Quand on parle de l’aviation en Indre-et-Loire on résume souvent le sujet aux débats sur le fonctionnement de l’aéroport de Tours, ou sur les activités militaires. Il n’y a pas que ça puisque le département compte deux autres aérodromes à Dierre et Sorigny, sans compter les bases ULM du Lochois ou de Rillé. Il y a aussi des sociétés qui travaillent dans ce secteur comme le fabricant de tracteurs d’avions TLD, lui aussi à Sorigny, + l’école de pilotes de ligne Mermoz. De quoi susciter des vocations, et ça tombe bien : une formation quasi gratuite existe pour se préparer à une carrière dans l’aéronautique.
Accessible dès la 4e, le Brevet d’Initiation à l’Aéronautique est un diplôme officiel reconnu par l’Etat puisqu’il est notamment dispensé dans des lycées comme Descartes et Grandmont à Tours. « Il n’a aucune valeur intrinsèque, il ne donne aucun droit sur le papier mais le fait de l’avoir validé montre que vous avez une motivation si vous postulez dans une école ou à l’armée » résume Daniel André, président du Comité Départemental Aéronautique d’Indre-et-Loire et pilote depuis plus de 40 ans.
Le cursus dure 40h. Que de la théorie. « L’objectif c’est de générer des vocations civiles, militaires ou sportives » détaille Daniel André qui fait partie de l’équipe de bénévoles qui enseigne aux groupes inscrits à Polytech Tours, la seule section ouverte à tout le monde, y compris aux adultes (les 4 autres sont réservées aux élèves des établissements auxquelles elles sont rattachées).
« Le 1er profil ce sont des jeunes qui veulent faire carrière dans l’aéronautique : 25% veulent devenir pilote de ligne ou pilote de chasse, certains techniciens, ou alors steward/hôtesse de l’air. On en a quelques-uns qui veulent travailler dans l’astronomie… et d’autres qui viennent par curiosité. Même des duos parent-enfant, ce qui permet d’aider les plus jeunes pour qui certaines notions sont un peu complexes au collège » raconte le professeur.
Daniel André est loin d’être un néophyte. Il a rejoint l’aéroclub de Sorigny depuis 3 décennies, après avoir eu un coup de foudre pour l’aviation dans sa Lorraine natale, quand des appareils militaires survolaient le jardin de son grand-père puis quand il a rejoint la Corse en Caravelle pour une colonie de vacances. « C’était le 12 août 1975 » se souvient-il. Ont suivi des petits boulots pour financer ses premiers vols, puis des milliers d’heures de loisirs à défaut de pouvoir en faire un métier à cause de soucis à l’œil.
Aujourd’hui, il diffuse donc sa passion, se réjouissant que 200 élèves aient rejoint le cursus qu’il anime lors de la dernière promotion. 151 diplômes ont été remis à l’issue de l’année, contre à peine 80 en 2019. Dans son groupe, le taux de réussite est supérieur à la moyenne régionale, avec même la fierté d’avoir eu la major du Centre-Val de Loire 2025, Capucine Langlet, reçue avec 105 points grâce à son option anglais.
L’homme raconte aussi l’histoire d’une élève de 2007 qui voulait travailler dans le secteur du contrôle aérien mais a fini pilote de ligne sur Boeing 767 aux Etats-Unis. Des contacts ont d’ailleurs lieu avec l’école Mermoz de Tours, où Daniel André supervise des examens. Et il existe une option (payante) pour faire une initiation au pilotage depuis Sorigny, « 17 jeunes l’ont pris l’an dernier » explique le professeur-pilote.
Mais alors qu’apprend-t-on concrètement pendant le BIA ? « Il y a 5 chapitres » répond Daniel André avant de le les lister. Un sur comment les avions sont conçus (les moteurs, le train d’atterrissage, la dérive, le fonctionnement des instruments de bord…), un module de 6h sur la météo, une partie sur l’histoire de l’aviation et de l’espace, une section sur la navigation (où on apprend par exemple que la nuit aéronautique commence 30 minutes après le coucher du soleil) et enfin un chapitre sur l’aérodynamique (comment les avions volent et comment optimiser le vol).
Même si on ne veut pas en faire un métier, ce brevet peut donc faire office de bon bagage de culture générale. A l’heure où l’aviation est critiquée pour son impact carbone, Daniel André s’en sert aussi pour défendre le secteur avec ses arguments, pointant par exemple qu’il y a « seulement 4 000 aéronefs immatriculés en France contre 750 000 bateaux à moteur ». Les cours ont lieu le samedi matin pour s’adapter à un maximum de personnes et une réunion d’information préparatoire est programmée le 20 septembre à 10h dans l’amphi C de la fac de droit aux Deux-Lions.
Crédit photo : Aéroclub de Touraine à Soigny










