Bars à concept en Touraine : la recette d’un modèle hybride à succès

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Depuis quelques années, de nouveaux types d’établissements pullulent en Touraine. Modèles hybrides, à la fois bars et caves, ils accueillent une clientèle en perpétuelle quête d’originalité. Au programme ? Soirées thématiques, ambiance chaleureuse et jeux diversifiés, le tout autour d’une large gamme de produits. Toujours à la recherche de la petite touche supplémentaire qui fera leur singularité, ces concepts se développent à un rythme effréné. Mais quelle est la clé de leur succès ? Reportage.

V and B, La Cervoiserie, My Beers, Beer or not to Beer… Vous avez peut-être déjà entendu ces noms.

Devenus tendance lors de la décennie 2010, ces établissements se sont développés en périphérie des villes, dans les zones industrielles en expansion, à la recherche d’un espace assez grand pour accueillir leurs locaux. Autour de concerts, de stand-up ou d’autres idées originales, ils tendent à se démarquer afin de séduire les entreprises en afterwork ou les familles le week-end, le tout autour d’un cadre revendiqué comme festif et convivial.

V and B, pionnier du modèle

En France, le pionnier du concept s’appelle V and B, fondé par Jean-Pierre Derouet et Emmanuel Bouvet. Tous deux installés près du Mans, le premier exploitant une cave à vin, le second une cave et un bar à bière, ils ont mis leurs idées en commun en 2001, à Château-Gontier.

Depuis, le modèle s’est bien développé. Devenu une franchise, le réseau ouvre depuis 2010 entre 20 et 30 établissements par an, et compte aujourd’hui près de 300 magasins dans toute la France.

Vincent Goupil, co-propriétaire des V and B de Tours-Nord, Tours-Centre, Chambray-lès-Tours et Loches

Lancé avenue André-Maginot à Tours-Nord en 2010 par Vincent Goupil et Oswald Jamain, V and B compte désormais quatre boutiques en Touraine. Chambray en 2014, Loches en 2016 et même Tours-Centre en 2020, témoignage de la forte expansion de la franchise ces dernières années. « On savait qu’on avait un potentiel de plusieurs magasins en s’installant à Tours, ça permettait une vision à long terme”, nous explique Vincent Goupil.

“À l’époque, le concept n’était pas très connu et, avec les travaux pour la ligne de tram, il n’y avait parfois aucun client de la journée”, décrit le Tourangeau. Implanté dans le quartier Monconseil, alors en plein développement, le magasin a connu l’expansion de la zone ces dernières années, et a grandi en même temps. “Il fallait faire ses preuves, on a fait partie des premiers franchisés qui ont lancé la machine à l’échelle nationale.”

Cet emplacement dans un espace en pleine croissance a permis aux deux associés de se développer. “On était le premier bar vers Tours-Nord, c’est ce qui a fait notre force au début”, raconte Vincent. Excentré par rapport au cœur de la ville, le magasin s’est construit sa clientèle. “On s’est aperçu que nos clients faisaient partie des villages limitrophes de première couronne. Ça évite d’aller dans le centre et de galérer à se garer.”

Avec une surface de 300 m², l’établissement est divisé en deux : un premier espace à l’entrée qui fait office de magasin et un bar dans la deuxième partie. “On est avant tout caviste”, précise Vincent. Chez V and B, c’est d’ailleurs la cave qui marche le mieux, articulée autour de quatre univers : le vin, la bière, les spiritueux et, dernièrement, le sans-alcool. “L’objectif est que chacun y trouve son compte.”

Basé sur un modèle d’afterwork, le bar se veut un espace convivial. “L’idée, c’est qu’il soit ouvert sur les horaires des magasins (10-20 h), que les gens viennent boire un verre à la sortie du boulot”, explique Vincent. “Notre métier est de promouvoir les produits, on est là pour conseiller et faire découvrir”. Le tout avec une touche de festivité quand l’occasion s’y prête, comme pour célébrer la Saint-Patrick autour d’une soirée irlandaise le 14 mars prochain.

Une multiplication du concept

Premier modèle de ce genre en Touraine, le succès du V and B a éveillé les intérêts. Une nouvelle offre s’est développée au fil du temps, autour de concepts plus ou moins innovants. C’est le cas avec La Cervoiserie, située à Parçay-Meslay, à la lisière de Tours, entre Notre-Dame-d’Oé et l’aéroport tourangeau, au bord de la D910.

Fondée en 2004 à Puilboreau, près de La Rochelle, par Dominique Batard, c’est en février 2022 que la franchise débarque en Touraine. “C’est un projet familial”, nous déclare Laurent, co-gérant de l’établissement avec ses deux enfants, Anthony et Romain.

Laurent Le Morvan, à la tête de La Cervoiserie de Tours avec ses deux fils.

Lancée sur un modèle similaire à celui du V and B, La Cervoiserie a fait de la bière sa marque de fabrique. “On a également un peu de spiritueux et de vins, mais la bière reste notre matière première”, explique Laurent. La volonté du magasin est également de travailler avec les brasseries locales, qu’il nomme si bien ”les cuisiniers de la bière”. “On organise des collaborations, des dégustations. Ça permet aux clients de découvrir les bières de création des brasseurs du coin.”

Moins développé que V and B (40 établissements contre 300), La Cervoiserie se démarque par un côté festif qui ravit sa clientèle. Avec une salle pouvant accueillir pas moins de 250 personnes, plusieurs soirées sont organisées chaque semaine. Concerts, karaokés, blind-test, retransmission de matchs, stand-up, il y en a pour tous les goûts, le tout autour d’une bonne pizza ou d’un food truck installé pour l’occasion. “Il y a tellement d’établissements sur ce concept qu’il faut trouver un petit truc en plus, une identité”, remarque Laurent. “On essaie de diversifier les thèmes pour que tout le monde s’y retrouve et en faire notre spécificité.”

Les soirs de fête, Laurent peut pousser jusqu’à 1h, avant d’envoyer tout le monde au lit. “Je ne voulais surtout pas que ça devienne un bar de nuit”, explique-t-il. “On voulait un endroit familial, convivial, où on peut venir avec des enfants. C’est notre idée du concept.”

Participant pleinement à la dynamisation des zones industrielles, ces établissements offrent à la clientèle une alternative aux bars plus classiques, situés en centre-ville. Avec une offre importante, un large espace et une meilleure accessibilité, ils font le bonheur des personnes travaillant à côté par leur style afterwork et attirent les familles grâce à une ambiance tranquille et conviviale, autour de concepts toujours plus innovants.

Une offre toujours plus originale

Très en vogue, le concept a vu de nombreux établissements se développer ces dernières années. Pour continuer d’attirer le client, il a fallu repenser le modèle, avec une offre toujours plus attrayante. C’est ce qu’a fait Pierre Mazet en compagnie de Dominique et Benoît Girault en décembre 2023, en lançant le Shuffle Factory à Tours-Nord.

Pierre Mazet, créateur du Shuffle Factory avec ses associés Dominique et Benoît Girault

Bar tout ce qu’il y a de plus classique, voisin du V and B, l’établissement se démarque et propose au client de découvrir le shuffleboard, une activité “qui mélange curling et pétanque”, dixit Pierre. Sur une piste de 12,30 m de long pour 1,86 m de large, deux équipes s’affrontent avec l’objectif d’atteindre en premier 75 points. Pour cela, chaque camp dispose de quatre palets, à faire glisser avec un balai à pince jusque dans des zones rapportant entre 7 et 10 points. Attention, vos adversaires peuvent, comme à la pétanque, frapper vos palets pour les déloger, et même les faire glisser jusqu’à la zone -10. “Ce n’est jamais gagné, jamais perdu”, avertit Pierre. “Il peut y avoir des retournements de situation à tout moment.”

Jeu pratiqué sur le pont des bateaux de croisière transatlantiques à la fin du XIXe, les trois associés ont découvert ce sport en Angleterre, lors d’un voyage à Londres. “On a trouvé le concept super sympa. Il y a un peu de stratégie et de tactique, c’est convivial et facile à prendre en main. On a cherché à y jouer en France et on a vu que ça n’existait pas. De là, l’idée a germé et on a décidé de se lancer après le Covid”, raconte-t-il.

Avec cinq pistes pouvant accueillir de 2 à 8 joueurs, le Shuffle Factory propose à ses clients une heure de pratique pour le tarif de 34 €. “Il n’y a pas de temps de jeu défini car il y a des points positifs et négatifs. Une partie très rapide peut se jouer en trente minutes, et on a eu des parties accrochées en une heure et quart”, explique Pierre.

Au-delà de ce concept unique en France, Shuffle Factory propose également fléchettes, billards, babyfoots, bière-pong et jeux de société. Un modèle basé sur le multijeux, qui plaît à la clientèle. “On a un public très joueur et on a réussi à créer un équilibre autour de cet univers”, se satisfait Pierre. “L’idée, c’était vraiment d’avoir un bar autour du jeu, qui propose des activités quand on ne sait pas quoi faire. On est par exemple ouvert le dimanche jusqu’à 22h.”

Pour expliquer la réussite du Shuffle Factory, Pierre a son idée. “Le client va chercher l’originalité. Il a besoin de découvrir et de partager autre chose que les sorties classiques bowling ou cinéma”. Surtout que les trois associés ont déjà des projets pour la suite. “L’idée serait de développer une franchise sur toute la France”, nous livre Pierre “Le multijeux a le vent en poupe, si ça plaît à Tours, ça plaira ailleurs. C’est envisagé à moyen-terme”. Affaire à suivre.

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