Elisa Riffonneau, une joueuse de rugby jocondienne à la Coupe du Monde avec l’équipe de France

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Nouveauté sur 37 degrés : nous sommes fiers de nouer un partenariat avec l’association Les Cafés du Sport Tourangeau pour la saison 2025-2026. Régulièrement nous publierons des articles réalisés par ses équipes : interviews, analyses ou reportages avec les figures tourangelles mais aussi des articles autour des enjeux sociétaux du sport dans le département d’Indre-et-Loire. Le premier sujet est à découvrir ci-dessous. Il est réalisé par Antoine Burbaud.

L’équipe de France s’est qualifiée, ce dimanche 7 septembre, pour les quarts de finale de la Coupe du Monde de rugby féminin. Avec le concours d’Élisa Riffonneau, qui a fait ses premiers plaquages au stade Pierre Albaladejo de Joué-lès-Tours, et qui étudie à Sciences Po Grenoble, en parallèle de cette brillante carrière internationale. Rencontre.

De 320 en 1971, le nombre de joueuses de rugby licenciées en France a désormais passé la barre des 50 000. Avec un boom plutôt récent : en effet, en 2014, seulement 2 à 3 % des licenciés de rugby à XV en France étaient des femmes, ce qui en faisait alors l’un des taux de féminisation les plus faibles parmi les sports collectifs en France. Mais en 2021, les féminines représentaient 10,8 % des licenciées FFR. Puis 12 % en 2023, et enfin 14 % aujourd’hui, en 2025.

Plusieurs facteurs expliquent cette expansion. Les résultats de l’équipe de France n’y sont pas étrangers, forcément, même si les Bleues ont toujours figuré parmi les meilleures nations de rugby féminin, avec plusieurs grands chelems lors du Tournoi des 6 nations, ainsi que sept podiums en coupe du Monde depuis 1991.

Mais l’écart semble se réduire avec les deux mastodontes que sont l’Angleterre et la Nouvelle-Zélande. Et peut-être que, en ce mois de septembre, les Bleus vont réussir à briser le plafond de verre : en tout cas, le début de leur Coupe du Monde laisse entrevoir quelques espoirs. L’équipe de France est sortie leader de sa poule (victoires plutôt éclatantes face à l’Italie, le Brésil et l’Afrique du Sud), ce qui lui vaudra de défier l’Irlande en quarts dimanche 14 septembre à Exeter, plutôt que la Nouvelle-Zélande (et c’est sans doute mieux ainsi).

Avec Élisa Riffonneau sur le terrain ? La Jocondienne « fait tout pour » en tout cas, comme elle nous l’a confié la semaine dernière. « Je donne tout à l’entrainement et je montre que je peux être opérationnelle à chaque instant, que le staff peut compter sur moi, tout en œuvrant pour le collectif. » Jusqu’ici, Élisa est entrée en jeu à deux reprises, face au Brésil (45e), puis à l’Afrique du Sud (52e). 

La déception de 2022

Née en 2003, la Jocondienne dispute ici sa première Coupe du Monde, faisant partie des 32 heureuses élues. « J’avais été présélectionnée parmi les 38, en 2022, pour la Coupe du Monde en Nouvelle-Zélande, mais je n’avais pas été retenue. J’étais jeune, mais cela avait été douloureux. Ce fut donc une grande émotion pour moi et mes proches, début août, à l’annonce de la sélection définitive. »

En trois ans, la talonneuse s’est frayée un chemin, prenant part au tournoi international WXV en Nouvelle-Zélande en 2023, mais aussi aux Tournois des 6 Nations en 2023 et 2024. À force de patience et de travail, du côté du Stade Rennais, de Londres, puis de Grenoble ; un parcours principalement guidé par ses études. Car il lui faut trouver des villes où sont à la fois Sciences Po et du rugby féminin de haut niveau, afin de pouvoir mener de front ses deux parcours.

« Mes études nécessitaient une année à l’étranger, j’ai évidemment choisi un pays de rugby et pas trop éloigné de la France pour pouvoir revenir jouer facilement avec l’équipe de France, en cas de sélection. En plus de la langue, j’ai beaucoup appris sur moi et progressé sur le terrain, dans un championnat très exigeant. »

Parmi les rares joueuses sous contrat

Bien loin des salaires à cinq ou six chiffres de ses homologues masculins, payés par leurs clubs (dont les budgets sont notamment dopés par les droits TV), Élisa est payée pour de sa passion, son métier à mi-temps, en parallèle de ses études. « J’ai en effet la chance de faire partie de la trentaine de joueuses sous contrat avec la fédération française de rugby, ainsi que de pouvoir aménager mon emploi du temps pour mes études », confie-t-elle.

À bientôt 22 ans – elle les aura en novembre – Élisa ne sait pas encore combien de temps elle évoluera sur les terrains de rugby. Ses prochains défis sont de décrocher un stage (en événementiel) et, évidemment, de se faire une place au soleil, sous le maillot frappé du coq. En ce mois de septembre, mais aussi après : elle est pour l’heure barrée à son poste par la solide bordelaise Agathe Gérin (31 ans, 79 sélections) au poste de talonneuse, et doit donc se contenter d’un rôle de doublure.

« Élisa a beaucoup bossé ses points faibles, beaucoup travaillé la touche, la mêlée, la défense, etc., expliquait Léo Brissaud, son entraineur à Grenoble, à L’Équipe, en août dernier. Elle a aussi gagné en leadership, car on lui a filé les clés du camion en lui disant d’en profiter, ce qu’elle a fait en restant rayonnante. On a tous senti un déclic chez elle. À partir du moment où Élisa a confiance en elle, elle mérite vraiment qu’on lui fasse confiance, car elle va vous la rendre. »

« On sent un intérêt, un soutien »

La Jocondienne nous le confiait d’ailleurs la semaine dernière. « Mon poste nécessite de la polyvalence, de la puissance pour être performante sur les phases arrêtées. Mais aussi des qualités de leadership, la mêlée et la touche en nécessitent. »

À Joué-lès-Tours – le club de ses débuts, où elle vient de temps en temps se ressourcer – on sera forcément devant le poste de télévision dimanche (match à 14 h, en direct sur TF1) ; tout comme à Caen, où évolue « celle qui m’a donné envie de faire du rugby, dont j’ai suivi les pas » : sa sœur Alicia, son aînée de six ans, qui joue encore en Fédérale, en tant que talonneuse et pilier du club normand, après avoir porté elle aussi les couleurs de l’équipe de France, des moins de 20 ans.

« Je me souviens de la Coupe du Monde en 2014, qui se disputait en France, que ma sœur suivait à fond. Moi, un peu moins, j’étais plus portée sur le handball à ce moment-là, que je pratiquais à Joué-lès-Tours. Je fais le parallèle, car je sens que la Coupe du Monde 2025 – parce qu’elle se déroule en Angleterre, sur un fuseau horaire proche, et parce qu’elle est bien médiatisée – suscite beaucoup d’intérêt, du soutien. On le sent bien, même ici, dans nos camps de base anglais. »

Si les Bleues atteignent la finale – qui se déroulera dans l’antre mythique de Twickenham, le 27 septembre – on peut espérer que le rugby se conjuguera encore un peu plus au féminin dans les écoles de rugby françaises ces prochains mois.

Un degré en plus :

Pour la rentrée, Les Cafés du Sport Tourangeau organisent une rencontre avec Camille Comte, Moatassim Rhennam et Mladen Kašić les 3 nouveaux coachs des grandes équipes tourangelles : le Chambray Touraine Handball, le Tours Métropole Basket et le Tours Volley Ball. Le rendez-vous est programmé ce lundi 15 septembre à 20h15 chez Etape 84 Avenue de Grammont à Tours, et ça commencera par un échange avec les deux têtes de l’Union Foot de Toraine (Basile Riboud et Olivier Pickeu). Entrée gratuite mais sur inscription en cliquant ici.

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