Portes de trains et impression 3D : immersion chez un géant tourangeau du ferroviaire

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L’Indre-et-Loire est un territoire qui compte dans l’industrie française du ferroviaire. Ce n’est pas Belfort ou La Rochelle avec les bases du géant Alstom mais le technicentre SNCF et la présence de sous-traitants du secteur en font une plaque tournante indispensable. Reportage chez Wabtec, le mastodonte départemental du secteur, succursale d’un groupe mondial qui emploie 27 000 personnes dans 50 pays pour un total de 10 milliards d’€ de chiffre d’affaire annuel.

Ce jeudi 18 juillet la préfecture d’Indre-et-Loire a organisé une visite protocolaire de l’usine Wabtec de St-Pierre-des-Corps. Un grand raout avec un député, 3 maires, le président de Tours Métropole, le N°1 de la Société d’Equipement de la Touraine… Bref, beaucoup de monde, beaucoup d’yeux, « mais ne faites pas trop de photos pour des raisons de confidentialité » qu’on nous dit. Un peu difficile à entendre face à la kyrielle d’objectifs qui nous entourent.

Qu’à cela ne tienne on vous ramène quand même une série de clichés depuis l’intérieur d’un des fleurons de l’industrie tourangelle, un peu au même niveau qu’SKF ou ST Microelectronics. Wabtec c’est 800 personnes qui travaillent sur les sites de St-Pierre-des-Corps et La Ville-aux-Dames, soit plus de 50% des effectifs français du groupe qui a récemment racheté Faiveley, entreprise ferroviaire implantée en Touraine depuis les années 1960 (son grand entrepôt a commencé son activité en 1967).

Depuis sa reprise, le site est en pleine mutation. D’ici 2026, il fermera son entité gynépolitaine pour tout concentrer sur son adresse corpopétrussienne à proximité des voies de la gare SNCF, de la chaufferie biomasse et de la zone industrielle des Grands Mortiers. Au total, 16 000m² pour construire des portes de trains, des pièces de rechange ou des équipements techniques destinés aux TGV français, aux trains grande vitesse allemands (les ICE) ou encore aux nouveaux métros automatiques de la région parisienne. Le constructeur basque CAF fait également partie du fichier client.

« Nous sommes leaders sur le marché des portes de trains et des portes palières installées sur les quais » explique la direction de l’entreprise qui n’a qu’une poignée de concurrents (d’où, sûrement, la volonté de ne pas trop en dévoiler). Parmi ses enjeux : accélérer le processus de fabrication, car les commandes de trains sont plus nombreuses que les capacités des industriels à les fabriquer. Des robots ont donc amélioré certaines tâches comme une machine qui déploie de la colle sur les futures portes du nouveau TGV de la SNCF, et une autre qui peint les fameuses portes.

« Depuis qu’on l’utilise, la Deutsche Bahn qui nous commande des portes pour ses ICE n’est plus revenue faire un seul audit dans l’usine » se félicitent les responsables du programme pour démontrer leur fiabilité. Cela dit, la plupart des tâches restent réalisées par les équipes humaines (y compris avec des embauches grandissantes de personnes en situation de handicap).

Ainsi, les différentes pièces des portes sont testées sous surveillance oculaire à chaque étape de la production. Par exemple, on vérifie que les plateformes pour faciliter la montée des passagers se déploient correctement. Wabtec déploie d’ailleurs en ce moment un prototype de rampe d’accès pour personnes à mobilité réduite, élaboré en partenariat avec des associations et destinées aux futurs trains légers autonomes (qui pourraient circuler sans aucun personnel).

L’innovation, c’est le sujet sur lequel la société veut mettre l’accent. Elle vient d’obtenir des crédits de l’Etat pour accélérer dans ce domaine, d’où la visite du préfet. L’argent finance en particulier une chaîne d’impression 3D pour créer des pièces de rechange de trains. 5 000 objets ont été produits en un an. « Cela nous permet de créer des pièces à l’unité ou pour quelques exemplaires, sans fabriquer de moule. C’est écoresponsable et on diminue les besoins de stockage » nous explique-t-on.

Le processus va même plus loin puisqu’avec lui on peut recréer des pièces anciennes à partir de plans voire de la technique dite du scan inversé (on modélise l’objet qu’on recrée ensuite via l’impression 3D). Et ce, même pour des modèles qui ne font pas partie du catalogue Wabtec. Et même pour des entreprises hors milieu ferroviaire. « Des PME qui étaient en difficulté depuis 6 mois ont fait appel à nous pour des réparations » précise l’entreprise qui utilise une poudre spécifique, garantissant plus de légèreté au produit fin (par exemple 1,8kg au lieu de 8 initialement) mais aussi un recyclage de 95% des déchets.

« Cela fait deux années de suite que nous baissons de 30% nos émissions d’énergies » s’est enthousiasmé le directeur du site devant ses invités, annonçant un objectif de passer au bilan carbone neutre à l’horizon 2030, notamment via l’installation de panneaux solaires. Il veut ainsi consolider son statut de vitrine du ferroviaire et être un acteur exemplaire. Des objectifs qu’on nous dit atteignables grâce au regroupement sur St-Pierre-des-Corps, même si ça se fait au détriment de La Ville-aux-Dames (qui va perdre des recettes fiscales et se retrouve avec une friche industrielle à relancer).

Au total, les investissements consentis par l’antenne tourangelle de Wabtec c’est une somme autour de 20 millions d’€. Une enveloppe conséquente alors qu’à un certain moment il était question de réduire la voilure en Touraine à la suite du rachat de Faiveley, mais les accords politiques ont fini par convaincre l’entreprise du contraire (5 millions d’€ ont notamment été investis pour refaire la voirie).

Un dossier qui s’est étendu sur 4 ans et qui garantit la présence d’une industrie forte pour de nombreuses années avec le développement annoncé du train en France et en Europe. Les élus métropolitains voient bien par exemple le site de St-Pierre-des-Corps comme sous-traitant pour la production des futurs trains achetés pour équiper le futur réseau de RER départemental récemment labellisé par l’Etat.

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