Ce dimanche 16 novembre, le leader de La France Insoumise Jean-Luc Mélenchon était en meeting à la salle des fêtes de St-Pierre-des-Corps. Un responsable politique de premier plan qui vient ainsi s’exprimer en Touraine c’est assez rare et c’était donc attendu. Nous y étions, et on vous raconte.

Il ne fallait pas être en retard pour voir Jean-Luc Mélenchon sur la scène de la salle des fêtes de St-Pierre-des-Corps. Plusieurs dizaines de personnes sont restées sur le parvis faute de places suffisantes, bénéficiant tout de même d’une retransmission audio du discours grâce à des enceintes installées dehors. A l’intérieur, ce sont plus de 500 personnes qui avaient pris place sur les chaises et banquettes, face au patron de La France Insoumise. Une assistance assez panachée au niveau des âges, plutôt paritaire. Venue de tout près ou d’un peu plus loin (un petit groupe du Mans, par exemple).
En plus de nous, on comptait une quinzaine de médias, dont des antennes nationales comme l’AFP, BFMTV ou une équipe de l’émission Quotidien de TMC. Le discours était par ailleurs retransmis sur 3 chaînes, signe de l’importance du moment.
Impératifs télévisuels obligent, Jean-Luc Mélenchon est monté sur scène à 15h30 tapantes, après 10 minutes d’introduction orchestrées par Thomas Delpace – candidat LFI aux municipales à St-Pierre-des-Corps – et Marie Quinton – co-tête de liste LFI pour les municipales à Tours. Et si la venue du patron du mouvement a naturellement pour objectif d’encourager les dynamiques Insoumises locales, pas question d’en toucher un mot au micro, « sinon le coût de cette salle sera imputé aux personnes qui se présentent ici » explique l’invité de marque du jour.


Politique nationale uniquement, donc. Et comme Jean-Luc Mélenchon n’avait pas prévu de point de presse, difficile de lui poser la question de pourquoi il tient tant à des candidatures autonomes alors que des unions locales de la gauche semblent possibles. Du coup on a demandé son avis au maire écologiste de Tours Emmanuel Denis, présent en observateur alors qu’il vient tout juste d’apprendre qu’il pourrait avoir une partie de son équipe actuelle face à lui en mars prochain. « Je suis surpris qu’une stratégie nationale prenne le dessus des réalités et des dynamiques locales » dit-il, en rappelant que la campagne n’en est qu’aux balbutiements et que « la porte reste ouverte ».
Pour comprendre un peu où se situe Jean-Luc Mélenchon, il faut attendre la fin de son meeting. Il fait le bilan des relations entre partis de gauche à ce moment-là, « parce que je ne savais pas où le mettre » raille-t-il, avec un petit côté dédaigneux non dissimulé. Et, sans surprise quand on suit la politique nationale, ce sont les socialistes qui sont accusés d’avoir ruiné les espoirs communs parce qu’ils refusent de voter la censure du gouvernement alors que, le leader Insoumis en est persuadé, ça ne fait que retarder l’échéance.

Pendant plus d’une heure et demie, le candidat à la présidentielle 2027 – qui refuse de participer à une primaire – a déroulé les classiques de son discours : du soutien irréfutable aux Palestiniens victimes des agissements d’Israël « armée la plus immorale du monde », à la lutte contre la pauvreté en passant par la protection environnementale, la Sécurité Sociale, le traité de libre-échange avec les pays d’Amérique du Sud ou la réforme des retraites. « Je suis venu à St-Pierre-des-Corps parce que c’est une ville d’honnêtes et braves gens avec 23% de pauvres. Voilà ce que vous avez fait : une cohue de pauvres » lance Jean-Luc Mélenchon au début de son propos à destination, en gros, de tous les soutiens du capitalisme. Le monde « qu’ils » ont bâti lance-t-il évoquant aussi « les benêts et benêtes… » avant de s’interroger : « Ça existe benêtes ? Gardons le masculin, c’est souvent vrai. »
Efficace, percutant, souvent cynique, parfois assez limite, le leader Insoumis charge Emmanuel Macron et ses soutiens, fustige le culte de l’argent, se moque d’être l’homme politique le plus détesté de France : « Ça me réjouit car ce sont des infréquentables qui le disent et cela doit rendre jaloux Emmanuel Macron qui a tant œuvré pour avoir le poste ». Dans la salle, ça rit souvent et ça applaudit pas mal. Jean-Luc Mélenchon dénonce un monde « absurde, cruel, violant » prônant pour sa part « la camaraderie et l’unité », mais peinant à avoir le discours nuancé qui limiterait le ressentiment. Il s’en moque, sûr de lui : « Oui, j’ai le droit de me fâcher. On n’a pas toutes les solutions mais on en a beaucoup. Et celles qui manquent on les trouvera. »









