Dix ans après, Tours se souvient de l’attentat de « Charlie Hebdo »

Facebook
Twitter
Email

La sidération. La tristesse. La colère, aussi. Le 7 janvier 2015 la France est passée par beaucoup d’émotions après l’attentat des Frères Kouachi contre la rédaction du journal satirique Charlie Hebdo. Le funeste coup d’envoi d’une semaine sanglante, qui s’est poursuivie par l’attaque de Montrouge, la traque des frères Kouachi et l’attentat de l’Hyper Cacher Porte de Vincennes. Une décennie plus tard, ces événements font partie de l’Histoire même s’ils continuent de nous sembler proches. On a plongé dans nos archives.

« Ce mercredi 7 janvier 2015 fera partie de ces journées inoubliables, celles dont on se rappellera de l’instant T, de ce qu’on faisait à ce moment précis toute sa vie. Cet instant T c’est le moment où l’on a appris l’attentat visant Charlie Hebdo, que ce soit à la radio, la TV, sur les réseaux sociaux, par un proche… » Voilà ce qu’on écrivait sur 37 degrés jeudi 8 janvier 2015, au lendemain de l’attentat contre Charlie Hebdo, quelques heures après une manifestation spontanée réunissant une foule compacte dans la nuit noire et dans le froid, au pied de l’Hôtel de Ville de Tours.

« Toute la presse Tourangelle était là (y compris son avenir, via les étudiants de l’école EPJT, très mobilisés et inventifs dans leurs slogans : « la plume contre les armes » par exemple). Presse en masse donc. Pour couvrir l’événement, mais aussi pour manifester. Les journalistes sont en colère car ce sont des confrères qui ont notamment été tués. Des journalistes et dessinateurs dont la liberté doit être revendiquée, scandée, portée en étendard » dit-on sur Info Tours.

Les politiques sont là aussi. Le maire Serge Babary, en poste depuis moins d’un an, et son prédécesseur socialiste Jean Germain (disparu depuis). Quelques mots pour les médias, mais pas de discours devant la foule. « Aujourd’hui je pleure la liberté. De grands hommes de la liberté nous ont quitté. Mais je crois que la fraternité fera qu’on sera tous rassemblés » nous dit un homme pleurant les 12 victimes. « « On est tous ensemble, c’est important d’être là, on est touchées, tristes de voir que des innocents ont été tués de sang froid. Une liberté essentielle a été bafouée. On est en colère, mais aussi angoissées de voir qu’on en arrive là » ajoutent trois jeunes femmes.

« Tout journaliste a le droit voir le devoir d’être un poil à gratter. On ne s’exprime pas avec une kalachnikov. Discutons, échangeons, débattons » insiste Laurent Garofalo qui préside alors le Club de la Presse du Val de Loire. Le lendemain midi, une longue minute de silence est respectée devant l’Hôtel de Ville de Tours. 5 minutes sans bruit selon notre décompte d’alors. « De notre côté, notre rédaction, aussi modeste soit-elle, est touchée comme toute la presse en France. Nous sommes touchés en tant que journalistes indépendants bien sûr, mais aussi en tant que lecteurs de Charlie Hebdo, ayant grandi avec le journal satyrique depuis de longues années pour certains d’entre nous » écrit Mathieu Giua sur 37 degrés, né seulement quelques mois plus tôt.

Grandir, justement… Guy Soujian est le principal d’époque du lycée Descartes : « Au-delà de l’émotion, l’Education Nationale a un rôle à jouer pour témoigner par les jeunes, lycéens comme étudiants. Réfléchir pour construire la République de demain avec la démocratie » dit-il. Dix ans après, il pourrait tenir le même discours, alors qu’il y a eu entre temps les attentats contre Samuel Paty et Dominique Bernard. Après la liberté de la presse, on a assassiné la liberté d’enseigner. Et de la stupéfaction et des vagues de soutiens nées de ce premier attentat des années 2000 sur le sol français, on est passé à une ère de la défiance collective.

Alors en ce 7 janvier 2025, sur 37 degrés, on a eu envie de se souvenir de cet élan humain qui avait déferlé sur Tours, sur la France et sur le monde. 35 000 personnes dans le centre-ville pour la marche-hommage du 11 janvier, « inédit depuis la Libération » précisait-on alors. Et aucune manifestation n’a rassemblé autant de personnes depuis. Ni dans la peine (malgré un bilan 10 fois plus lourd lors des attentats du 13 novembre 2015, ou après l’attentat de Nice en 2016), ni même dans la joie (la victoire de la France lors de la Coupe du Monde 2018).

La mémoire des victimes de Charlie Hebdo, la révolte contre le terrorisme attaquant la liberté d’expression, c’est donc un événement historique dont l’ampleur pourrait encore rester longtemps inégalée. S’en souvenir, c’est rappeler que le combat de 2015 reste d’actualité aujourd’hui alors que des libertés sont trop souvent jugulées en France ou dans le monde. Des journalistes continuent de mourir pour informer. Ou des journalistes restent privés d’informer (avec par exemple l’interdiction d’entrer librement dans la bande de Gaza).

Et à cause de cela, « Je Suis Charlie » reste un slogan à marteler. Il signifie que l’on peut caricaturer. Il signifie surtout que l’on doit respecter toutes les formes de journalisme et, plus globalement, la liberté d’opinion.

37 degrés vous propose de revoir certaines images de Tours qui rend hommage aux victimes de l’attentat contre Charlie Hebdo :

Facebook
Twitter
Email

La météo présentée par

TOURS Météo

Inscription à la newsletter