Si la campagne des élections municipales s’agite depuis de longs mois à Tours, St-Pierre-des-Corps n’est pas en reste. La gauche s’organise pour monter une alliance (sans La France Insoumise qui veut partir de son côté), et la majorité municipale affûte ses pions pour tenter de conserver la ville ravie au Parti Communiste en 2020, après 100 ans de règne. Pour cela, elle doit montrer sa capacité à faire aboutir des projets d’ampleur et il ne lui reste que quelques mois.
Quel bilan pourra-t-on faire après 6 ans d’une politique de droite à St-Pierre-des-Corps ? On pense d’abord aux débats mouvementés lors du conseil municipal. Les tarifs municipaux, les aides sociales, l’emploi… Autant de sujets qui ont entraîné des polémiques à répétition. La démission de plusieurs élus de la majorité puis du maire Emmanuel François – remplacé par Olivier Conte – a également marqué les esprits, d’autant que l’élu a quitté son poste après avoir vécu des moments difficiles, de l’incendie de son cabinet de médecin à la destruction de sa voiture sous ses yeux lors des émeutes de 2023. Avant lui, d’autres collègues avaient également subi des faits similaires.
Il faudra aussi regarder ce qui a changé concrètement dans la ville. Le parvis de la gare est en cours de transformation, sous l’égide de la Métropole. Mais l’évolution du quartier populaire de la Rabaterie tarde à se mettre en place, de même que le chantier grandiose promis pour rouvrir le Magasin Général. Il y a tout de même eu l’obtention d’une ligne de bus à Haut Niveau de Service à l’horizon 2028 pour desservir la Rabaterie, l’arrivée de premières caméras de surveillance après des années de résistance, la végétalisation en marche des cours d’école ou encore le renforcement de la police municipale.
Cependant, parmi les projets qui marquent une empreinte, il y a ce qu’une équipe décide pour son centre-ville. Il faut bien reconnaître que celui de St-Pierre-des-Corps est un peu daté. Pas moribond, mais méritant de se mettre à la page. Pour lui redonner vie, la municipalité a notamment décidé d’y rapatrier sa grande fête municipale en juin, troquant dès lors le feu d’artifice pour un spectacle de laser et de feu en complément de l’offre culturelle. Elle vient également de décider de la création d’une zone piétonne, un fait plutôt rare dans le département en dehors des cités touristiques que sont Tours, Amboise, Loches ou Chinon.
L’équipe d’Olivier Conte compte bien mettre à profit le temps qu’il lui reste pour aller plus loin. Elle vient ainsi de refuser la vente du foncier du centre commercial de la Place Maurice Thorez, déçue du projet proposé par le candidat à l’achat, le groupe Chesse. « Les propositions faites n’étaient ni à la hauteur des attentes des habitants ni des ambitions de revitalisation. Le projet manquait d’innovation, les conditions de vente étaient désavantageuses, et l’orientation prise aurait figé l’avenir du centre-ville dans une logique purement commerciale, sans vision globale » argumente le groupe St-Pierre Autrement.
Afin de ne pas délaisser la zone, la municipalité assure poursuivre la mobilisation de fonds pour rénover les cellules commerciales et mettre en place « un urbanisme transitoire pour rendre la place plus vivante, plus agréable ». En revanche, le secteur n’accueillera pas la nouvelle caserne des pompiers comme envisagé, celle-ci ayant plutôt vocation à déménager au Nord-Est du territoire où un terrain aurait été trouvé (plusieurs années seront tout de même nécessaires avant l’inauguration car le financement n’est pas bouclé, et les études pas encore lancées).
Les grandes orientations bouclées, reste maintenant à agir. « Nous avons engagé une grande étude de requalification de l’avenue de la République. Objectif : imaginer une avenue plus verte, plus agréable, partagée entre les mobilités, et qui redonne de la vie aux commerces » présente St-Pierre Autrement sans donner de calendrier de réalisation, de quoi promettre un riche débat lors de la campagne à venir, chaque liste ayant sans doute à cœur de défendre ses propres idées pour que le centre de St-Pierre soit bien plus qu’un bourg d’une ville de première couronne dans l’agglo, le tout à l’heure des enjeux climatiques, donc avec enjeu de rendre la zone moins minérale.
En parallèle, les élus et candidats vont devoir s’adapter à une évolution marquante sur laquelle ils et elles n’ont pas vraiment la main : le changement d’enseigne du Auchan Supermarché, appelé à devenir un Lidl. Ce qui va faire évoluer le paysage, notamment social, ce dont s’inquiète la section corpopétrussienne du Parti Communiste Français : « Nous savons tous que les Lidl ont tendance à embaucher de très jeunes employés avec un turn over important. Quelles seront les conditions de reprises des salariés d’Auchan et en particulier pour celles et ceux qui ont plus de 20 ans d’ancienneté ? » se demande-t-il, craignant de la casse sociale.
A cela on peut aussi se demander quel sera l’environnement commerçant autour du magasin, l’idée de revitalisation du centre-ville passant par une nouvelle attractivité avec de nouvelles cellules commerciales environnantes. Plus qu’un simple habillage urbanistique, le futur centre-ville doit permettre à une redynamisation de tout le centre et donc de la ville.
