Après le vélo, l’agglo de Tours cherche à séduire les marcheurs

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C’est le mode de déplacement le plus élémentaire qui existe : un pied devant l’autre, et on avance. La marche ce n’est pas forcément rapide mais c’est gratuit et bon pour la santé. A l’heure où une large part de la population continue d’idolâtrer le tout-voiture, l’agglomération tourangelle veut essayer d’augmenter le nombre de marcheurs et de marcheuses. Un défi qui ne sera sans doute pas sans écueils.

Ces dix dernières années on a beaucoup entendu les associations de cyclistes en Indre-et-Loire. Elles ont poussé pour obtenir davantage de pistes cyclables ou de stationnements pour vélos ce qui a entraîné un fort développement des itinéraires réservés (comme le plan Vélival de Tours Métropole) et une hausse conséquente des abris sécurisés ou des arceaux pour attacher sa machine. Si tout n’est pas parfait, le volontarisme peut difficilement être contesté, ne serait-ce qu’au vu des fortes sommes financières investies dans les aménagements en question.

Plus discrets, les représentants de piétons cherchent également à faire entendre leur voix. Il existe ainsi une antenne ligérienne de l’association 60 Millions de Piétons – chapeautée par David Charretier, également responsable de l’association des abonnés du TGV Tours-Paris. Sur la page Facebook Piétons Tours, il s’alarme par exemple d’un nombre d’excès de vitesse en hausse dans le centre-ville proposant comme solutions une hausse du nombre de passages piétons surélevés ou la création de petits radars urbains. Il appelle également à signaler les points noirs via le mail piétons.tours@gmail.com.

Car si le développement d’une politique pro-cyclistes a aussi des points positifs sur les piétons (création d’une passerelle vélos-piétons au-dessus du Cher à Rochepinard, élargissement des trottoirs sur le haut de l’Avenue de Grammont, installation de bancs sur le Pont Wilson après sa fermeture aux voitures…), la marche nécessite parfois une prise en compte spécifique de ses particularités, notamment pour la sécurité. On se souvient par exemple que c’est après un accident mortel impliquant une marcheuse qu’il y a eu un réaménagement du rond-point Saint-Sauveur aux Rives du Cher. Un accident Rue de la Victoire avait également fait beaucoup parler en 2020.

Alors que faire ? Tours métropole commence à se poser la question, annonçant un plan pour donner plus de place à la marche en ville. Pour l’instant, c’est surtout de la communication : il faudra attendre au moins 2 ans pour voir des effets concrets, si l’équipe politique en place après les élections de 2026 décide de poursuivre sur la même dynamique. Le constat est néanmoins là : “Le piéton est aujourd’hui le grand oublié des plans de mobilité et l’on manque de stratégie claire, il est donc important de redonner à la marche sa juste place dans les communes” plaide le maire de Tours Emmanuel Denis, vice-président métropolitain chargé des mobilités. Les enjeux : améliorer la sécurité et renforcer l’accessibilité, notamment pour les personnes âgées ou en situation de handicap.

Justement, si l’on prend le cas concret de Tours, on ne peut pas dire que rien ne se passe. Plusieurs dizaines de rues sont rénovées chaque année avec des abaissements de trottoirs favorables aux fauteuils roulants, voire des élargissements dans plusieurs quartiers. Les places Châteauneuf et Grand Marché ont été piétonnisées, et plusieurs rues du Vieux-Tours repavées afin de faciliter les déplacements. La Rue Nationale a également étgé interdite aux vélos en journée pour laisser davantage d’espace aux piétons.

Néanmoins, la tâche reste colossale. Tours c’est 1 400 rues et plus de 400km de voirie. A Velpeau, aux Prébendes, Paul Bert… On ne compte plus les trottoirs riquiquis, ou bombés par des racines d’arbres (calvaire en vue pour les poussettes, les personnes avec une canne ou les fauteuils roulants). Pour les feux tricolores, on est très loin de Paris où la quasi-totalité des carrefours sont équipés d’avertisseurs sonores à déclencher d’un simple bouton pour les personnes déficientes visuelles.

Pour s’améliorer, la municipalité a annoncé son propre Plan Piétons 48h après celui de la métropole… et 72h avant le début de la période de réserve imposée par l’imminence des élections municipales. La ville de Tours a ainsi édité un « référentiel », jargon administratif signifiant la création d’un livret détaillant ses priorités à chaque réfection de rue. Parmi les idées : multiplier les rues des écoles avec circulation interdite à l’entrée et à la sortie des classes (mais « il faudra au moins 3 mandats pour le mettre en place » reconnait Emmanuel Denis. L’ambition est également de multiplier les rues végétalisées comme aux Rives du Cher, ou encore de favoriser les matériaux de réemploi lors des travaux.

« Notre volonté c’est de faire en sorte d’améliorer le cadre de vie » détaille Emmanuel Denis. « Il faut se poser les bonnes questions et qu’aucun usager ne soit oublié » abonde son adjointe à l’urbanisme Cathy Savourey. Est-ce que ça signifie qu’il y aura à terme plus de rues piétonnes ? Le souhait est clairement affiché mais dans la foulée les élus reconnaissent que ce n’est « pas simple » de concilier des intérêts souvent contradictoires (accès des riverains ayant une voiture, livraisons, peur des commerçants de perdre leurs clients automobilistes, réticences des conducteurs à marcher jusqu’à leur destination finale…).

Pour trouver la bonne formule, la ville de Tours et la métropole ressortent leur carte concertation, une bonne méthode sur le papier sauf qu’elle aboutit de plus en plus rarement au consensus et qu’il y a – bien souvent – des ressentiments persistants d’un côté ou de l’autre après les décisions finales. Avec ces plans piétons, la mairie et l’agglo on surtout posé les bases d’un débat pour les 6 mois à venir, tant on sait que le sujet sera un thème central de la campagne des élections de 2026. Pour valider des choix… ou changer de méthode.

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