary et les services est entendue par plusieurs élus. « Serge Babary s’est demandé s’il fallait procéder à un troisième tour, quelqu’un des services a dit non, ajoutant que Christophe Bouchet ne le souhaitait pas » indique un membre de la majorité ne souhaitant pas être nommé. « D’ailleurs il y avait trois cases pour les signatures, soit trois tours de scrutin prévus ».  Des propos confirmés par un autre élu présent jeudi soir : « il devait y avoir un troisième tour et Serge Babary a hésité à le faire ».

Que dit le document sur les règles de la succession ?

Dans le document sur les règles de succession de Serge Babary, validé par la majorité le 11 septembre dernier et que nous nous sommes procurés, s’il est clairement mentionné un vote au suffrage majoritaire à deux tours, la notion d’un tour supplémentaire en cas d’égalité est également notée. Dans une tournure laissant libre cours à l’interprétation, il est effectivement mentionné sur le deuxième tour du scrutin : « En cas d’égalité, un tour supplémentaire sera organisé. En cas de nouvelle égalité, le plus âgé sera déclaré candidat du groupe ».

Le document en question

Une phrase sur laquelle s’appuient certains élus aujourd’hui pour contester le vote et pousser Xavier Dateu à le faire également.

Contacté hier, Christophe Bouchet ne voit aucun manquement au règlement : « Tout a été respecté. Il est stipulé qu’en cas de double égalité, ce qui a été le cas, le bénéfice de l’âge était choisi pour désigner le candidat ». Même interprétation du côté des services que nous avons interrogés.

Joint également par téléphone, Xavier Dateu dit « prendre connaissance de la situation » tout en affirmant « s’il y a matière à contester nous le ferons », quitte à bousculer le Conseil Municipal prévu dans deux jours donc…

Une question demeure : pourquoi cette contestation est née plus de 24 heures après l’issue d’un vote ratifié par PV par tous les membres présents ? « Le document ne nous a pas été lu avant la réunion, on nous l’a présenté en septembre mais personne ne l’a eu en main hors-mis les membres du G7 qui l’ont préparé » précise Xavier Dateu. (ndlr : Le G7 est le comité politique créé en début d’année 2017 autour de Serge Babary, une garde rapprochée composée de Jacques Chevchentko, Sophie Auconie, Thibault Coulon, Christophe Bouchet, Marion Nicolay-Cabanne et Jérôme Tebaldi).

Quoiqu’il en soit, PV signés ou pas, au sein de cette majorité, certains sont prêts aujourd’hui à remettre tout en cause, un peu comme lors des pires épisodes de luttes internes lors de primaires ou différents congrès de partis. Oui mais seulement là, ce n’est pas seulement le sort d’un parti ou d’une mouvance politique qui est en jeu, mais bien celui d’une ville et de l’intérêt général. Comment la majorité pourra gouverner ensemble derrière, si la contestation allait au bout ? Car quel que soit l’issue de celle-ci, les blessures ne s’oublieront pas. « Mais c’est déjà ingouvernable aujourd’hui » précise néanmoins une élue, fataliste sur le sort de cette majorité en voie d’explosion.

Que va-t-il se passer au Conseil Municipal ?

L’ensemble des élus de la majorité s’est engagée à soutenir le candidat désigné, soit Christophe Bouchet. Mais en contestant son élection, certains s’affranchissent déjà de ce pacte. Quelle sera leur logique mardi soir lors du Conseil Municipal devant élire le maire de Tours ? Plusieurs possibilités s’ouvrent à eux : le soutien à un autre candidat ; la démission avec qui sait, l’espoir de provoquer de nouvelles élections ? (Il faut qu’un tiers du Conseil Municipal démissionne pour que ce soit le cas) ou alors créer un nouveau groupe politique hors de la majorité ? Autant de questions légitimes aujourd’hui vu les stigmates laissés par cet épisode de départ de Serge Babary et cette succession interne à laquelle la majorité n’était pas prête… La politique est souvent plus affaire de passion que de raison… ce psychodrame interne en est une nouvelle preuve…

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