L’Opéra de Tours a ressuscité avec brio Le Petit Faust, opéra-bouffe en trois actes créés en 1869, sur un livret pétillant d’Hector Crémieux et Adolphe Jaime. Cette œuvre, souvent éclipsée par les grandes fresques lyriques du XIXᵉ siècle, appartient pourtant à un pan savoureux du théâtre musical français : celui de l’humour irrévérencieux, des pastiches ravageurs et de la satire légère qui fit la gloire de Jacques Offenbach et de ses contemporains.
Écrite pour la musique de Hervé — considéré par certains comme le véritable inventeur de l’opéra-bouffe — Le Petit Faust revisite le mythe faustien sous l’angle de la parodie

Sol Espesche, à la mise en scène, s’amuse visiblement autant que les personnages qu’elle bouscule. Ça pétille, ça clignote, ça virevolte : bref, on ne s’ennuie pas une seconde. Pendant que les chanteurs courent après leurs destins, Sammy El Ghadab, à la tête de l’Orchestre Symphonique Région Centre–Val de Loire/Tours, garde le cap avec l’assurance d’un chef qui saurait diriger un ouragan en souriant. Le Chœur, lui, suit avec enthousiasme, sans jamais perdre la boussole.
Dans la distribution, chacun trouve son moment de gloire : Charles Mesrine compose un Faust aussi sympathique que légèrement dépassé — un homme qui a manifestement signé son pacte trop vite ; Anaïs Merlin offre une Marguerite lumineuse, qu’on aurait presque envie de consoler entre deux airs ; Mathilde Ortsheidt, Méphisto en version espiègle, semble prendre un plaisir évident à semer la zizanie, et on en redemande ; Maxime Le Gall, en Pion, et Camille Brault, Aglaé irrésistible, complètent un plateau où personne ne se prend trop au sérieux, pour notre plus grand bonheur.



La générale de ce samedi laisse présager une série de représentations de haute volée dès ce dimanche 16 novembre à 15h00 puis mardi 18 novembre à 20h00 : un Petit Faust enlevé, respectueux de l’esprit de l’œuvre tout en lui offrant une modernité joyeuse. L’Opéra de Tours confirme une fois encore sa capacité à proposer des productions à la fois ambitieuses, accessibles et artistiquement maîtrisées.
Roger Pichot









