C’est l’une des plus grosses structures sportives de la ville de Tours : basé au Palais des Sports du Sanitas, le club des Enfants de Neptune forme enfants et adultes à la natation et aux sports de piscine comme le water polo. Une structure qui était un peu en souffrance depuis le Covid mais qui reprend des couleurs après les belles performances estivales de la natation française lors des Jeux Olympiques. L’espoir est maintenant de détecter une pépite qui pourrait faire briller la Touraine lors de futurs JO.
Les coupes sont bien rangées tout autour de la vaste salle qui sert de bureau à l’EN Tours. Placée en surplomb de la piscine Bozon et de la salle Danton, elle est au cœur du Palais des Sports, au 2e étage. C’est l’espace où travaille Céline Pagé-Sabourin, la directrice technique. 25 ans d’investissement pour ce club qu’elle dirige, sans oublier de prendre le temps de s’entraîner elle aussi dans le bassin de 50m. Elle fait ça tôt le matin, avant de suivre ses dossiers.
Les Enfants de Neptune c’est 5 salariés et une estimation de 800 à 850 licenciés pour cette saison 2024-2025. On en compte déjà 650, et d’autres inscriptions sont à venir au fil des mois pour les différentes disciplines : cours de natation loisirs, bien-être, compétition, forme et santé ou encore water polo. « C’est très bien car l’an dernier début octobre on était à peine à 600 personnes » commente Céline Pagé-Sabourin. Cela reste tout de même en deçà du record qui dépassait les 900 dossiers remplis juste avant la crise Covid.
« On a un peu morflé. Des rumeurs disaient que la maladie s’attrapait par la piscine » se remémore la nageuse qui remercie les JO pour cette popularité retrouvée de la natation. Un coup de boost qui n’est pas automatique : « Le dernier effet olympique qu’on avait senti c’était après Londres quand la natation française avait eu 6 médailles et au moment où Laure Manaudou avait remporté ses titres. » Ça, c’était en 2004.
Cet effet JO, ou effet Léon Marchand du nom de l’athlète tricolore qui a remporté 4 médailles d’or dans le bassin de La Défense Arena, « on a surtout l’impression de se voir sur les petits et les adultes » commente la directrice technique aux côtés de l’entraîneur Aurélien Merouze. Les premiers rêvent. Les seconds « se rendent compte qu’en fait on peut nager comme on pourrait aller courir ».
Il faut alors rappeler que la natation fait partie des rares disciplines complètes, reconnue pour faire travailler tout le corps. Et même si l’EN Tours se veut comme un club phare capable de gagner beaucoup de titres au niveau régional et national, seuls 150 membres font de la compétition ce qui laisse beaucoup de place au loisir. « On a beaucoup de demandes pour le bien-être » indique Céline Pagé-Sabourin.
Le résultat : des groupes parfois complets, où il faut refuser du monde. D’autant que les créneaux de disponibilité de la piscine Bozon ne sont pas extensibles. « On l’occupe de 8h à 22h » glisse la responsable, qui ne pouvait pas – par exemple – proposer des créneaux au club de l’USSP de St-Pierre-des-Corps, privé de bassin à cause d’un incendie de la piscine corpopétrussienne fin juillet. En revanche, plusieurs de ses membres ont pris leur carte à l’EN Tours pour cette nouvelle saison.
Au Sanitas, la natation se pratique dès 4 ans avec tout un accompagnement pour celles et ceux qui veulent se mesurer aux autres en compétition. On peut se lancer dès que la maîtrise conjointe du papillon, du crawl, du dos et de la brasse est assurée. Puis les collégiens et lycéens ont un programme spécial si ils veulent viser les sommets. L’EN Tours se donne donc les moyens de former des cracks de la discipline. Néanmoins il reste sur sa faim. « On aimerait avoir plus d’engagés en compétition » nous dit Céline Pagé-Sabourin, qui précise tout de même que ce taux est comparable à la moyenne nationale.
Le désir suprême, c’est d’avoir de nouveau une pépite issue de Tours aux Jeux Olympiques. Il y en a eu 4 dans l’histoire. « On attend la perle rare » espère la directrice technique, même si elle sait qu’il faudra sûrement la lâcher en cours de formation au profit d’une structure nationale aux moyens plus adaptés pour le très haut niveau. Voire d’une formation aux Etats-Unis, comme pour Léon Marchand. « C’est arrivé 3 fois au club » souligne sa responsable.
En attendant sa pépite, l’EN Tours ne manque pas de briller, se targuant d’être le club régional qui obtient les meilleurs résultats : Léonie Huvet-Pansard médaillée au championnat des jeunes la saison dernière, 4 médailles au championnat de France petit bassin junior pour Eden Bigot ou encore Océane Gay, titrée lors du même rendez-vous. « C’est pas mal, certaines années on a fait moins que ça » relève Céline Pagé-Sabourin qui fait avec un budget contraint mais stable. « Ça reste dur, il faut serrer » précise-t-elle, sans faire partie pour autant des dirigeants de clubs qui se plaignent du niveau des subventions publiques, remerciant par exemple la Ville de Tours qui a récemment investi dans un grand écran pour afficher les résultats des compétitions à la piscine Bozon.
Cet équipement pourrait être un atout pour accueillir des rendez-vous majeurs comme un championnat de France N2, en plus des meetings annuels qui se déroulent à Bozon. Rénovée en 2013, et plutôt en bon état, la piscine reste la seule structure publique à proposer un bassin de 50m en Touraine (celui du Centre Aquatique du Lac est privé, les autres sont à Chartres, Bourges ou Orléans).
Avec 5 salariés à plein temps et autant de vacataires, une apprentie récemment recrutée, l’EN Tours est un club prudent mais pas sans ambitions. Une structure qui s’apprête à fêter ses 80 ans lors d’un grand rendez-vous festif en décembre à l’Hôtel de Ville avec plusieurs anciennes figures locales attendues. Parmi ses projets : accentuer encore le développement du water polo mais aussi renforcer l’accueil des personnes en situation de handicap dans la foulée des Jeux Paralympiques : « Nous n’avons pas encore vraiment de groupe mais nous pouvons les intégrer sur des créneaux de nage ou forme-santé et sur le long terme ce serait bien de le développer » table Céline Pagé-Sabourin.
Son autre ambition à long terme ce serait la création d’un club de natation de Tours Métropole, pour mutualiser les forces et les compétences avec Joué, Fondettes ou Luynes. « Cela apporterait déjà plus de place car on aurait plusieurs pôles, plusieurs piscines. Si on arrive à se réunir on aura plus de poids. » Un simple souhait pour le moment : aucune discussion officielle n’a débuté. L’urgence consiste plutôt à trouver des éducateurs, et à les garder dans un contexte où le recrutement est de plus en plus difficile, avec une concurrence du privé ou des collectivités qui offrent davantage de largesse de rémunération.
« La filière d’encadrement est en voie de disparition. Il y a beaucoup de découragement car c’est dur. On travaille le soir, le week-end, les vacances » déplorent Céline Pagé-Sabourin et Aurélien Merouze. « Ce qu’on ne veut pas c’est des personnes qui sont là pour l’alimentaire. C’est un métier-passion » ajoutent le duo encadrant. Avec la récompense des résultats. Mais qui ne suffit pas : dans la profession, l’ancienneté a désormais du mal à dépasser les 5 ans.