Sport numéro 1 dans le cœur de la population française, le football est plutôt dans le dur ces temps-ci en Indre-et-Loire. Les déboires de deux grands clubs ternissent son image et freinent son essor. Mais en coulisses on s’active pour redorer le blason de la discipline. D’où viendra le rebond ?
C’est le petit événement politico-people tourangeau du milieu de l’été. Au cœur du mois d’août, on apprenait que l’ancien maire de Tours Christophe Bouchet avait l’intention de se présenter pour devenir le nouveau patron de la LFP, la Ligue de Football Professionnelle. Candidat déclaré pour reprendre la mairie en 2026, l’actuel élu d’opposition centriste au conseil municipal court donc un nouveau lièvre.
L’homme possède des atouts : il a dirigé l’Olympique de Marseille et connait très bien le milieu du ballon rond sur lequel il a encore récemment publié un ouvrage, Main basse sur l’argent du foot français (Robert Laffont). A ce titre il est régulièrement sollicité par les médias nationaux quand il s’agit d’évoquer les frasques du monde du foot
Cependant, d’avis d’observateurs, Christophe Bouchet n’est pas forcément le favori pour ce genre de poste. A son désavantage : un profil clivant et un retrait des instances depuis un petit moment. Aurait-on pu alors l’imaginer prendre un rôle de premier plan en Touraine ? Pas beaucoup plus. Il n’en a jamais exprimé publiquement le désir depuis qu’il a quitté la vice-présidence du Tours Football Club en 2011. D’ailleurs en Touraine, politique et actions de terrain ne font pas vraiment bon ménage, l’actuel adjoint au maire chargé des sports Eric Thomas en ayant fait les frais, accusé de conflits d’intérêts entre ses fonctions à la Ville et ses liens étroits avec certains clubs.
Les ambitieux venus de l’extérieur se sont aussi cassé le nez. Après une décennie de frasques et de dettes, l’homme d’affaire corse Jean-Marc Ettori vient de céder 95% du Tours FC à l’investisseur belge Ivan Desmet. Quant au consultant de BeIn Sports Omar Da Fonseca, pressenti pour reprendre le club Ciel et Noir avec le soutien de la mairie, avant de s’intéresser – sans succès – à Joué, il a totalement disparu du paysage.
En Indre-et-Loire il n’y aurait donc personne qui a les épaules pour porter le foot au plus haut ? On ne demande pas le retour en Ligue 1 comme aux plus belles heures du TFC mais au moins de retrouver une sérénité et un peu d’enjeu alors qu’aujourd’hui, aucun club départemental n’est engagé au-delà de la 5e division. Et malgré des structures comme le centre de détection de St-Cyr-sur-Loire, ou les pépinières Ciel et Noir de la Vallée du Cher, la formation tourangelle n’a pas fait beaucoup d’éclat ces dernières années.
Le salut viendra-t-il d’Ivan Desmet ? On l’a dit, il a pris le contrôle du plus gros club tourangeau dans le courant de l’été, après plusieurs mois de tractations et l’injection de plusieurs centaines de milliers d’€. S’il parvient à faire annuler la liquidation judiciaire de la structure prononcée avant les grandes vacances, il aura le champ libre pour bâtir son projet, envisageant un retour à moyen terme dans le championnat de National.
Cet objectif est ambitieux mais pas impossible. Il va néanmoins nécessiter des moyens conséquents et une régularité sportive implacable. Pour performer, l’équipe première compte sur un ancien joueur de champ parti de la Vallée du Cher en 2018 : Bryan Bergougnoux, propulsé coach après le départ de Nourredine El Ouardani. Ce dernier a tout donné ces dernières années mais la dernière crise a été celle de trop.
Ce changement sur le banc en dit long sur la situation. Avant de briller, le TFC doit d’abord évoluer dans un état d’esprit serein. Ce n’est qu’avec ces bonnes bases qu’il pourra espérer monter sans se casser les dents. Car même une dynamique solide ne suffit pas comme l’a prouvée l’expérience d’Avoine qui n’aura passé qu’un an en N2. Une saison où les Véronais n’ont pas démérité mais le niveau de cet échelon est de plus élevé rendant la tâche particulièrement ardue fac à des équipes expérimentées ou des poids lourds du foot en mal de gloire comme Bordeaux.
Alors qui pour porter le foot tourangeau aujourd’hui ? Pas Tours, pour l’instant. Avoine peut-être, s’ils parviennent à rebondir rapidement. Montlouis ? Pourquoi pas. L’an dernier son équipe de N3 a fait la course en tête toute l’année avant d’être coiffé au poteau par Poitiers dans la course à la montée. Les Montlouisiens repartent donc ambitieux et se sont offert un beau mercato, enrôlant notamment l’ex-gardien du TFC Jules Goda. On pourrait aussi penser au FCOT de Ballan-Miré mais ses résultats sont assez irréguliers. De plus, les Sang et Or n’ont pas été exemptés de crise, épinglés pour une prétendue affaire de contrats d’apprentissage bidons révélée en début d’année par la NR.
On ne peut pas non plus miser sur Joué-lès-Tours. Malgré près de 600 licenciés, le JFCT s’est effondré cet été, placé en liquidation judiciaire. Il paye un trou de 85 000€ dans les caisses mais aussi des errances de gestion ces dernières années entre direction fluctuante et déboires avec la préfecture pour des questions de comportements autour du Stade Jean Bouin. Cette chute, c’est un séisme de plus dans le paysage footballistique tourangeau. Mais à la différence de Tours où la ville se fait très discrète sur le dossier Tours FC, la municipalité jocondienne a immédiatement réagi.
Vendredi 30 août, elle a ainsi annoncé la création d’une structure unique en Indre-et-Loire : une école municipale de football dédiée aux 6-13 ans, reprenant les créneaux du JFCT à Jean Bouin et ambitionnant d’accompagner au moins 200 enfants (inscriptions dès le 7 septembre au forum du sport et des associations au complexe sportif situé près du lycée Jean Monnet).
Ce dispositif n’aura pas pour but de relancer un club avec des ambitions sportives en championnat, seulement de maintenir la flamme autour du foot. Pour aller plus haut, il faudra des personnalités motivées, avec un réseau, notamment pour aller chercher des partenaires financiers. Des denrées humaines très rares, puisqu’il a par exemple fallu aller jusqu’en Belgique pour trouver le potentiel sauveur du TFC. Et rien ne dit que l’homme aura l’énergie sur le long terme, tant la tâche est ardue.
Quand on analyse tout ça, on se demande donc ce qui pourrait donner un coup de fouet au football tourangeau afin de lui permettre de retrouver le niveau de ses ambitions. D’autant qu’une union de clubs parait peu probable, au vu des rivalités existantes entre les différentes chapelles. Cela n’est pas forcément un drame, l’essentiel étant de garantir une pratique sportive au plus grand nombre. C’est quand même dommage pour l’Histoire et les supporters.