« Elles existent, malgré tout » : une association tourangelle finance des classes clandestines de filles en Afghanistan

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Depuis plus de 40 ans, l’association tourangelle Darah Afghanistan se mobilise pour soutenir les populations afghanes en difficulté, en particularité les femmes et les filles. Actuellement, elle finance 11 classes clandestines dans la capitale Kaboul, alors que le pouvoir taliban interdit l’école aux filles au-delà de 12 ans. Ce projet nécessite 1 500€ mensuels pour fonctionner : un concert caritatif est donc organisé ce vendredi 28 novembre à Tours, salle Ockeghem. Entretien avec Nicole Chavignon qui a vécu en Afghanistan et se bat aujourd’hui pour alerter sur la situation dans ce pays.

Parlez-nous de ces classes que vous subventionnez…

Elles ont été ouvertes par des femmes qui, n’ayant plus de travail, ont commencé à accueillir des filles chez elles. On envoie 100€ à chaque professeure, ce qui n’est pas énorme mais ça aide quand même. On finance aussi le matériel, et le chauffage des classes (parce que Kaboul est une ville très froide en hiver). D’ailleurs, là-bas, les vacances scolaires sont en hiver pour ne pas avoir à chauffer les établissements.

Expliquez-nous pourquoi ce combat est important à vos yeux.

Quand les filles n’ont plus aucun espoir, il reste cette petite lueur : aller à l’école pour elles, c’est une ouverture extraordinaire sur le monde. Les filles de plus de 12 ans ne sortent plus. Elles ne peuvent même plus aller au bain public, alors que beaucoup n’ont pas de douche. Il n’y a plus de coiffeur, plus d’institut de beauté, elles n’ont pas le droit d’aller dans les parcs. Aucune activité n’est autorisée : la musique, la danse, le cinéma sont interdits. Paradoxalement, les instituts capillaires pour hommes se développent, car avoir des cheveux est vu comme une marque d’un meilleur musulman.

Comment font ces classes pour ne pas être repérées, et donc fermées, par les talibans ?

On se cache. Pour donner de l’argent, on doit passer par des personnes, pas par une institution. Par exemple, une personne de notre association à Rennes envoie une petite somme, pas plus de 200-300 €, à une personne de confiance là-bas. Quant aux élèves, elles se retrouvent discrètement. Elles ne montrent pas qu’elles vont en classe, n’ont pas de cartables : elles y vont en petits groupes séparés. Les voisins doivent savoir, beaucoup de gens doivent le savoir, peut-être même que des talibans le savent. Sans doute certains ne sont pas pour cette interdiction scolaire, mais malheureusement ils subissent l’autocratie du régime.

Au final, quel est l’objectif pour ces femmes ?

C’est pour qu’elles ne perdent pas leur enfance, leur adolescence, et l’espoir que – une fois que les Talibans partiront – elles pourront continuer leur scolarité, aller à l’université. Par exemple, quand ils sont revenus en 2021, il y avait des filles en Terminale à la fac de médecine qui n’ont pas pu passer leurs examens : du jour au lendemain c’était fini. Il n’y a plus de femmes en médecine, d’infirmières, de sage-femmes, ce qui est inquiétant parce que dans ce pays il faut absolument des femmes pour soigner les femmes. Après le tremblement de terre qui a ravagé le pays fin août, les hommes n’ont pas pu toucher les femmes sous les décombres et elles sont mortes parce qu’il n’y avait pas de femmes médecins pour les soigner.

Est-ce que vous avez des retours de ces jeunes filles ?

On a souvent des vidéos, des dessins ou des mots. Récemment, à l’occasion de la fête des enseignants, elles se sont habillées, ont chanté, et nous ont envoyé des messages. Elles existent, malgré tout. Malheureusement, nous ne finançons que 11 classes, alors que la majorité des filles sont sans aucune solution et restent à la maison toute la journée (d’autres associations font néanmoins un travail similaire avec davantage de structures, ndlr).

Crédit photo : image d’illustration d’une école en Afghanistan – USAID – Licence Creative Commons

Un degré en plus :

L’ensemble Myrtho qui fait de la musique méditerranéenne se produira au profit de Darah Afghanistan ce vendredi 28 novembre dès 20h30 Salle Ockeghem à Tours, avec un tarif plein à 15€ et un prix réduit à 10€. Infos par SMS uniquement au 06 01 19 73 71 ou par mail à nicolechav37@gmail.com.

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