Un grand week-end à l’Hôtel de Ville de Tours fin novembre et plein d’événements diffus les semaines précédentes à Tours, Joué, St-Pierre-des-Corps ou Amboise. Ainsi se profile la 11e édition du festival Plumes d’Afrique, le grand événement tourangeau qui met en avant les cultures et pensées africaines. Malgré un certain succès avec 10 000 personnes pour l’édition 2023, le réseau Afrique 37 qui l’organise s’est posé la question de l’opportunité de poursuivre l’aventure.
« On a pensé faire une édition 2025 un peu plus light mais finalement on a 67 événements, comme en 2023 » glisse l’organisation de Plumes d’Afrique lors d’une présentation de la programmation réalisée ce mardi 4 novembre à la cafétéria des cinémas Studio. De l’Hôtel de Ville de Tours à la guinguette Le Soleil de St-Pierre-des-Corps (dont 37 degrés est partenaire) en passant par la médiathèque d’Amboise ou la Salle des Arts de Beaumont-en-Véron, ce ne sont pas moins de 14 communes qui programment des spectacles, conférences ou concerts. Bien loin du seul week-end qui constituait la toute première mouture, en 2002.
« En 2023 nous avons accueilli 10 000 personnes dont 5 000 scolaires » se réjouit le réseau Afrique 37, signe que l’événement diffuse dans la société tourangelle. Et pourtant il a été question de ne pas renouveler l’expérience : « C’est de plus en plus compliqué financièrement et logistiquement » pointe la présidente, Marie-Claude Boizon. « Nous sommes tous bénévoles et c’est une lourde tâche. On s’est demandé si on allait repartir » commence-t-elle, avant d’asséner : « mais l’évolution de la société et le racisme débridé nous ont remotivés car c’est une manière de lutter contre les préjugés, de donner à voir l’autre autrement, en favorisant la rencontre. »
C’est donc une trentaine de personnes du réseau Afrique 37 qui ont élaboré la programmation, et une bonne centaine de petites mains qui ont et vont œuvrer à la réussite de Plumes d’Afrique 2025 pour une valorisation totale estimée à plus de 50 000€, dont 30 000€ de subventions publiques. Un chiffre à peu près stable comparé à ce qui avait été versé il y a deux ans : « Nous avons perdu certains soutiens mais nous avons touché pour la première fois une aide de Tours Métropole au nom de la politique de la ville, et la Direction Régionale des Affaires Culturelles a augmenté sa participation » note Marie-Claude Boizon.
« On n’est jamais sûrs d’une année sur l’autre, et les élections peuvent changer les choses » nous dit le Réseau Afrique 37 qui se prépare à avancer avec des moyens potentiellement plus étriqués, et souffre déjà des règles drastiques pour l’octroi de visas. Son service civique venu du Maroc, Zakariae Larribi, a ainsi dû décaler son arrivée faute de papiers reçus à temps, et surtout cette année aucun artiste vivant sur le continent africain n’est présent dans la programmation, en raison des tracasseries administratives et du coût que cela représente.
Peut-on pour autant faire un festival de culture africaine ? Evidemment, répondent ses organisateurs dont le parrain Jean Raharimanana :
« C’est un festival qui met vraiment en place les expressions africaines via la littérature, la musique, la danse, les arts plastiques, le théâtre ou cette année le slam. C’est un festival reconnu par les auteurs, les artistes, on a très peu de refus quand on demande de venir. »
Durant tout novembre, on va donc parler des conséquences de la colonisation, de la quête du père, de féminisme, de discrimination, de gastronomie… ou même de l’intelligence artificielle, de comment elle intervient dans les parcours de migration, par exemple sur les contrôles d’identité. Un festival qui est donc autant social, sociétal, que culturel. Et s’il s’attend à une fréquentation plus faible de par l’absence de têtes d’affiche africaine, ou du fil conducteur moins fédérateur que pour 2023 avec l’at de rue, Plumes d’Afrique compte bien faire entendre les voix d’un continent encore trop souvent bâillonné.
Parmi les grands événements : le week-end de clôture à l’Hôtel de Ville de Tours avec le salon littéraire mais aussi, pour la première fois, un marché artisanal avec une demi-douzaine de stands et de quoi déguster des spécialités africaines. Ou encore une grande soirée musicale à l’Espace Gentiana de Tours-Nord. Beaucoup de manifestations sont gratuites. Le programme complet est disponible en cliquant ici.








