[Forte fièvre] Le trop-plein des concours de Miss

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Dimanche 29 septembre, Tiffanny Haie est devenue Miss Centre-Val de Loire 2024. A 18 ans, cette étudiante originaire d’Eure-et-Loir a gagné sa place pour l’élection de Miss France 2025 qui aura lieu en décembre. Près de 1 000 personnes ont assisté à son couronnement dans la ville de Dreux. Un succès public qui ne se dément pas d’année en année… et qui donne des envies : de nombreux autres concours cherchent également à élire leur reine de beauté. Et à capter l’attention.

Le concours de Miss France réunit chaque année des millions de personnes devant leur télé le soir de sa diffusion. Si on veut le défendre on dit que cela met en valeur les régions et les DOM-TOM, les profils de jeunes femmes ambitieuses ou l’art du style à la française avec la présentation de tenues à la pointe de la mode. Si on n’aime pas, on dit que cela cultive les stéréotypes sur le corps féminin avec essentiellement des candidates répondant à des normes de beauté dépassées. On déplore aussi le côté femme-objet qui fait un peu tâche 7 ans après l’éclatement du mouvement Me Too.

Face à ces critiques, l’organisation Miss France a réagi, assouplissant les conditions de participation. Par exemple, les candidates peuvent désormais être mères de famille ou avoir des tatouages. Fini également le critère d’âge. Il est même possible de se présenter au concours si on est une femme trans, pour peu que la transition ait été reconnue à l’état civil.

Ces évolutions vont dans le sens de l’Histoire et des changements de la société. Dans les faits, peu de bouleversements. Ainsi, la grande majorité des femmes qui se présentent ont la petite vingtaine. En Centre-Val de Loire, 11 des 18 candidates de cette année sont étudiantes + une en service civique. De plus, le comité d’organisation n’a pas dérogé à la règle de la taille minimum imposée, soit 1m70. Même si les femmes sont en moyenne plus grandes qu’avant, elles sont encore nombreuses à ne pas remplir ce critère. Miss France reste excluant.

A la base, c’est justement parce qu’ils estiment le concours Miss France un peu trop élitiste que des comités parallèles se sont créés pour élire leur Miss. Ceux-ci ont souvent mis en avant l’absence de critères pour participer, ou alors justement leur volonté de valoriser d’autres types de corps comme Miss Curvy, « concours officiel de la beauté des courbes » dédié aux femmes dites rondes.Celui-ci dispose d’une antenne en Centre-Val de Loire avec l’élection de Mégane, 30 ans, pour cette année 2024.

Ce n’est pas tout ! Il existe de nombreux autres concours : un dédié aux ados baptisé Miss 15/17, un autre pour les femmes de 18 à 35 ans appelé Diva Centre (qui a consacré la Tourangelle Alexia Merrien) ou encore Miss Rêve et Diadème Centre-Val de Loire (là-encore une Tourangelle élue en 2024, Océane Baleh). Quand on se penche dessus, on voit à peu près les mêmes choses : des vidéos de présentation aux propos convenus, des photos très posées, l’incontournable séance en maillot de bain, des défilés… Ce n’est pas Miss France. Mais la plupart des codes sont là. Tout ça pour ça ?

Cette effusion de concours de Miss est inégalée : les versions masculines sont moins nombreuses et bien moins populaires. Surtout, elle nous semble entretenir une tradition nombriliste. Au final, à l’échelle régionale, ce sont plusieurs dizaines de jeunes femmes qui tentent de percer chaque année. Toutes rêvent d’obtenir une écharpe avec les avantages afférés (cadeaux, belles photos, petite célébrité…). Le tout dans l’escarcelle de comités qui ont, parfois, un but commercial appuyé, incluant la promotion prioritaire de marques et de lieux (il faut le garder en tête).

Certes, tout ça c’est dans l’air du temps en raison du désir ce reconnaissance gravé dans l’ADN de certaines personnes, accentué ces dernières années via les possibilités offertes par les réseaux sociaux (essentiellement Instagram et TikTok). On a tout de même tendance à trouver cela malsain quand c’est déployé à grande échelle. On développe donc une gène vivace vis-à-vis de ces concours, alors même que certaines valeurs qu’ils disent vouloir véhiculer nous paraissent saines et utiles (cf. Miss Curvy).

Alors, a-t-on vraiment besoin d’élire une Miss et d’entrer dans une compétition pour célébrer la beauté des corps et les créations de mode ou de bijoux ? On pense que non. Chaque année, de très beaux défilés sains et inclusifs émaillent l’Indre-et-Loire pour mettre en valeur les personnes ou ce qu’elles portent, ce que ce soit dans le cadre associatif, commercial ou étudiant avec la section mode du lycée Choiseul de Tours-Nord (pour ne citer qu’un exemple). C’est plutôt cette ode à la beauté-ci qu’on a envie d’encourager car elle nous parait davantage axée sur le partage que l’individualisme.

Photo : capture d’écran de la page Facebook Miss Centre-Val de Loire en octobre 2024.

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