Pétersbourg : voyage en mélancolie

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Après avoir filmé le quartier Blanqui, le réalisateur tourangeau Charlie Rojo est reparti dans ses envies d’ailleurs et de voyage. Il choisit Saint Saint-Pétersbourg, ville mythique, qu’il a souhaité filmer comme un bateau à la dérive. Le réalisateur suit les enfilades baroques de l’ancienne capitale russe comme on longe les coursives d’un bateau. Un moment hors du temps dans une ville qui est à quelques heures de Tours.

Comme tous les films de Charlie Rojo, le documentaire Pétersbourg notes sur la mélodie des choses, est né de coïncidences : d’abord la lecture de Crime et châtiment, coup de foudre littéraire, puis la découverte de l’histoire incroyable de ce « rêve de pierre, une ville qui aura changé 4 fois de nom »  et enfin la rencontre d’Elena, une pétersbourgeoise croisée dans un train, entre Nice et Gènes.

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Pour son premier documentaire, Charlie Rojo avait montré la vie sur un cargo. En filmant la ville de Pétersbourg, bâtie entre la Baltique et le fleuve de la Néva, le réalisateur tourangeau  retrouve la mer et la vie douce-amère des ports. Entre ses eaux sombres et son ciel d’acier, Pétersbourg a des allures de ville fantôme.  Charlie Rojo voulait filmer les souvenirs et l’âme d’une ville : l’ancienne capitale tsariste est certainement la ville la plus spirituelle qui soit. Tout, ici, parle de l’immatériel. On dit que la ville est maudite parce qu’elle est construite sur les ossements des ouvriers morts pendant sa construction. Elle naît en 1703, par la volonté du tsar Pierre Le Grand qui veut créer une nouvelle capitale mais bâtie sur les marécages du delta de la Néva, le chantier est un carnage. Les ouvriers et paysans réquisitionnés aux quatre coins de l’empire russe meurent par dizaines de milliers. L’histoire se répète en 1941, lorsque l’armée allemande assiège la ville : hommes, femmes, enfants, meurent de faim et de froid.

«Le blocus est un souvenir vivant pour tous les Pétersbourgeois. J’ai discuté avec une vieille dame qui l’a vécu, c’était terrible ; et au milieu des places, on voit d’immenses statues en hommage aux morts pendant le siège» raconte Charlie Rojo. Lors de son premier séjour, le réalisateur rencontre aussi l’arrière petit-fils de Dostoiovsky, l’auteur de Crime et Châtiment. « Ç’a été un déclic. Là, j’ai su que je ferai le film. »

Comment filmer « l’odeur de la tragédie » ? En suivant le fil des rues, les regards, la démarche un peu ralentie des passants, les places vides. Derrière les façades grandioses, les habitants racontent la vie dans les appartements communautaires, l’histoire de l’orchestre russe qui jouait tous les jours pendant le blocus pour narguer les Allemands. Ils parlent de la beauté et la mélancolie qui tisse leur quotidien : le cimetière des chevaux des tsars, les journées sans soleil, les nuits blanches en juin, la nostalgie de l’époque soviétique.

Charlie  Rojo est parti quatre fois à Pétersbourg, caméra à l’épaule, il a ramené 110 heures de rushs. Le film a demandé six mois de montage.  « L’étalonneur a fait un travail de fou,  le monteur et le mixeur son aussi » explique-t-il. Le réalisateur tourangeau aime le travail avec cette équipe réduite et une société de production à taille humaine, L’Image d’après  : «  Maud Martin est très carré mais elle prend le temps. Elle s’adapte à chaque projet. Tous les membres du collectif échangent entre eux, c’est très enrichissant.»

Coproduit par TVTours et Nottempo, le film a aussi bénéficié d’une aide de CICLIC Région Centre. « Un film comme Pétersbourg, ce n’est pas commercial, avoue Charlie Rojo. Il a été présenté en ouverture du Festival du film documentaire à Clermont-Ferrand et je suis vraiment heureux d’avoir eu la chance de montrer cette ville incroyable, qui semble suspendue, hors du temps. »

On dit que le documentaire est la poésie du réel : la ville de Saint-Pétersbourg, déchirée entre le passé et le présent, rêve des tsars et symbole de l’URSS, est bien le sujet idéal.

Pétersbourg, note sur la mélodie des choses (1h40) : jeudi 18 décembre, à 20 h aux Studios. Projection spéciale suivie d’un débat avec le réalisateur

La soirée est organisée par le CNP et les Cinémas Studio, avec la participation de CICLIC Région Centre.

crédits photos  : Maud Martin/Charlie Rojo

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