Alors que les travaux préparatoires à la seconde ligne de tramway ont débuté cet été avec le retrait place Jean Royer de la statue de l’ancien maire et le dévoiement de réseaux, un peu plus à l’ouest c’est l’abattage de rangées d’arbres rue d’Entraigues et boulevard Tonnellé qui créent la polémique, avec en point d’orgue ce mardi 02 septembre, un élu d’opposition de la ville de Tours, Bertrand Rouzier qui a grimpé et s’est attaché à un arbre toute la journée, en guise de contestation.
« Les arbres sont nos poumons, laissez nous respirer », c’est accompagné de ce slogan affiché sur une banderole que Bertrand Rouzier s’est attaché à un arbre ce mardi 02 septembre à 7h du matin. L’élu d’opposition de la ville de Tours (ex membre de Génération Ecologie), a ainsi lancé une action médiatique pour dénoncer l’abatage de tout l’alignement de la rue et du boulevard Tonnellé perpendiculaire. Cet abatage d’une vingtaine d’arbres se fait dans le cadre des travaux préalables à la deuxième ligne de tramway qui passera dans le secteur.
Bien que le projet ait été déclaré d’utilité publique, plusieurs recours contre l’abatage de ces arbres (portés par Bertrand Rouzier notamment) sont toujours en cours. C’est ce que veut dénoncer l’élu d’opposition avec son action médiatique.

« J’ai écrit à Emmanuel Denis le 05 août dernier et je n’ai à ce jour aucune réponse. Je considère qu’on était pas à deux mois prés et qu’ils auraient pu attendre la fin des recours » explique du haut de son arbre Bertrand Rouzier. Rappelons que ce dernier avait été élu sur la liste d’Emmanuel Denis en 2020, avant de rejoindre les rangs de l’opposition deux ans plus tard. En fin de journée, après une rencontre avec Emmanuel Denis, l’élu contestataire est finalement descendu, aidé par les pompiers, son action a mis au grand jour, la contestation qui reste encore, sur ce projet qui n’en finit plus de faire parler de lui.
A l’approche des Municipales, les critiques pleuvent
Bertrand Rouzier n’est pas le seul à critiquer le démarrage des travaux et l’abatage de ces arbres. Christophe Bouchet, ancien maire de Tours, et candidat déclaré aux prochaines municipales, s’est fendu de son côté d’une vidéo critique sur les réseaux sociaux. D’autres élu(e)s d’opposition comme Marion Cabane ou Mélanie Fortier ont également fait part de leurs critiques, tout comme Alain Dayan, socialiste dissident, candidat également aux prochaines élections municipales.
Au rang des critiques, on retrouve celles sur le projet de seconde ligne du tramway en lui-même, jugé pour les uns mal calibré avec le passage par le boulevard Jean Royer, ou encore trop cher (plus de 500 millions d’euros) … L’occasion est aussi d’attaquer publiquement le maire de Tours (et probable candidat à sa succession en mars prochain) en le mettant en porte-à-faux avec ses idées et discours. Ce dernier est en effet un écologiste affirmé et évoque régulièrement dans ses propos la nécessité de lutter contre le réchauffement climatique, de déminéraliser la ville en luttant contre les ilots de chaleur, etc… A quelques mois des élections, il est ainsi assez tentant pour les opposants à ce dernier d’afficher l’image d’un élu écologiste destructeur de végétation.

Caricature d’Emmanuel Denis partagée sur les réseaux sociaux par ses opposants
Pourtant, en reprenant l’historique de ce projet de deuxième ligne de tramway, le tronçon qui fait actuellement débat faisait déjà partie de la première version, celle qui devait passer par le boulevard Béranger. Cette première version avait été votée au temps de l’ancienne municipalité, quand Christophe Bouchet était maire de Tours. Si ce dernier avait dès 2021 fait volte-face, expliquant que face au coût d’un tel projet, il favorisait désormais qu’un tronçon entre Verdun et Trousseau, force est de constater qu’un tel projet structurant n’est jamais sans impact.
C’était déjà le cas pour la première ligne de tramway dont les travaux s’étaient tenus entre 2010 et 2013. A l’époque, le maire socialiste Jean Germain était accusé des mêmes maux que son successeur actuel. On se souvient également que plusieurs militants associatifs environnementaux étaient également grimpés aux arbres dans le quartier du Sanitas pour lutter contre leur abatage.

Couverture d’un livre d’un opposant à la première ligne de tramway en 2012
Joint par 37 degrés par téléphone ce mardi 02 septembre, Emmanuel Denis n’élude pas la problématique. « C’est toujours un crève-cœur de voir des arbres tombés. On sait que pour ce projet il y aura au total 800 arbres et arbustes concernés, mais on a été vigilants à être le moins impactant possible. On a fait en sorte de pouvoir sauvegarder tous les arbres que l’on pouvait. » Le maire de Tours citant en exemple pour appuyer son propos, le passage par le boulevard Béranger qui aurait conduit à la destruction du mail central et ses arbres centenaires.
En France, les projets de tramway sont notamment vus en tant qu’outils d’aménagement urbain global et non pas en tant que simples moyens de transport. La deuxième ligne du réseau tourangeau ne fait pas exception à la règle et c’est aussi sur ce point que le trajet actuel fait débat, le passage par Jean Royer ne faisant pas l’unanimité au sein de la classe politique ; avec comme principal reproche que le tracé soit trop sinueux et peu efficient en temps de trajet. Malgré la déclaration d’utilité publique du projet, ce dernier reste donc contesté sur le fond et sur la forme, comme beaucoup de projets structurants similaires, et à l’approche des élections municipales chaque occasion sera bonne pour s’en servir et chercher à fragiliser la majorité sortante qui en retardant sa mise en service suite aux changements de tracés effectués, a pris le risque de son côté de se présenter aux élections municipales en pleine période de travaux…










