En 2016, le Théâtre Olympia de Tours programmait une version époustouflante de La Dispute de Marivaux. Un spectacle mis en scène par Jacques Vincey, avec une jauge très réduite. Sa particularité : le public était sur le plateau de la salle. Et il arrive ponctuellement que le Centre Dramatique National de Tours réutilise ce procédé lors de représentations. C’est ce qu’il fait en ce mois de février avec un spectacle jeune public à la fois drôle et attendrissant. Nous y avons assisté.
Il faut environ 40 minutes pour que le décor se déploie en intégralité. Quand on arrive dans la salle, le plateau est presque nu, à l’exception d’une rubalise et de quelques caisses de transport de matériel. Les « flight case » rappelle à plusieurs reprises un des acteurs d’A Poils, pièce écrite et mise en scène par Alice Laloy avec Vladimir Barbera, Luca Fiorello et William Pelletier.
Les enfants répètent « flight case » puis « mousqueton », « ampli » et quelques autres mots techniques du monde artistique. Ce n’est pas un cours mais bien un spectacle participatif qui reçoit plusieurs classes tourangelles ce jeudi 6 février 2025 au Théâtre Olympia. Proposé jusqu’au mercredi 12, à cheval sur la période scolaire et le début des vacances d’hiver, ce projet « retourne les figures de l’ogre et du monstre, pas si intimidants qu’ils n’en ont l’air » nous dit sa présentation.
De fait, quand on découvre le premier personnage de cette histoire, il ne nous fait pas du tout peur. Il est plutôt drolatique, perdu avec ses caisses qui semblent bouger toutes seules. Il gigote sur le plateau avec sa chevelure digne d’Hagrid et ses chaussures ultra compensées, capables de mettre Nicolas Sarkozy ou l’auteur de cet article à la hauteur de Victor Wembanyama.
Au fil des minutes, le plateau se remplit d’accessoires, puis d’un tapis géant, puis de coussins, puis du plus beau parasol qu’on ait vu depuis longtemps. Evidemment, on ne divulguera pas les secrets de cette représentation mais on veut en transmettre l’essence. Instinctivement, les enfants rentrent dans le jeu en se moquant des personnages ou en les aidant dans leurs galères. Un mélange d’excitation et d’organisation. Et si l’équipe calme vite les tentations de trop toucher ou de divaguer, c’est simplement pour garder un esprit de concorde autour du groupe de rock au look le plus sauvage du moment.
Au fil du spectacle, le ballet des enfants est une représentation à lui tout seul. En empruntant certains codes de l’art de rue, et en jouant à fond la carte de l’immersion et du participatif, A Poils déploie notre curiosité, et nous attrape sans jamais nous lâcher, comme un lion maintiendrait sa proie. Mais il le fait l’air de rien, avec une guidance peu envahissante. Et à la fin on se retrouve là, hébétés, à regarder vers le ciel et à s’émerveiller qu’une lumière dépouillée fasse un tel effet. La Compagnie s’Appelle Revients a fait d’A Poils une pièce au poil.
Crédit photo : Thierry Laporte
Un degré en plus :
Informations et réservations sur le site du Théâtre Olympia de Tours.
