Quelle place pour l’art monumental dans les rues de Tours ?

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Ce mardi 8 juillet, la ville de Tours a inauguré l’installation de deux bancs géants devant le Château de Tours, des réalisations de l’artiste François Alix qui s’ajoutent aux œuvres du duo Jérôme Garreau et François Sueur posées dans l’herbe en 2024. Des aménagements qui montrent un regain d’intérêt pour l’art monumental dans l’espace public. Et ce n’est sûrement pas fini.

A Tours, l’œuvre monumentale contemporaine la plus connue c’est le Monstre de Xavier Veilhan sur la Place du Grand Marché. On peut aussi citer le Rhinocéros de Michel Audiard près de la gare, les deux lions du quartier éponyme, les girafes de l’Avenue Marcel Mérieux, les bustes symbolisant des personnages de Balzac à partir de visages de tourangeaux dans le Jardin de la Préfecture, et bien sûr les différentes créations de Daniel Buren le long de la ligne de tramway.

Payées par les pouvoirs publics, ou financées par le privé (le Rhinocéros a été installé à l’initiative de McDonalds et les girafes ), ces installations font souvent office de repère (on parle beaucoup de la Place du Monstre et on se donne rendez-vous au Rhinocéros). Ce sont aussi de formidables vecteurs touristiques, encourageant la prise de photos que l’on partage sur les réseaux en identifiant le lieu visité. De quoi accroître sa popularité.

Disposer d’une riche collection urbaine est donc un atout pour les municipalités. Parce qu’elles égayent le quotidien et favorisent le tourisme. La ville de Tours l’a bien compris en pariant sur le street art depuis une dizaine d’années, tant dans le centre-ville que dans les quartiers (au Christ Roi, au Sanitas, au Beffroi…). Cependant, depuis 2013, les nouvelles sculptures sont devenues plus rares. C’est en train de changer.

En 2024, la municipalité a organisé une exposition extérieure aux abords du Château de Tours. « On est sur l’itinéraire de la Loire à Vélo et on s’est dit que ce serait bien de faire une entrée de ville artistique pour inciter à s’arrêter dans le quartier des musées » plaide Christophe Dupin, adjoint au maire chargé de la culture qui a sollicité le duo d’artistes lochois Jérôme Garreau / François Sueur pour venir poser un Pégase à l’entrée du Pont de Fil, puis des insectes stylisés dans le parc au pied du monument. Un groupement baptisé Le Bal des Demoiselles.

« Cela a été un succès et nous avons décidé de les acheter » se félicite l’élu, fier de rappeler que le jardin en question était totalement fermé avant cette initiative (hormis des événements ponctuels comme une édition du festival Les Ilots Electroniques). Afin d’accroître encore l’attractivité du lieu, deux nouvelles œuvres font leur apparition en 2025, en concomitance avec les 20 ans de la Loire à Vélo. Il s’agit de bancs monumentaux imaginés par le Poitevin François Alix (déjà présent à Chinon ou Toulon). L’un peut accueillir environ 8 personnes, voire plus. L’autre est en équilibre instable à quelques mètres au sud.

« J’ai déjà fait un banc un peu différent chez moi il y a quelques années, Le Banc de Gargantua, Christophe Dupin l’a vu et l’a trouvé rigolo. Il a donc voulu qu’on fasse quelque chose à partir de ça. C’est puissant pour moi » explique François Alix, originaire de Loudun et connu pour mener le projet d’aménagement d’une immense sculpture en métal de récupération (ce qui lui vaut un conflit avec les services de l’Etat qui comparent son terrain et le projet Magic Hortus à une décharge). Et voilà donc comment il a détourné cet objet usuel des villes en version géante devant un monument historique, avec des métaux de récupération, soit les mêmes matériaux que ceux du duo Garreau / Sueur, entraînant un dialogue entre les créations. Des fleurs bleues, également disproportionnées, complètent le tableau.

« Normalement je n’aime pas beaucoup travailler avec les autres, c’est compliqué, mais cette fois ça m’intéresse. J’ai essayé de me coller à ce qui existait déjà. Tout est par deux donc j’ai suivi avec deux bancs, deux arbres et j’ai essayé de créer des perspectives » poursuit François Alix, peu habitué à l’espace public mais qui s’y trouve bien cette fois-ci.

Du côté de la municipalité, on constate le succès de l’opération, d’autant plus à proximité du château / musée qui propose de nombreuses expositions, souvent contemporaines. « Avec ma collègue Bestabée Haas on aime l’idée de mettre de la poésie à disposition des habitants dans les jardins. Les retours sont très bons, c’était beaucoup partagé sur les réseaux sociaux » indique Christophe Dupin qui ouvre la porte à d’autres projets du style : « Les sculptures on y croit. On pense au nouveau jardin qui va ouvrir à Tours-Nord, quartier Paul Bert. Le Parc de Ste Radegonde s’y prêterait bien. On va aussi lancer une collection de plots en béton décorés par un artiste différent chaque année, à l’image de ceux de Nico Nu, Place Anatole France. »

Et forcément, on pense aussi à ce qui pourrait venir pimper la rénovation du Sanitas, des places tristounes comme Velpeau ou Monconseil… mais surtout le parcours de la 2e ligne de tramway, dont la partie tourangelle serpentera du Jardin Botanique aux Fontaines. On sait déjà qu’il n’y aura pas de geste aussi imposant que l’appel à Daniel Buren lors de la construction de la ligne A, mais la municipalité actuelle fait quand même vœu d’un geste artistique. Une envie qui sera sûrement soumise au résultat des prochaines élections municipales ainsi qu’au budget disponible. Pour indication, l’ensemble des œuvres entourant le Château de Tours a coûté 34 000€ (le banc oblique est pour l’instant un dépôt provisoire de l’artiste jusqu’au 31 décembre, avant une éventuelle acquisitions).

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