Municipales à Tours : le projet avant la candidature, ou l’inverse ?

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A 4 mois du 1er tour des élections municipales, la campagne commence à prendre corps dans la ville de Tours. Entre révélations de sondages, réunions publiques, consultations ou tractages, les différents états-majors politiques s’activent. Pourtant, le décor reste assez flou, entre un maire sortant qui n’a pas encore officialisé sa candidature, une gauche qui ignore si elle partira unie et une droite fragmentée. Pour masquer l’ampleur de ces incertitudes, les personnalités qui occupent le terrain avancent leurs pions avec de premières propositions concrètes, sans que l’on sache si elles survivront aux potentiels accords futurs.

« J’appelle les autres candidats à cesser la guerre des étiquettes, je ne souhaite pas participer à ce combat stérile » tonne Benoist Pierre mercredi 5 novembre, au cours d’une conférence de presse. Passé par le parti d’Emmanuel Macron (Renaissance), ou le mouvement Horizons d’Edouard Philippe, l’élu d’opposition du conseil municipal de Tours est désormais non encarté. « Mon parti c’est Tours » clame-t-il sur son dernier document de campagne, phrase empruntée localement au maire de Joué-lès-Tours Frédéric Augis qui la martèle depuis des années.

Pour gagner la mairie en 2026, Benoist Pierre estime que la droite et le centre gagneraient à passer plus de temps à parler projet au lieu de s’attarder sur la tambouille politique. « Je regrette qu’on ne le fasse pas assez dans nos discussions » déplore-t-il en évoquant les échanges « très réguliers » qu’il peut avoir avec les autres candidats Olivier Lebreton, Christophe Bouchet ou Henri Alfandari. Des tractations qui s’éternisent, au risque de perdre du temps, et de lasser.

Car, quand on regarde les premières propositions des uns et des autres, les convergences sautent aux yeux. Par exemple sur la nécessité d’accélérer le recrutement de policiers municipaux (seuls l’ampleur de l’ambition diffère), ou celle de rogner le projet de la seconde ligne de tramway. Accord de principe aussi sur la réouverture du Pont Wilson aux voitures dans le sens Nord-Sud ou la fin de l’extinction de l’éclairage public dans certains quartiers. Et si Benoist Pierre se dit opposé à la construction d’une Arena, préférant une rénovation du Parc Expo, il concède qu’il n’en fait pas une ligne rouge et pourrait bouger dans le cadre d’un accord global.

Mais alors pourquoi diable les 4 têtes de pont de la droite et du centre n’arrivent pas à parler d’une seule voix à Tours ? Faute d’avoir de réponse sans langue de bois des intéressés, on est obligé de supposer que se jouent là des histoires d’égo et de représentativité politique. Pour avancer, la solution résiderait donc dans le fait de tester ses plus fortes envies programmatiques dans le débat public.

« Je n’ai pas entendu les autres candidats parler de logement » avance ainsi Benoist Pierre qui en fait une des ses 4 priorités, souhaitant relancer les constructions, renforcer le droit de préemption ou faciliter l’accès à la propriété pour les jeunes couples. Il parle aussi démocratie participative, suggérant que chaque grand projet soit précédé d’un référendum en ligne, dissertant de longues minutes sur le prétendu manque de compétence de la municipalité actuelle en la matière en s’appuyant sur l’exemple du raté de la réorganisation du plan de circulation dans le quartier des Douets.

Dans le même espace politique, Christophe Bouchet, Henri Alfandari et Olivier Lebreton aussi distillent leurs propositions, sans trop en dévoiler pour en garder sous le coude et ne pas donner toutes leurs billes à la majorité sortante. Ce qui explique aussi qu’on se concentre sur les grands débats des dernières années : vélo, tram, Arena, sécurité, démocratie participative et impôts locaux. A y regarder de près, ces 4 là ont même certaines convergences avec le candidat de gauche indépendant Alain Dayan. Etant plusieurs à revendiquer leur positionnement transpartisan, il n’est pas fortuit d’imaginer des alliances… Mais quand trancheront-ils, et dans quelle ambiance ?

Est-ce plus simple à gauche ? On pourrait croire que oui, mais pas tant. Ayant globalement survécu au mandat, ce dont certains doutaient, l’équipe alliée en 2020 se verrait bien repartir dans les mêmes termes, et pourrait même être rejointe par C’est au Tour(s) du Peuple dont le scénario « Liste commune de toute la gauche » est le 1er choix. Problème : la direction nationale de La France Insoumise imposera peut-être à son équipe locale de mener sa propre liste, et de l’autre côté des mouvements comme Place Publique refusent catégoriquement d’apposer leur logo aux côtés de celui de LFI.

Et puis il y a les engagés non encartés qui soutiennent Emmanuel Denis mais aimeraient bien que les partis ne prennent pas trop de place dans la future équipe. C’est le sens de l’association En Avant Citoyennes Citoyens qui comporte en ses rangs des socialistes (Jean-Patrick Gille, Cathy Münsch) ou la représentante locale de Place Publique Sarada Loock… mais toutes et tous se disent membres de cette structure en leur nom propre, avec l’ambition affichée de faire de la place à la « société civile » sur la liste en cours de construction.

Là aussi, il y a donc de l’enjeu. D’autant qu’il ne s’agit pas que de personnes, mais aussi de programmes. Figures de proue d’En Avant Citoyennes Citoyens, les adjoints au maire Iman Manzari et Elise Pereira-Nunes font bien comprendre que leur initiative vise aussi à peser sur le programme. En gros, qu’on parle un peu plus des enjeux de société, pour ne plus tout centrer sur l’écologie, ou le vélo (qui font du mal à la réputation d’Emmanuel Denis, accusé d’être dogmatique). Des propositions seront ainsi dévoilées le 13 novembre au soir au Centre de Vie du Sanitas, dont une nouvelle extension de la gratuité des transports ou des idées pour renforcer la place de l’enfant dans l’espace public. Des idées qui en appellent d’autres, venues de la base électorale.

Avant cela, les socialistes, LFI et les Cogitations Citoyennes ont aussi mené un travail d’écoute, avec leurs différents contacts. Chez les Insoumis, cela a permis de dégager des priorités comme le logement, la lutte contre la précarité et l’amélioration de la vie démocratique. Au PS, il y a eu de quoi développer des propositions : création d’un bouclier social pour les familles monoparentales, gardes d’enfants aux horaires atypiques ou carte de réduction pour la culture et le sport. Là-encore, les projets précèdent l’incarnation.

Stratégie bien inverse à l’extrême droite avec Aleksandar Nikolic. Parachuté à Tours pour tenter de réimplanter le parti au conseil municipal, le candidat du Rassemblement National capitalise davantage sur son étiquette et son visage que sur ses propositions. Plus occupé par ses activités nationales que locales, comme en attestent la rareté de ses posts Internet consacrés à Tours, il n’est pas aisé de savoir précisément ce qu’il souhaite défendre comme projets dans le cadre de sa campagne. Mais c’est souvent une stratégie du mouvement frontiste.

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