Auto-modélisme : « C’est comme de vraies voitures, c’est juste qu’on n’est pas dedans »

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Depuis 2006, les adhérents de l’auto-modélisme club de Tours noircissent le bitume de leur piste située au parc de Sainte-Radegonde, à Tours nord. Loin de n’être qu’un simple jeu, la course de voitures radiocommandées a tout du vrai sport mécanique, très technique. Dimanche 24 juin avait lieu une course de ligue sur le circuit tourangeau.

À l’approche du circuit, impossible de le rater. On n’entend que cela : le bruit aigu des voitures, qui passent de 0 à 100 km/h en deux secondes, est assourdissant. Il se répercute contre les piliers couverts de graffitis du pont de l’autoroute A10, sous lequel passe le circuit. Les nuages de fumée blanche produits par les bolides s’accumulent au-dessus de la piste pour former, après quelques minutes de course, une véritable nappe.

Alors non, nous ne sommes pas sur un grand prix automobile. Tours n’en a plus accueilli depuis la seule et unique édition de 1923. Elle abrite en revanche l’auto-modélisme club de Tours (AMTC), qui organisait ce dimanche une course de ligue. Elle mettait en compétition 35 pilotes venus de toute la région et même, pour certains, de plus loin. Le matin avaient lieu les phases de qualification, pour déterminer l’ordre de départ lors des finales de l’après-midi. Le but : effectuer le maximum de tours en cinq minutes.

La piste de l’auto-modélisme club de Tours est située sous le pont de l’A10.

L’auto-modélisme, c’est donc la pratique de courses de voitures radiocommandées. Mais attention, il ne s’agit pas des jouets que l’on peut trouver sous le sapin de Noël quand on est enfant. Ici, c’est du matériel de professionnel. « C’est exactement comme des vraies, affirme Michael Calado, 35 ans, membre du club de Tours. On a les mêmes contraintes, des sensations et un stress similaire… La seule différence, c’est qu’on n’est pas dedans. »

Sur leurs stands, le long de la piste, les pilotes peuvent bricoler leur bolide entre chaque course.

Le matériel apporté par les pilotes semble en effet à la pointe. Il est étalé sur une multitude de tables de béton posées sur des parpaings. Outils, pièces détachées, carburant… rien n’est laissé au hasard. Certains concurrents disposent même d’une machine qui permet de limer les pneus juste avant la course, afin qu’ils aient l’épaisseur optimale au moment du départ. « En course, on use à peu près 1 mm en cinq minutes, professe Axel Gillens, 38 ans, inscrit pour sa part au club de Châteauroux. Et on a une plage d’utilisation optimale de 5 mm. »

Concentration extrême

Quant à l’ambiance qui règne sur le podium sur lequel sont perchés les pilotes, elle est à la concentration extrême. À l’ombre de la bâche qui recouvre l’édifice, ils peuvent embrasser tout le circuit d’un seul regard. Pourtant, ils ne quittent pas des yeux leur voiture et les quelques mètres qui la précèdent. « Ils sont dans leur bulle », résume Bruno Landié, le président du club tourangeau.

Du haut de leur podium, les pilotes peuvent embrasser tout le circuit du regard.

De temps en temps, cette bulle est rompue par un échange à voix très haute – il faut couvrir le bruit de la course – entre le pilote et son mécanicien. Ceux-ci sont alignés sous le podium, le long de la bretelle qui permet l’ « arrêt au stand ». En quelques secondes, ils refont le plein, changent les pneus ou règlent un souci mécanique. Certains binômes sont même équipés de micro-casques. Comme des vrais, on vous dit. 

En binôme avec les pilotes, les mécaniciens sont là pour faire le plein et gérer les soucis mécaniques.

Et gare au photographe qui se placerait par mégarde dans leur champ de vision : il se fera très vite réprimander. En course, les modélistes peuvent être un peu nerveux. « Et encore, souligne Bruno Landié, aujourd’hui on est en régional. Mais certains de ces pilotes ont déjà participé aux championnats de France ou d’Europe. » Tours a d’ailleurs accueilli deux compétitions nationales, en 2014 et 2015.

Aux quatre coins de la piste sont postés des ramasseurs. Ils sont chargés d’évacuer ou de remettre en courses les véhicules en sortie de route. « Parfois, raconte le président, on est obligé de recadrer les pilotes qui gueulent parce que les ramasseurs sont trop lents. Ils ne sont pas là pour se faire engueuler, si tu t’es sorti, c’est de ta faute. Mais la plupart du temps, ça reste très bon enfant. » C’est vrai, autour de la piste, l’ambiance est plutôt à la rigolade, malgré quelques soucis mécaniques.

110 km/h facile

L’origine de l’AMTC actuel remonte à 2006, avec la rénovation et la clôture de la piste, auparavant ouverte. Il compte aujourd’hui une trentaine d’adhérents. La course d’aujourd’hui regroupe quatre catégories de véhicules, définies par leur échelle et leur mode de propulsion : les 1/8 classiques, électriques et thermiques, les 190 mm électriques et les 200 mm thermiques. 

Alex Gillens s’est lancé dans l’auto-modélisme par passion pour les sports mécaniques.

Pause-déjeuner. Sur son stand, Axel Gillens bricole son bolide, un 1/8 électrique, avec lequel il s’est assuré la pole position pour les finales de l’après-midi. « En électrique, on peut facilement attendre les 110 km/h, assure-t-il. On est même souvent plus rapides que les moteurs thermiques. » Comme beaucoup d’autres, il est entré dans ce sport quand il était petit, par passion pour les sports mécaniques. « Je roule aussi sur des circuits taille réelle, précise-t-il. Mais je peux le faire moins souvent. » C’est aussi le cas pour Michael Calado. « Financièrement, le modélisme est plus à ma portée. » Tout de même, les voitures utilisées ajoutées au matériel nécessaire à une course peuvent coûter jusqu’à 2 000 euros, selon les deux participants.

Le sport auto, ce n’est pas qu’une question d’argent, c’est aussi une question d’âge. Pour le modélisme, il n’y a pas vraiment de limites : autour du circuit se côtoient des pilotes qui ont l’âge d’être grand-père et d’autres âgés d’à peine 10 ans. Ceux-là pilotent juchés sur des tabourets, pour pouvoir voir par-dessus la balustrade du podium. 

L’après-midi, c’est parti pour les finales. Les véhicules sont posés sur la grille de départ par les mécanos. Si les modèles électriques restent sur des manches de cinq minutes, pour éviter la surchauffe des batteries, les thermiques, eux, partent pour une demi-heure de course. Passages au stand obligatoires. 

Lors des finales, les mécaniciens posent les voitures sur la grille de départ.

La prochaine course de ligue à Tours aura lieu en septembre prochain. Avis aux curieux qui voudraient venir profiter du spectacle : restez bien hors du champ de vision des pilotes.

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