Quel futur pour le tourisme en Indre-et-Loire ?

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A l’issue de la haute saison 2024, plusieurs acteurs du tourisme évoquent un été assez moribond avec une fréquentation en baisse ou des touristes moins dépensiers. Est-ce une réalité ? Quels en sont les facteurs ? Mais, surtout, est-ce une fatalité ?

Il parait que les commerçants font partie des plus grands râleurs de France. En ce début de mois de septembre, il n’y a pas besoin de chercher très loin pour en entendre qui se plaignent d’une sale saison touristique. Des restaurants quasiment vides le midi, des hôtels qui ne font pas le plein, des boutiques peu fréquentées ou des bars à l’ambiance tristounette… Les témoignages sont légion. Et pourtant. En centre-ville de Tours, une grande enseigne de mode nous assure avoir fait un mois de juillet comparable à 2023 puis un mois d’août meilleur que l’année passée, avec une bonne clientèle étrangère.

Un exemple isolé ? Pas si sûr. On a aussi plusieurs témoignages de restaurants réalisant de très bons chiffres, notamment les adresses gastronomiques. Affluence séduisante également pour bon nombre d’événements estivaux de l’Indre-et-Loire, ainsi qu’une quantité non négligeable de monuments. Et dans les rues, il n’est pas rare qu’on nous assure avoir vu « beaucoup d’étrangers » cette année.

Alors où est la réalité ? Sans doute entre les deux. Objectivement, la haute saison 2024 ne restera pas dans les annales. La météo capricieuse a flingué les professionnels tributaires des réservations de dernière minute et freiné l’élan des campings ou de la Loire à Vélo. Les Jeux Olympiques ont également eu un impact, concentrant l’attention sur Paris ou décourageant certaines personnes de voyager durant cette période pour éviter des perturbations.

Néanmoins, à l’inverse, on nous évoque aussi le retour d’une clientèle lointaine pas forcément très habituée de la Touraine. Des clients des Etats-Unis, d’Asie, voire d’Amérique du Sud ou du Moyen-Orient (Arabie Saoudite, Emirats Arabes Unis…). Des touristes à fort pouvoir d’achat qui boostent le secteur luxe et premium tandis que les Belges, Allemands ou Néerlandais vont plus dans des établissements de moyenne gamme, ceux qui ont l’air de tirer le plus la langue ces temps-ci.

Avant de déprimer, il faut aussi rappeler que ces dernières années la Touraine et le Val de Loire sont montés très haut en matière de tourisme. Les 500 ans de la Renaissance et l’après-Covid ont considérablement boosté la destination grâce à des événements marquants et l’attrait considérable pour le vélo. Après avoir fait tomber tous les records, on pouvait s’attendre à un tassement voire à une petite régression, l’essentiel étant de ne pas retomber durablement en-dessous des seuils observés avant 2019.

Ainsi, comment maintenir l’attrait touristique ligérien ? L’un des premiers enjeux consiste à fidéliser le public. Faire revenir celles et ceux qui découvrent les bords de Loire pour Chenonceau, Amboise et Azay-le-Rideau. Les encourager à revenir une deuxième fois pour Montpoupon, Rigny-Ussé ou Candes-Saint-Martin. Capter les cyclistes de la Loire à Vélo pour les entraîner sur les bords de l’Indre ou la nouvelle voie verte du Lochois. Année après année, l’Indre-et-Loire booste son catalogue touristique mais manque peut-être de nouvelles locomotives attirantes.

A ce titre, Tours a aussi tendance à ronronner. Malgré des acteurs à succès comme le Musée du Compagnonnage ou les guinguettes, la ville peine à retenir les touristes plus d’une nuit, quand ils n’évitent pas carrément l’étape. Faudrait-il un grand événement culturel estival ? Rendre le CCC OD plus attrayant avec des artistes contemporains davantage porteurs ? Attirer des chefs ou concepts de restauration médiatiques ?

Les pistes ne manquent pas. Et s’il est important de souligner que Tours comme la Touraine disposent d’atouts touristiques indéniables, l’expérience clientèle a sans doute vocation à être poussée encore plus loin. Être par exemple capable de séduire aussi bien le public aux revenus modestes que les plus fortunés. Pour ces derniers, l’offre hôtelière a tendance à s’étoffer avec les ouvertures récentes de Trésorières (Tours) ou du Château Louise de la Vallière (Reugny). Et ça va continuer avec la rénovation du Château d’Artigny (Montbazon) ou la transformation du Choiseul (de nouveau à Amboise).

Cela ne fera pas tout, certains s’évertuant par exemple à déplorer l’absence de restaurants étoilés Michelin sur le territoire de la ville de Tours. Mais cela va bien au-delà, avec par exemple la possibilité de proposer des circuits premium ou des expériences hors du commun comme la récente proposition d’Air Touraine qui commercialise des vols en dirigeable (prestation rare en France, qui a bénéficié récemment d’un zoom au JT de TF1, la première chaîne d’Europe).

Pour les classes moyennes supérieures, c’est l’offre en hébergements insolites dans des cadres bucoliques qui pourrait être étoffée. Et le catalogue d’animations familiales pour le public tourangeau désireux d’explorer son territoire pendant les beaux jours (car il ne faut pas le négliger non plus, ce qu’ont très bien fait Saint-Avertin, Tours ou Joué cet été).

Enfin, ces différentes stratégies touristiques ne devront pas oublier l’enjeu environnemental, de plus en plus présent dans les critères de choix des visiteuses et des visiteurs. On pense aux circuits vélo, bien sûr. Mais aussi aux randonnées Vignes Vins Randos, un événement qui affiche complet chaque année et qui pourrait donner des idées à d’autres. Avec les JO, Paris et la France se sont offert une vitrine unique en mondiovision. Même sans avoir accueilli d’épreuves, la Touraine aurait tort de ne pas se bouger pour en profiter. Sans pour autant sacrifier ce qui fait son identité : la douceur de vivre, l’Histoire rigoureuse et la nature préservée.

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