HistLoire, c’est une chronique régulière sur 37° où nous vous proposons un petit focus sur un pan d’histoire tourangelle. Aujourd’hui, retrouvez l’histoire contrariée du blason de Tours.
C’est l’histoire d’un drapeau qui a longtemps flotté sur la façade de l’Hôtel de Ville de Tours, aux côtés du drapeau tricolore et de celui européen. Il y fut installé jusqu’en 2022 quand il fut remplacé dans un premier temps par le drapeau ukrainien suite à l’invasion russe de ce dernier, puis par un drapeau multicolore symbolisant la paix. Un drapeau reprenant un blason sensé être celui de Tours. Ce même blason que l’on retrouvait également dans la cour d’entrée de la Mairie et que l’on voit encore sur la façade de la poste du boulevard Béranger par exemple.

A s’y méprendre, on pourrait penser qu’il représente bien les armoiries de la ville de Tours avec ses trois tours surmontées d’autant de lys. Oui mais, car il y a un mais, si les éléments figurant dessus sont bien les bons, les couleurs sont elles fausses. Les armoiries officielles de la ville de Tours sont en effet définies comme ceci : « Le chef d’azur à trois fleurs de lys et le chemin de sable à trois couleurs d’argent ». Le sable étant la couleur noire en héraldique et l’azur le bleu. Ce ciel et noir, on le retrouvait d’ailleurs sur les couleurs du feu club de football Tours FC (et avant cela le FC Tours, dont les joueurs étaient surnommés par ces couleurs). Le bleu et le rouge présents sur la photo ci-dessous sont de leur côté les couleurs des armoiries de la Touraine, dont les éléments diffèrent de ceux de la ville de Tours.


Lors d’une conférence en mars dernier, Jean Luc Porhel, alors directeur des archives municipales de la ville de Tours, expliquait ainsi que nombre de représentations des armoiries dans l’espace public de Tours étaient ainsi erronées.
La conférence Erreurs et Contrevérités de l’histoire de Tours est disponible sur Youtube ici :
Les armoiries de la ville de Tours, remontent au XVe siècle. Elles apparaissent en 1462, l’année même de la création du corps de ville de Tours, avec à sa tête le premier maire de la ville Jean Briçonnet.
Les armoiries de la ville sont alors sans couronne (qui sera ajoutée ultérieurement quand Tours sera reconnue comme « Bonne Ville »). La devise « Sustentat Lilia Turres » signifiant elle « Les tours soutiennent les lys », c’est-à-dire que la ville soutient le pouvoir royal précisait Jean-Luc Porhel lors de sa conférence.
Ce dernier expliquait également qu’un autre blason, à destination des officiers c’est-à-dire des membres de la municipalité existait en parallèle. Dans ce dernier, les tours étaient agrémentées de toitures et de drapeaux rouges. Ce dernier blason, officialisé en 1611 disparaitra en 1789 lors de la Révolution. Pourtant ce double blason est à la source également de confusion. Par exemple, c’est ce dernier qui est sculpté et peint sur le plafond de la salle du Conseil à l’Hôtel de Ville, et le plus souvent représenté sur internet quand on fait une recherche sur les armoiries de la ville.

Quant à la version rouge et bleue, elle semble avoir eu un développement au début du XXe siècle. Son inscription sur la façade de l’hôtel des Postes du boulevard Béranger en étant une preuve, ce dernier ayant été inauguré en 1937. En 1941, un livre d’or remis à Ferdinand Morin, alors maire de Tours reprenait également cette version.
Seul hic, ce blason en rouge et bleu correspond à celui d’une autre commune, celle de Montereau-Fault-Yonne en Seine-et-Marne… Ce que personne n’avait semblé remarqué avant un collaborateur du maire Emmanuel Denis, lors de l’arrivée de l’équipe municipale actuelle en 2020…
