Situé à quelques pas de la cathédrale, le Musée des Beaux-Arts de Tours présente une exposition temporaire sur le portrait jusqu’en février 2025. Un thème qui parle à chacun d’entre nous, à l’ère de la mise en scène et des selfies sur les réseaux sociaux.
Aujourd’hui, une simple pression sur n’importe quel smartphone nous permet de faire un autoportrait. Nombreux sont ceux qui aujourd’hui se plaisent à railler chez les adolescents le réflexe du selfie, la mise en scène excessive, pointant la démarche égocentrique. Mais n’en a-t-il pas toujours été ainsi ? C’est la réflexion à laquelle pousse cette exposition qui propose une conséquente galerie de portraits, de l’antiquité à nos jours.
Le portrait est un art loin d’être nouveau. Dans l’antiquité, il était réservé à une élite : seuls les empereurs, consuls romains, ou les héros pouvaient prétendre être représentés, par des artistes aussi talentueux que rares pour l’époque. Le portrait avait alors une fonction de promotion publique et de glorification, souvent de personnages disparus. Pour les portraits sculptés, on hésite pas à mettre en scène les héros, tuant un lion, en position guerrière avantageuse ou paré de sa couronne. César fut un des premiers personnages représentés à grande échelle, à travers les monnaies sur lesquelles chaque citoyen de l’empire pouvait voir le profil de son empereur.
À la Renaissance, le portrait s’ouvre à la noblesse et la bourgeoisie, qui peut promouvoir son image et montrer sa richesse et sa puissance, de son vivant. Ceci à travers des peintures d’une grande finesse, les artistes étant également plus nombreux. L’exemple le plus célèbre est la Joconde. La représentation se fait plus réaliste, même si le but reste de se mettre en scène de façon avantageuse.
Viennent alors les XVIIIe et XIXe siècles, où le portrait devient un vrai business : les peintres portraitistes ne manquant pas. Il suffit d’être un peu fortuné pour se faire dessiner ou peindre seul ou en famille, pour se donner de l’importance face au noble ou au grand bourgeois. On pose alors en habit du dimanche, bien mis, et on prend longuement la pose.
Mais à peine cette ère entamée qu’elle se voit concurrencée par l’arrivée de la photographie, qui verra le portrait accessible au quidam, finissant de démocratiser totalement la pratique du portrait. Pour autant, à l’heure où les humains prennent plus de 100 millions de selfies par jour, le portrait n’a pas perdu de son sens : il est toujours là pour se montrer, se mettre en scène, faire sa promotion personnelle.
Toute cette histoire, c’est ce que vous propose de découvrir le musée des Beaux-Arts à travers des visites commentées, notamment les samedis à 11h et 15h.
Tout au long des 166 œuvres exposées dans deux galeries, vous pourrez notamment remarquer un portrait en pied et plus grand que réel de l’Impératrice Eugénie. Finement exécuté, c’est alors un objet de communication, recopié en de multiples exemplaires par des peintres femmes, pour être accroché dans chaque préfecture de France.
A une extrémité de l’exposition, prenez le temps d’admirer un mur emplit de portraits mélangés, de toute nature et de toute époque : nobles, quidam, enfants, starlettes, etc. galerie que vous pourrez compléter de votre visage grâce à un miroir habilement placé.
L’exposition est également l’occasion de découvrir à quoi ressemblent de nombreuses figures locales, qui évoquent souvent plus des quartiers de Tours que des personnages historiques. Parmi elles, on peut découvrir Trousseau (dont le CHU porte le nom à Chambray), Descartes (honoré par un lycée), Clocheville, Béranger, Velpeau, Laloux… A découvrir également, un surprenant autoportrait de Louis Joseph César Ducornet, qui peignait littéralement avec ses pieds, mais également l’hyper réalisme quasi photographique des travaux de Ferdinand Pitard.
De la culture accessible, ancrée dans la réalité contemporaine, c’est ce que vous pourrez découvrir avec intérêt jusqu’en février 2025 au musée des Beaux-Arts de Tours.
