Avec Koen Taselaar, enfin le retour d’une exposition marquante au CCC OD de Tours

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Avec environ 40 000 entrées annuelles, le Centre de Création Contemporaine Olivier Debré de Tours reste loin des objectifs initiaux qui prédisaient jusqu’à 100 000 personnes par an dans ses galeries. Inauguré par l’ancien président de la République François Hollande en 2017, il est le phare tourangeau de l’art contemporain mais sembler peiner pour trouver la recette mixant exigence artistique et attirance du grand public. L’exposition du Néerlandais Koen Taselaar nous parait capable de renverser la tendance.

On se souvient avec une certaine émotion de la grande mare d’huile qui avait été installée dans la Nef du CCC OD de Tours lors de son ouverture. Quelques mois plus tard, un tapis de cactus avait été aménagé au même endroit (et les plantes données au public à la fin de l’exposition). Depuis ces gestes inauguraux, la programmation de la majestueuse salle aménagée dans les vestiges de l’Ecole des Beaux-Arts nous avait paru plus timorée, moins spectaculaire, alors que le volume est idéal pour marquer les esprits.

Et même si l’institution culturelle dirigée par Isabelle Reiher ne manque pas de projets ambitieux (des expositions grandioses autour de l’artiste tourangeau Olivier Debré qui lui donne son nom, une politique généreuse autour de l’accueil du jeune public ou l’accueil d’événements insolites (soirées, pièces de théâtre…), elle est loin de tutoyer les chiffres de fréquentation du Musée des Beaux-Arts, faisant même parfois moins d’entrées que le Muséum d’Histoire Naturelle.

A quoi c’est dû ? Plusieurs choses peuvent l’expliquer, mais on a tendance à penser que le manque de gestes envers le grand public a pu jouer. Des œuvres difficiles à comprendre, des artistes à l’art complexe à saisir… Même les amateurs se sont parfois sentis distancés.

En ce début d’année 2025, le CCC OD présente néanmoins une exposition majestueuse sur laquelle on mise pour réaliser un joli succès. Sans trahir les fondamentaux du lieu (découverte de talents méconnus, richesse du message artistique), elle renoue avec le spectaculaire et les codes de l’époque pour mériter qu’on la conseille amplement. Il s’agit de la première installation française du Néerlandais Koen Taselaar qui a spécialement réalisé une tapisserie de 19m en coton et acrylique, déployée en biais dans la grande Nef.

L’effet est saisissant. Seulement réalisée avec 12 couleurs, l’œuvre est d’une richesse inouïe. Bourrée de détails et de références historiques ou à la pop culture, un peu dans l’esprit du street art. Parfait pour coller aux codes de l’époque et parler à tous les publics, des ados aux plus âgés. L’ajout de pièces insolites (fauteuils et tabourets tapissés) apporte un côté ludique bienvenu (asseyez-vous, c’est très confortable !).

Pour réaliser ce chef d’œuvre, Koen Taselaar a mis à profit un travail préparatoire en Val de Loire, celui-ci l’ayant notamment guidé jusqu’à Angers et sa grande tapisserie de l’apocalypse, hébergée par le grand château de la ville. Maîtrisant cette technique depuis 2018, l’artiste a eu l’idée d’imaginer une tapisserie de l’apocalypse moderne qui nous plonge dans un océan rempli de déchets de l’humanité : toutes les bonnes grosses crises infligées à la planète au fil du temps, des désastres sociaux aux dommages collatéraux de la technologie.

Baptisée End and, un jeu de mot autour de la fin, la création de l’artiste néerlandais nécessite d’y poser longuement le regard, et utilise également les codes du street art. On y croise aussi bien un tremblement de terre meurtrier et dévastateur au Portugal en 1755 que le trombone qui nous aidait à bien utiliser Microsoft Word dans les années 90-2000. A côté, des sculptures et tapisseries plus modestes complètent le propos qui veut sensibiliser sur les questions environnementales et la faculté de l’humanité à se saborder.

Le montage de cette exposition a pris plus de deux ans. A l’origine, on trouve une invitation de la directrice du CCC OD Isabelle Reiher aux Pays-Bas pour découvrir les artistes du fonds Mondrian qui soutient le développement des artistes néerlandais dans le monde. C’est là qu’il y a eu rencontre avec Koen Taselaar : « J’ai aimé l’énergie de son travail » nous explique celle qui lui offre aujourd’hui l’opportunité de présenter la plus grande création de sa carrière. Budget total :  70 000€ dont une grande part de subventions, ce qui a permis à Tours de s’offrir ce projet rare.

Humoristique, sarcastique, pédagogique, faisant écho à l’Histoire de France par ses techniques, et à celle du monde par ses motifs, la tapisserie End and et ses dérivés sont à découvrir jusqu’au 21 septembre.

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