A l’issue d’une concertation publique organisée cet été, la région Centre-Val de Loire vient d’annoncer le dépôt officiel du dossier de réalisation du Service Express Régional Métropolitain de Touraine auprès des services du gouvernement, ce qui doit permettre d’avancer sur le projet de développement de l’étoile ferroviaire de Tours, notamment en débloquant des financements. Mais l’incertitude politique nationale pourrait faire traîner les choses.
Le calendrier théorique est ficelé : dès ce mois de décembre 2025, le Service Express Régional Métropolitain de Touraine – dit RER métropolitain – va connaître une première réalisation concrète via la réouverture de la gare de Fondettes / St-Cyr, avec 7 allers-retours par jour pour rejoindre Tours ou en direction de la Sarthe. Après, d’ici 2030, des travaux d’infrastructures permettront de préparer la hausse de trafic sur les différentes lignes ferroviaires de l’étoile tourangelle. D’ici 2035, les 30 principales gares du département doivent être desservies toutes les heures aux moments de pointe, dont 16 gares toutes les 30 minutes. Puis ce sera 30 minutes pour tout le monde en 2040.
« Le SERM c’est la réponse aux déplacements du quotidien » plaide le maire de Tours Emmanuel Denis, président du Syndicat des Mobilités de Touraine, et un des principaux défenseurs du projet avec la Métropole, les communautés de communes du département et le Conseil Régional. Dans le cadre du chantier, depuis septembre, les détenteurs d’abonnements Fil Bleu peuvent aussi prendre le train sans surcoût entre Tours, St-Pierre-des-Corps, Joué, Ballan-Miré, Druye, La Membrolle ou Notre-Dame-d’Oé, tandis que les abonnés Rémi peuvent réaliser certains trajets Fil Bleu sans surcoût.
« Il est encore trop tôt pour faire un bilan mais il n’y a pas de raison que ça ne marche pas. Tous les chiffres sont à la hausse sur la fréquentation des trains du quotidien et sur le réseau Fil Bleu » plaide l’élu écologiste. « Il faut juste que les gens comprennent le truc. »
L’idée : montrer que ça bouge, et qu’il ne va pas forcément falloir attendre 15 ans pour rendre l’utilisation des transports en commun plus simple en Touraine. Il faut dire que le département est un peu traumatisé par la lenteur de réalisation des projets du genre : 8 ans de circonvolutions pour le lancement d’une deuxième ligne de tram, une décennie pour faire avancer concrètement le projet d’échangeur à Rochepinard, les atermoiements autour de la navette Tours / St-Pierre ou des infrastructures routières du Nord-Ouest et de la D943… Il y a de quoi perdre patience.
Là, les artisans du SERM tourangeau cherchent donc à montrer que leur assez grande concorde permet de faire de bons pas. Et c’est vrai que les choses avancent à un rythme soutenu pour ce type de chantier à plusieurs centaines de millions d’euros (Emmanuel Denis parle de 10 millions pour 2025, 60 d’ici 2030, 150 millions à l’horizon 2035 et encore 100 millions pour les années suivantes, rien que pour les infrastructures – rails, gares – donc sans compter les dizaines de millions nécessaires pour l’achat des trains, le personnel ou les frais annexes – lignes de cars, pôles d’échanges multimodaux…).

Ainsi, entre la déclaration d’intention d’Emmanuel Macron sur les SERM en 2022 et l’aboutissement du dossier tourangeau, il s’est passé environ 3 ans. « On sera sans doute les premiers à déposer notre dossier » affirme Emmanuel Denis. Un document fruit notamment de la concertation qui a recueilli un millier d’avis « avec une adhésion importante au projet » (les résultats détaillés seront connus prochainement).
L’objectif maintenant c’est que Paris instruise le dossier pour qu’on passe à l’action avec la réalisation du calendrier. « On attend que l’Etat bouge un peu » lâche le maire de Tours qui redoute que ça traîne avec les errances gouvernementales actuelles et les restrictions budgétaires. Un caillou dans la chaussure potentiel alors que cela doit représenter environ un tiers du financement, les deux autres tiers étant répartis entre la Région et les collectivités locales d’Indre-et-Loire.
Pour maîtriser au maximum les coûts, les artisans du RER tourangeau regardent donc tout ce qu’il est possible de condenser, comme l’achat de matériel roulant avec le développement en cours de nouveaux trains en modèle réduit, qui se rechargent sur batterie (et ne nécessitent pas de diesel) : « On espère profiter de ces innovations, j’y crois à fond car ils nécessitent moins d’entretien, dégradent moins vite les infrastructures et consomment moins d’énergie » indique Emmanuel Denis qui espère que l’industrie locale sera sollicitée, via Imateq et Socofer.
De quoi libérer des financements pour ce qui coûtera vraiment cher : les nouvelles stations. Après Fondettes, Mettray, Les Gués de Veigné, Joué-Gutenber et Tours-Verdun sont actées (cette dernière s’annonçant particulièrement complexe à construire dans un milieu urbain étriqué). La Ville-aux-Dames et La Riche pourraient aussi s’ajouter à la liste. 5-10 ans seront nécessaires entre les études et les réalisations, d’où l’intérêt de ne pas perdre de temps pour ne pas s’enliser dans un bourbier et créer du ressentiment chez les attentistes du projet.
Reste quand même des cartouches qui peuvent se débloquer rapidement et poursuivre la dynamique comme les lignes de cars express (Château-Renault / Tours-Sud et Chinon-Tours Nord) évoquées pour le début de la décennie 2030. Si le mandat 2020-2026 a été celui du lancement du tram B, le suivant devrait donc être celui du SERM avec l’espoir d’une mise en place moins hachurée pour maintenir l’indispensable adhésion populaire.
 
 







