Des cachets d’artistes toujours plus élevés, des charges en augmentation comme les prix de l’énergie ou le budget sécurité… Ces dernières années, les festivals tourangeaux ont fait face à une augmentation de leurs dépenses, entraînant souvent une progression du prix des pass pour le public. Alors quels événements ont le plus augmenté leurs tarifs ? Quels sont les festivals les moins chers du département ? On fait le point.
Fin novembre, les pass 3 jours « early bird » vendus par Terres du Son se sont arrachés en quelques minutes. 89€ au lieu de 105€ soit environ 15% de réduction pour assister au 20e anniversaire de l’événement les 11, 12 et 13 juillet 2025 au Domaine de Candé à Monts. En contrepartie, il fallait acheter son billet « à l’aveugle », puisqu’aucun nom d’artiste n’avait encore été dévoilé. En vigueur depuis plusieurs années, cette promotion est également utilisée par de nombreux autres festivals tourangeaux et français. Une façon de répondre aux critiques sur les tarifs élevés et de remercier les fans de la première heure qui viennent pour l’événement, plutôt que pour des noms.
Dans un contexte global d’inflation, et dans un monde où les grands concerts dépassent allègrement les 100€ (à Paris, dans les stades ou pour le festival Chambord Live du Loir-et-Cher), passer tout un week-end en festival est un budget (surtout si il faut rajouter les dépenses sur place comme la nourriture et les boissons).

Programmé du 6 au 8 juin, le festival électro Moorea, qui prépare sa 2e édition, est même encore plus cher avec un pass 3 jours plein tarif à 109€ (mais 42€ la journée quand Terres du Son est à 49€). Certes, il existe régulièrement des réductions pour les familles, les demandeurs d’emploi, ou avec le Pass Culture, mais il est compréhensible que l’accès aux scènes devienne de plus en plus compliqué pour une partie du public.
Car si l’on reprend l’exemple de Terres du Son, en 2019, avant la crise Covid, le pass 3 jours était à 70€. On a donc fait +50% en 6 ans. Et quasiment +20% entre 2021 et 2025 (de 90 à 105€ le week-end complet). Rien qu’entre 2024 et 2025, ce sont 7€ qui ont été ajoutés au prix du billet intégral. Le cas n’est pas isolé. En 2021, le pass 3 jours d’Yzeures’N’Rock était à 73€… 85€ en 2024 (+15% en 3 ans), 95€ en 2025 ! Le pass journée a lui bondi de 29€ en 2021 à 39€ 4 ans plus tard soit 30% d’augmentation.
Cette hausse des prix est-elle généralisée ? Non. Ou en tout cas, pas forcément dans les mêmes proportions. A Avoine Zone Grovve, le prix du pass journée a même diminué : 37€ en 2019, 35€ pour 2025. Le pass 3 jours a lui pris 15€ en 6 ans, passant de 60 à 70€. Une hausse de 5€ a été appliquée entre 2024 et 2025. Il faut rappeler que l’événement est largement financé par la mairie véronaise, mais on constate bien que ses moyens ne sont pas illimités.

Jusqu’ici, l’inflation des passs ne semble pas trop avoir impacté la fréquentation des festivals tourangeaux. Terres du Son, Avoine Zone Groove, Yzeures’N’Rock et Aucard de Tours réalisent globalement de bons chiffres de fréquentation. Et tant pis pour les rageux qui ne cessent de se plaindre de programmations décevantes dans les commentaires (il faut croire qu’ils et elles ne sont pas majoritaires). L’équation reste tout de même tendue car une année ratée peut impacter un budget au point de remettre l’avenir en cause. Aucard de Tours s’en souvient, ayant dû lancer un appel à l’aide en 2016, quand 4 jours de concerts avaient été coulés par l’inondation de la Gloriette.
Bien gérer son business plan pour tenir et garder un peu de marge au cas où. Voilà ce qui va se passer à La Chapelle-Blanche-Saint-Martin pour cette année 2025. Malgré un équilibre financier encore fragile, le Moorea Festival a réussi à lancer une 2e édition mais doit faire progresser ses recettes alors qu’il choisit d’augmenter sa durée de 2 à 3 jours et qu’il est maintenu à bouts de bras par une association, sans gros partenaires financiers, notamment publics (comme Yzeures).
Rentrer dans ses frais sans paraître trop élitiste. C’est le dilemme des festivals tourangeaux qui ont sacrifié les têtes d’affiche internationales, effrayés par leurs cachets astronomiques. Désormais, pour les voir, il faut aller à Rock en Seine près de Paris (89€ uniquement pour le mercredi 20 août), au Main Square Festival d’Arras (169€ les 3 jours) ou aux Vieilles Charrues en Bretagne.

En dehors d’événements gratuits (comme Les Horizons, chaque dernier week-end de juin à Saint-Avertin), le grand festival musical le moins cher d’Indre-et-Loire demeure Aucard de Tours avec son pass 5 jours à 35€ pour 2025 (c’était 30€ en 2019, soit +15% sur la période). Un prix bas possible grâce au pari de recevoir des artistes émergents, mais sans sacrifier le côté populaire puisque l’événement affiche complet presque tous les soirs d’une année sur l’autre.
En conclusion, ces dernières années, tous les grands festivals payants d’Indre-et-Loire ont augmenté leurs prix dans des proportions globalement comparables et qui suivent d’ailleurs la progression globale du coût de la vie. Et même si on a le droit de trouver ça trop cher, il faut avoir en tête la progression des coûts fixes (artistiques, humains, énergétiques…). Peut-on faire moins cher ? Oui, mais au prix de chois artistiques ou de jauges réduites (comme le prouve Aucard) ou à coups de subventions publiques.
Et pourrait-on aussi faire plus cher en jouant sur un autre tableau avec des stars internationales ? Peut-être, mais pour l’instant tout le monde s’y refuse, Terres du Son expliquant par exemple que ça l’obligerait à réduire le nombre de concerts. De plus, ces artistes se produisent désormais face à des foules beaucoup plus importantes que les 15 000 personnes de Candé. C’est aussi un argument à prendre en compte.








