Tours FC : « Cette année, ça ira mieux que la saison dernière »

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La Domino’s Ligue 2 reprend ce vendredi au stade de la Vallée du Cher. Pour son premier match, le Tours Football Club reçoit Le Havre. Entretien avec Jean-Marc Ettori, président du club tourangeau, pour évoquer la saison à venir.

La saison dernière a été compliquée. Vous vous maintenez officiellement à seulement deux journées de la fin du championnat. Quelles leçons faut-il en tirer et que faudra-t-il changer cette année afin de ne pas reproduire les mêmes erreurs ?

Jean-Marc Ettori : La saison dernière a été compliquée, tout autant que la saison d’avant et celle encore avant… Il y a quatre ans, le club était en faillite, un peu comme Bastia en ce moment. Apparemment, beaucoup de gens l’ont oublié mais pas moi. Donc effectivement, certaines années sont un peu plus difficiles que les autres mais les quatre dernières ont toutes été, en tout cas de mon point de vue, très compliquées. J’y ai fait face et j’y ferai encore face cette saison.

Mais, qu’est-ce qui d’après vous justifie votre 16e place de la saison passée et que pourriez-vous modifier pour éviter que cela ne se reproduise ?

Déjà, nous avons appris comme on apprend toujours des erreurs du passé. Nous allons donc essayer de ne pas commettre les mêmes erreurs de casting avec des joueurs qui ne se sentaient pas concernés, qui n’étaient pas en condition ou qui n’étaient pas au bon poste.

L’an dernier, même si la saison a été difficile, j’ai été en contact avec deux des meilleurs buteurs du championnat de Ligue 2. Ils ne sont pas venus parce que la presse a laissé entendre que le club était plus que mal en point, que les joueurs n’étaient pas payés… S’ils étaient venus la saison se serait déroulée totalement différemment. Ainsi va la vie.

Les saisons dépendent à la fois des joueurs que vous souhaitez voir venir et qui viennent ou ne viennent pas, de ceux qui viennent mais qui ne se sentent pas concernés, des joueurs pour lesquels nous attendions plus que ce qu’ils nous ont apporté. Le football n’est pas une science exacte. Il y a beaucoup de paramètres qui entrent en jeu dans la réussite d’une équipe. C’est aussi toute une alchimie entre les joueurs, les entraîneurs, les dirigeants… et un contexte médiatique compliqué ou non.

Je suis convaincu que, cette année, ça ira mieux que la saison dernière. Ce qui ne veut pas dire que nous serons dans les trois premiers.

-photo-jmeJean-Marc Ettori (c) Tours FC

La phase de préparation est maintenant terminée, qu’en retenez-vous ?

Je serai malvenu de vous dire quoi que ce soit car je suis resté chez moi pour travailler. Je n’ai donc pas assisté, sinon par téléphone ou mails interposés, à la préparation. Mais bien entendu que toutes les équipes, nous y compris, nous aurions aimé avoir une semaine de plus. Pourquoi ? Parce que nous avons deux joueurs importants, Rodéric Filippi et Fantamady Diarra, qui sont blessés. La préparation s’est donc faite sans eux et il est clair que j’aurais préféré avoir dix jours de plus pour les récupérer.

Elle a tout de même été meilleure que l’an dernier puisque, lorsque nous l’avions commencée, nous n’avions toujours pas d’entraîneur et nous avions quelques problèmes avec Marco Simone – que je salue au passage. Je pense que tous les voyants se sont, non pas mis au vert, mais à l’orange. En termes de préparation, d’effectif ou de blessure, nous aurons quand même des problèmes à régler tous les jours.

Comme vous l’avez dit, des joueurs importants sont blessés. Le fait que votre équipe n’ait gagné qu’un seul match de préparation sur les cinq, ça ne vous inquiète donc pas ?

Ça ne veut rien dire. Je pourrais vous dire : « Le Havre n’a pas gagné un seul match donc nous allons gagner contre eux ». Ça ne veut pas dire qu’on va gagner, ça ne veut pas dire non plus qu’on va perdre. Nous avons une petite carence offensive parce que nos éléments principaux sont blessés et deux autres ne sont pas encore au top niveau.

Ce sont des matches de préparation où nous faisons jouer beaucoup de jeunes joueurs, beaucoup de joueurs à l’essai. Cela est fait justement pour savoir qui l’on doit garder ou non, qui l’on doit mettre dans le groupe vendredi ou pas.

« le Tours FC n’est pas encore arrivé à un niveau où il peut se permettre d’acheter des joueurs. »

Concernant l’effectif, on constate notamment le retour à Lorient de Denis Bouanga, 3e meilleur buteur de la Ligue 2 la saison passée, son absence risque de se ressentir.

Il nous a été prêté, il revient dans son club et il va faire, je l’espère pour eux mais pas pour nous, les beaux jours du club. (Rires) Lorient l’a gardé alors qu’ils avaient de bonnes offres de bons clubs en France et à l’étranger car c’est un bon élément. On aurait aimé avoir les moyens de pouvoir le garder et même de dédommager le club de Lorient. Mais, le Tours FC n’est pas encore arrivé à un niveau où il peut se permettre d’acheter des joueurs. Nous allons donc continuer encore un certain temps à faire comme nous pouvons avec ce que nous avons.

Vous pensez avoir les joueurs nécessaires pour le remplacer ?

On n’a jamais le clone d’un joueur. Ils sont tours différents. Nous avons le jeune franco-américain Maki Tall qui était déjà chez nous l’an dernier en préparation et qui est un bon joueur. Il est très bien dans sa tête. C’est lui qui, dans un premier temps, va le remplacer. Mais, il lui manque l’expérience qu’avait Denis Bouanga et un peu de temps de jeu aussi.

Et puis, il y a d’autres joueurs. Parce que Denis Bouanga c’est bien mais chacun a son importante. Ce qui est essentiel c’est que cette équipe joue ensemble comme il faut et nous compenserons avec d’autres. En plus, le mercato n’est pas fini. Nous avons jusqu’au 31 août pour décider de trouver encore mieux ou pareil.

Bingourou Kamara, votre gardien depuis de nombreuses années, a été transféré à Strasbourg. Pour commencer la saison, Axel Kacou aura la place de titulaire…

Oui, c’est Axel Kacou, notre gardien numéro 2, qui passe numéro 1.

Vous cherchez quand même un autre gardien pour remplacer Bingourou Kamara ?

Chaque équipe doit avoir trois gardiens. Un numéro 1, un numéro 2, un numéro 3. Le numéro 3, c’est toujours un jeune qu’on essaie de faire monter. Pour ce métier de gardien il faut beaucoup de temps et d’expérience donc on ne met jamais ou très rarement un jeune portier qui a 17 ou 18 ans en première ligne.

Aujourd’hui, on a deux gardiens : un gardien confirmé et un gardien vraiment jeune. Il faut qu’on ait quelqu’un d’intermédiaire qui puisse prendre la suite au cas où il y aurait une blessure, un problème, un carton rouge, une expulsion.

Mais, Axel Kakou restera titulaire sur la saison ou cherchez-vous un nouveau numéro 1 ?

L’an dernier nous avons utilisé trois gardiens dans les deux premiers mois, ce qui selon mois était une erreur. Une erreur qui nous a d’ailleurs coûté un peu cher en début de saison. Le poste de gardien est un poste que l’on ne doit pas changer chaque semaine comme on peut le faire avec un attaquant. Donc, Axel Kacou est aux commandes et c’est à lui de montrer que la confiance qu’on a mise en lui est bien placée.

Avez-vous des pistes pour ce poste de gardien vacant ? On peut lire que vous vous êtes approchés de portiers tels que Julien Fabri, Ludovic Butelle, Jean-Louis Leca…

Tous les jours des agents nous proposent des gardiens mais aujourd’hui aucune décision n’a été prise. Nous avons discuté et nous discutons avec Cédric Carrasso, l’ancien gardien de Bordeaux. Et oui, nous avons discuté avec Ludovic Butelle (élu gardien de l’année 2016 en Belgique, ndlr), Jean-Louis Leca ou Julien Fabri. Mais vous savez, les discussions de football ce ne sont pas des « oui » ou des « non ». Ce sont des « peut-être », des « on va voir ». Il faut patience et sérénité. Rien n’est fait. Des discussions sont actuellement en cours avec 4 gardiens différents.

« Nous savons très bien depuis un mois que Saïf Khaoui ne viendrait pas chez nous »

Vous cherchez aussi un nouveau milieu de terrain ?

J’ai toujours dit qu’il nous fallait un gardien, un milieu de terrain et un attaquant pour épauler Fantamady Diarra et Maki Tall.

En ce qui concerne le milieu de terrain, nous sommes là aussi en discussion assez avancée. Je pourrai en dire plus dans les 48h. Nous cherchons un milieu qui ne soit pas forcément offensif mais que l’on appelle un box to box, qui va monter, descendre. Oui, nous étions en relation avec Yannick Cahuzac mais il est allé à Toulouse et c’est normal. Nous ne pouvons pas lutter contre un club de Ligue 1. Il a fait un choix que moi-même j’aurais fait.

Vous avez eu une discussion avec Jacques-Henri Eyraud, le président de l’Olympique de Marseille au sujet de Saïf Khaoui. Vous auriez aimé le récupérer ?

Bien sûr mais nous savons très bien depuis un mois, sauf les gens qui extrapolent et qui prennent leur désir et les photos que nous publions pour des signes que personne n’a vu sauf eux, que Saïf Khaoui ne viendrait pas chez nous et irait à Troyes. S’il n’avait pas trouvé de club de Ligue 1, Marseille était disposé à le prêter. La démarche a été faite, elle a été bien acceptée par tout le monde mais nous savions tous que s’il y avait une offre de la part d’un club de Ligue 1, il irait là-bas.

Plus globalement, l’effectif reste en grande partie inchangé. Vous avez pour le moment annoncé 5 nouvelles recrues (Djamel Bakar, Romain Bayard, Jordan Popineau, Florian Makhedjouf et Hameur Bouazza). Vous ne pouviez pas faire plus, notamment à cause de votre budget ?

Tout à fait. Nous avons fait appel d’une décision parce qu’au départ, nous n’avions pas un budget encadré, c’est-à-dire qui nous a été imposé. Nous avions proposé une masse salariale, qui avait été acceptée.

Entre temps, nous avions vendu deux joueurs à un prix supérieur à ce que nous avions programmé. Cela nous donnait la possibilité de demander à la DNCG de revoir sa position. Dans un premier temps, on m’a dit qu’à cause de ma suspension dans les « affaires de Niort », mon appel n’était pas recevable. Nous avons donc fait appel de cette décision et allons être obligés de remonter au CNOS en espérant que, cette fois, nous soyons entendus.

Nous avons demandé une masse salariale raisonnable, un peu supérieure à celle de l’année dernière à la même époque. Avec la vente de nos deux joueurs, nous avons des ressources plus élevées. Nous aurions voulu mettre une partie de cet argent dans une réserve qui nous aurait permis jusqu’à la dernière seconde de faire une bonne affaire si elle se présentait. Sinon, nous allons être obligés d’attendre le mois de décembre.

-jmettori(c) Tours FC

C’est aussi à cause de ce budget serré que vous avez décidé de miser sur les jeunes du centre de formation ? Plusieurs joueurs comme Ryan Raveloson, Baptiste Etcheverria ou Grégoire Coudert ont en effet signé leur premier contrat professionnel.

Non pas du tout, c’est une volonté délibérée. C’est une philosophie que de garder ces jeunes qui jusqu’à aujourd’hui nous ont sauvé. Prenons l’exemple de Bingourou Kamara. C’est un pur produit du centre que j’aurais aimé garder mais je ne pouvais pas car nous n’avons pas encore les moyens de refuser la rente d’un joueur. C’est la même chose pour Boris Popovic qui a été vendu à l’AS Monaco.

Un centre de formation qui nous coûte 1.5 million par an, il faut bien qu’il génère comme les bons arbres de bons fruits. Les bons fruits il faut les exposer au soleil de la Ligue 2. Tous les ans, nous essayons d’introduire les meilleurs. Ils viennent du centre et nous coûtent moins cher. Nous espérons qu’ils vont devenir de très bons joueurs dans l’avenir, qu’ils vont rendre de bons services au club, que nous les garderons le plus longtemps possible et que, si nous ne pouvons pas les garder, ils trouvent, comme Baptiste Santamaria, Saïf Khaoui, Bingourou Kamara, Boris Popovic et d’autres, d’excellents clubs.

Nous allons aussi recevoir des sommes rondelettes sur la formation d’Adam Ounas, qui était à Bordeaux et qui est parti à Naples, pour Medhi Benatia ou Andy Delort. Si demain Olivier Giroud était vendu on nous verserait aussi quelque chose. Et, si l’OM se qualifie pour la Coupe d’Europe, nous recevrons une somme conséquente car c’est ce qui était prévu dans une clause suite à la vente de Saïf Khaoui.

Ces sommes s’élèvent à combien ?

Ce sont des sommes qui oscillent entre 100 000 et 250 000 euros chacune.

Ce sont des sommes qui pourraient vous aider à rembourser votre dette de 890 000 euros ?

Soyons clair, nous n’allons pas rembourser notre dette en anticipation. Nous devons la rembourser sur encore douze mois sans aucun intérêt financier donc on va continuer à payer les douze mois restants comme nous avons payé les quarante-huit derniers. Mais, il est évident que cela va nous soulager et améliorer la trésorerie. Je vais aussi beaucoup mieux dormir !

J’ai fait de gros achats il y a deux semaines au club d’Evian qui a malheureusement déposé son bilan. J’ai acheté du matériel médical pour améliorer les soins des joueurs, du matériel en communication pour augmenter notre visibilité. J’ai acheté divers petits matériels pour une valeur conséquente, autour des 200 000 euros.

Chaque fois que nous le pouvons nous essayons d’améliorer le quotidien du club, des joueurs, des administratifs, des entraîneurs, des kinés… Parce que c’est à ces conditions là seulement que nous progresserons et que nous sortirons du piège de la Ligue 2.

« La priorité numéro 1, c’est le championnat. »

Justement, quels sont vos objectifs cette saison, aussi bien en championnat qu’en Coupe de la Ligue ou en Coupe de France ?

Nous ne pouvons pas courir après trois lièvres à la fois. Nous l’avons souvent vu avec des clubs comme Brest l’an dernier ou Sochaux. Donc, la priorité numéro 1, c’est le championnat. Dans ce championnat, il y a trois objectifs. Le premier c’est le même pour les 20 clubs : se sauver et finir au pire à la 17e place. Ensuite, chemin faisant, nous nous fixons d’être dans les dix premiers en fin d’année. À la reprise, en janvier 2018, si nous voyons que des choses sont possibles et que nous ne sommes pas largués, nous jouerons les cinq premières places. Cette année, le 5e jouera la montée en Ligue 1 au cours de ce qu’on appelle les plays-offs. Donc, si entre la 10e place où nous pourrions être et la 5e il n’y a que deux ou trois points et bien nous cravacherons un peu plus pour essayer d’atteindre cette 5e place. Elle ne sera pas synonyme d’accession directe à la Ligue 1 mais elle nous donnera une chance de plus.

Avec le groupe que vous avez constitué, pensez-vous pouvoir atteindre ce dernier objectif ?

On ne pense pas dans le football. On espère toujours atteindre un, l’objectif du maintien, deux, une bonne position au classement et trois, être dans les cinq premiers. On ne décide pas. Vous avez bien vu, Brest était devant mais Brest n’est pas monté. Jusqu’à la dernière journée, Lens pouvait monter et à deux minutes de la fin ils ne sont pas montés. Reims avait un budget de folie et ils ne sont pas montés. France Football avait dit qu’il y avait deux chèvres qui allaient descendre, Tours et Amiens. L’un est monté et l’autre n’est pas descendu. Finalement les deux chèvres n’étaient pas celles que l’on disait.

Vous ouvrez le championnat vendredi face au Havre. Ils vous avaient sèchement battus (0 – 4) lors de l’avant-dernière journée de la saison passée. Est-ce que c’est du passé, vous avez oublié ou êtes-vous un peu revanchards ?

Effectivement, ils nous ont battus lors de cet avant-dernier match où, comme nous étions sauvés, il y a eu un petit relâchement. Mais, nous les avions battus chez eux au match aller au moment où ils étaient 4e. Le football est ainsi fait. Donc, bien sûr que nous espérons gagner chez nous et chez eux mais le football n’est pas une suite logique d’algorithmes que l’on peut déchiffrer comme ça. Je pense et j’espère que nous les battrons autant de fois que nous les rencontrerons.

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