Il y a environ deux ans, sur Info Tours, on vous racontait l’aventure entrepreneuriale de Laurie Verhelst. A 24 ans, elle a lancé Ma Petite Malle d’Eveil, société dédiée à la vente de produits pour stimuler la sensibilité des jeunes enfants mais aussi celle des personnes âgées ou en situation de handicap. Le tout avec un angle éco-responsable, puisqu’elle privilégie les produits sans substance chimique et fabriqués en France. Sa démarche a été saluée puisqu’elle a récemment fait partie de la sélection des 101 Femmes Entrepreneures 2025 élaborée par les services du premier ministre. L’occasion de revenir sur son parcours.
A peu près 2 ans après le lancement de ton activité, quel bilan personnel tu en fais ?
C’est une grande évolution personnelle et professionnelle. Clairement, on m’aurait dit « Tu vas obtenir le label Initiative Remarquable et faire partie des 101 Femmes de Matignon », je n’y aurais jamais cru… Et même, à 26 ans, se dire ça fait 2 ans que t’as une entreprise, c’est quand même énorme. Je n’aurais jamais pensé ça de moi. Il faut encore travailler dur pour que Ma Petite Malle d’Eveil soit viable dans le temps. C’est les montagnes russes. Des fois c’est génial, j’adore avoir des retours des clients qui me disent « Votre produit il est fou, ça a rendu notre quotidien beaucoup plus facile » soit en tant que parents, soit en tant que pro. Mais il y a aussi beaucoup de difficultés qui peuvent être très difficiles à gérer.
Qu’est-ce qui t’a permis d’avancer ?
Le soutien des proches, des autres entrepreneurs et entrepreneuses, les réseaux d’accompagnement comme Pépite Centre-Val de Loire ou la Banque Publique d’Investissement. Dès que j’ai des problématiques, je demande. Par exemple au Rotary sur le côté un peu plus financier sur la marge, les coûts de revient, les coûts de production. Ou Pépite qui m’a permis de structurer mes idées : je savais que je voulais faire tel produit mais je ne savais pas par quels moyens y arriver.
Le produit que tu proposes n’est pas unique. Tu savais qu’il avait un effet, mais depuis tu as pu le tester, notamment via les ateliers que tu proposes. Quel bilan tu fais de l’intérêt du produit sur les enfants au bout de 2 ans ?
J’ai fait un sondage et 100% des personnes interrogées le recommandent. Il peut s’adapter à toutes les pratiques, que ce soit à 3 mois pour juste déjà commencer à secouer, à manipuler, à rouler sur le tapis. Jusqu’à 10 ans, des clients me disent : « Mes enfants les utilisent tous les soirs. Ils observent la bouteille et ils se posent avant de dormir comme un petit rituel. » Et dans les ateliers, on le voit encore plus parce que ce sont des enfants qui ne connaissent pas du tout ce produit et ils sont hyper curieux, hyper attentifs et en demande.
Être sur le terrain avec les enfants c’est mon cœur de métier. Donc c’est pour ça que je développe de plus en plus ce type d’ateliers : pour rester au contact des gens, répondre à des problématiques. Par exemple, une fois j’ai rencontré une maman d’un enfant qui est porteur de troubles autistiques, elle m’a dit : « Il adore les bruits et les lumières ». Du coup j’ai essayé de lui concevoir une bouteille spéciale avec des bruits et des lumières différentes qui pourraient l’apaiser. Cela me permet donc répondre à des demandes un peu plus personnelles.
Comment tu as géré ton axe de société écoresponsable, avec parfois les impondérables que ça peut avoir ?
C’était assez difficile au début, parce que j’ai eu beaucoup de freins. On m’a dit : « Ça ne tiendra pas, le Made in France, OK c’est porteur, mais par contre ça coûte très cher et les entreprises full Made in France, elles ont du mal à vivre » ou « Achète tes flacons en Chine, ça coûtera moins cher ». J’ai tenu le choc, et c’est ce qui fait qu’aujourd’hui l’entreprise est éthique avec des produits durables. Ça crée encore des problématiques par exemple sur le packaging, dans le fait de vouloir grandir parce qu’il va falloir usiner la production avec un moule à injection, et là, les coûts sont assez exorbitants. Donc on doit se faire accompagner pour des financements, pour des appels à projets.
Tu as été tentée de faire des grosses concessions pour maintenir l’entreprise à flot ou faire un peu plus de profit ?
Clairement pas du tout, parce que je me suis dit que si je dérogeais sur ça, j’allais perdre l’identité de l’entreprise, et que je préférais limite arrêter.
Comment tu envisages l’avenir de l’entreprise ?
Il y a encore plein de choses à faire. Le moule à injection qui est potentiellement en cours de réflexion, une démarche de packaging pour les revendeurs, et agrandir justement la liste des partenaires, que ce soit les grandes structures comme Joué Club, Nature et Découverte ou les réseaux de distribution qui sont vraiment importants pour développer l’entreprise.
Et donc pour la production, tu vas arrêter de produire toute seule ?
Je vais quand même garder les modèles personnalisés, mais d’ici quelques mois on passera en partenariat avec un ESAT local sur Montlouis qui s’occuperait de faire la production. Si ça grandit vraiment bien, ils peuvent aussi gérer toute la partie expédition.
Comment ça s’est fait ce projet-là ?
C’était un souhait depuis le début d’inclure un ESAT, mon frère ayant été dans un établissement similaire quand il était plus jeune, pour moi c’était un peu comme si la boucle était bouclée, de leur rendre aussi un petit peu le travail ludique. Parce que c’est vrai que la dernière fois, quand j’y suis allée, quand ils ont vu les bouteilles sensorielles, ils étaient émerveillés parce qu’il y avait des couleurs, des paillettes, du bruit, des choses à bouger : ils étaient hyper contents.






