L’association Caracol, arrivée en 2025 à Tours, a pour ambition de donner une nouvelle solution de logement temporaire pour les populations précaires tout en luttant contre la vacance immobilière avec la mise en place de colocations mixtes et solidaires. Reportage dans l’ancien internat des Compagnons du Devoir maintenant prévu pour accueillir 32 colocataires jusqu’à juin 2026.
Ce n’est un secret pour personne : se loger à Tours quand on a un budget réduit s’avère être un véritable parcours du combattant. Une difficulté encore plus prononcée pour les étudiants qui s’arrachent chaque année les cheveux pour trouver un simple petit studio pour la rentrée. D’autant plus que les loyers sont aujourd’hui toujours en hausse, plus 3,4% en un an.
Bien sûr, il existe les logements étudiants du CROUS qui permettent de trouver un toit à moindre coût. Sauf qu’aujourd’hui, avec les quelques milliers de logements disponibles, il est impératif de faire une demande presque 3 mois avant la rentrée pour espérer avoir une place.
Pour tenter d’apporter une autre solution, une nouvelle association est arrivée début d’année 2025 : Caracol.
Déjà présente à Paris, Lyon, Strasbourg et dans la région d’Occitanie, Caracol se donne pour mission de proposer des colocations temporaires, mixtes et solidaires. Pour cela, elle s’appuie sur l’occupation de bâtiments vacants (comme des hôtels abandonnés ou des maisons), grâce à la collaboration de bailleurs sociaux et de collectivités.
Ainsi, cela permet dans le même temps de lutter contre la vacance immobilière qui représente aujourd’hui environ 10% du secteur immobilier en France. L’association opère dans le cadre de l’article 29 de la loi ELAN (promulguée en 2018 pour lutter contre la crise du logement) et de l’intermédiation locative, une démarche solidaire contribuant à loger les personnes les plus modestes.
A Tours, c’est par la demande du réseau d’accueil de personnes réfugiées “J’accueille” et de la mairie de Tours que Caracol a décidé de venir s’implanter. Fonctionnant en regroupement avec “J’accueille” et Bureaux du Coeur (un réseau d’entreprises hébergeant des personnes précaires en exploitant des bureaux inoccupés), c’est dans l’ancien internat des Compagnons du Devoir, au 5 rue Paul Louis Carrier (à quelques pas de la faculté des Tanneurs) que Caracol a décidé d’installer sa première colocation. Une installation possible notamment grâce à un partenariat financier et technique avec la mairie et Tours Métropole qui ont financé une partie des travaux et de l’ameublement (ce dernier provenant en grande majorité de récupération ou de dons de particuliers).
D’une surface de 1 000 m2 sur 3 étages, ce bâtiment est prévu pour accueillir une colocation de 32 personnes. Dans cet espace, ces derniers peuvent bénéficier d’une chambre (individuelle ou chambre de couple) allant de 10 à 30 m2 avec une grande cuisine partagée, un réfectoire, 4 salles communes, plusieurs salles de bains et sanitaires partagés et, en prime, deux cours extérieures parfaitement isolées du bruit du centre-ville.






Un logement parfait pour Kenza, 26 ans, étudiante en Histoire de l’alimentation à l’Université de Tours, arrivée fin du mois d’août :
“J’ai découvert le projet, l’année dernière, en allant au forum du logement étudiant de Tours. Avant, je vivais chez mes parents en Ile-de-France et j’ai trouvé que ce dispositif était parfait pour moi. J’arrivais dans une nouvelle ville et je ne voulais pas tout de suite vivre toute seule coincée entre 4 murs. Donc ce logement, c’est une belle transition parce que tu est seule mais pas complètement. Tu peux toujours croiser quelqu’un dans la journée et discuter. Aussi ça me permet de me dire que je peux me débrouiller toute seule sans l’aide de mes parents, qui n’ont pas forcément la possibilité de me l’apporter.”
Concernant le loyer, celui-ci a été pensé pour permettre aux personnes les plus précaires de bénéficier du dispositif. Ainsi, sont demandés entre 275 et 320 euros (ou 375 pour les chambres de couple) toutes charges comprises, éligible aux aides de la CAF, comme l’allocation de logement sociale, et aux Fonds de solidarité pour le logement.
Pour pouvoir se loger dans ces locaux, des critères ont été établis. Il faut par exemple être âgé de 18 ans minimum, sans enfant, avoir une situation administrative en règle ou encore avoir un revenu régulier minimum équivalent au RSA ou aux minimas sociaux.
Aussi, il est impératif d’avoir envie de vivre en collectif, pierre angulaire du dispositif. “A Caracol, on apporte une réelle importance à la mixité dans le sens large : culturelle, générationnelle, etc.., explique Marie-Line Naves, responsable de l’antenne de Tours de Caracol, l’idée est de créer un véritable collectif permettant l’ouverture d’esprit, les rencontres et l’inclusion sociale par la création de liens.”
Dans cette optique, des ateliers et différentes animations seront organisés pour et par les locataires pour faire vivre la colocation. Des permanences sont également organisées par l’équipe de Caracol et un groupe Whatsapp ont été mis en place pour faciliter la communication entre les bénéficiaires.


Au moment où cet article est rédigé, déjà 16 locataires ont emménagé depuis le 15 juillet dernier dans le bâtiment. 3 autres devraient passer la porte prochainement. Au niveau des profils des habitants, on retrouve aujourd’hui une majorité d’hommes et une tranche d’âge allant de 18 à 51 ans (dont 70 % de moins de 30 ans). Certains d’entre eux ont notamment été orientés par des partenaires associatifs de Caracol ou par la Caisse communale d’action sociale. Lors de la publication des annonces de logement, près de 105 candidatures ont été envoyées à l’association.
Comme précisé en début d’article, ces logements ne sont pas permanents. Propriété de la mairie de Tours, le bâtiment sera à la charge de Caracol jusqu’au 19 juin 2026. Après cela, il devrait être revendu à un promoteur immobilier.
Un degrés en plus
Dans la volonté de proposer d’autres solutions de colocation temporaire et solidaire, Caracol lance un appel à tous les bailleurs sociaux et collectivités de la ville de Tours qui souhaiteraient investir leurs locaux inutilisés.
Pour contacter l’association, rendez-vous sur leur site internet caracol-colocation.fr .






