Hugues Barbotin : « Le Temps Machine doit devenir un lieu de vie pour la population »

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Quelques jours après que l’ASSO a été officiellement désignée délégataire du Temps Machine pour les cinq prochaines années, Hugues Barbotin, son directeur, a accepté de répondre à nos questions afin de préciser les objectifs que s’est fixée l’ASSO dans son projet pour le Temps Machine. Un projet qui prendra vie progressivement et qui s’affinera dans la gestion quotidienne de la salle, mais dont les grands traits se dessinent.

37° : Bonjour Hugues, deux arguments ont été mis en avant par les élus pour expliquer la sélection de l’ASSO comme délégataire du Temps Machine. Cédric de Oliveira évoquait ainsi un dossier tourné vers l’ouverture et le rayonnement. Peux-tu nous expliquer ce qui se cache derrière ces termes ?

Hugues Barbotin : Notre logique de rayonnement s’appuie surtout sur une logique de territoire. Nous avons un territoire d’action représenté par l’agglomération sur lequel il faut que Le Temps Machine soit acteur. Nous proposons un projet qui ait un véritable lien avec les communes et les acteurs de l’agglomération de Tours. C’est une logique d’activité au Temps Machine même, mais aussi hors les murs où nous souhaitons intervenir auprès de différents publics, dont ceux qui ne sont pas forcément les habitués de la salle.

L’autre axe de cette logique de rayonnement est la visibilité avec une logique d’attractivité vers ceux qui rayonnent au delà du territoire. Nous allons proposer quelques artistes ayant une plus grande notoriété dans leur domaine musical et nous allons essayer d’être le plus large possible, d’aller sur des têtes d’affiche, des artistes populaires au sens noble du terme.

Pour la question de l’ouverture, nous voulons construire une programmation ouverte sur les esthétiques et les différents types de musique, comme Sébastien Chevrier a commencé à le mettre en place depuis son arrivée. Cela fait également déjà parti de l’ADN de Terres du Son et nous allons continuer de le défendre.

Pour résumer, nous souhaitons que Le Temps Machine rayonne pour pouvoir attirer.

Il faut croiser les publics

37° : L’ouverture s’entend également vers les acteurs locaux des musiques actuelles ?

Hugues Barbotin : On a vraiment envie que Le Temps Machine soit un lieu dédié aux acteurs du territoire. Maintenant la demande est tellement énorme que je ne sais pas si on pourra satisfaire tout le monde, mais l’idée est que le lieu puisse être porté également par les acteurs locaux, les associations locales qui souhaitent y développer certains de leurs projets. C’est du service public, le lieu doit servir aussi aux autres.

37° : Tu parlais de têtes d’affiches, justement sur ce qu’on a pu voir c’est la crainte de certains que Le Temps Machine ne devienne qu’une « salle à grosses têtes d’affiche ».

Hugues Barbotin : Ce lieu n’a pas vocation à être un lieu à têtes d’affiche. On a ajouté dans ce projet cette notion d’artistes d’envergure un peu plus importante, mais cela va être dix dates environ dans l’année. C’est ce qui doit permettre d’ouvrir à d’autres publics, de faire connaitre le lieu, de croiser des publics.

Après la notion de têtes d’affiche cela ne veut pas dire grand chose. Pour toi par exemple ce ne sera pas forcément la même que pour moi, parce que tu vas être plus calé dans un domaine que moi et inversement. Tu pourras avoir une tête d’affiche en électro qui ne sera pas du tout connue par quelqu’un qui écoute du rock par exemple. On n’est pas dans une logique de grosses vedettes de variété. Par contre on peut aller vers des artistes qui ont un nom dans leur domaine et qu’on n’a pas forcément l’habitude de voir sur Tours.

37° : Rappelons également que Le Temps Machine est une SMAC avec des missions précises.

Hugues Barbotin : Tout à fait, il y a un cahier des charges précis. On doit être sur la diversité culturelle, sur l’émergence artistique. L’important c’est ainsi et aussi de conserver tout le travail d’émergence, de recherche, en local, régional, national ou international. Ce sont des choses que nous défendons déjà sur le festival où nous mélangeons des artistes connus avec une scène émergente.

L’action culturelle reste également très importante. Il y a des initiatives avec de beaux projets qui sont déjà développés par l’équipe du Temps Machine, on va poursuivre ce travail là bien sûr. Nous allons faire en sorte que l’action culturelle ne soit pas détachée du reste, qu’elle soit inscrite dans un projet d’ensemble. Il y aussi le côté ressources qui doit prendre une place transversale dans le projet du lieu.

37° : Il y a le volet accompagnement également…

Hugues Barbotin : On va poursuivre évidemment les accompagnements dans le cadre du label SMAC. On va proposer un accompagnement sur les aspects techniques. On va proposer également un accompagnement humain. On ne veut pas se contenter d’une simple mise à disposition d’outils.

37° : Pour l’ASSO être gestionnaire du Temps Machine cela a un intérêt également par rapport au festival Terres du Son. Pouvoir jouer sur les deux tableaux, cela va vous aider à attirer des artistes ?

Hugues Barbotin : Oui, c’est je pense une force de négociations supplémentaires avec les tourneurs de pouvoir travailler avec ces deux outils complémentaires, mais on ne fera pas une programmation en fonction de cela non plus.

37° : Est-ce que le fait d’avoir maintenant Le Temps Machine va changer quelque-chose au festival Terres du Son ?

Hugues Barbotin : Dans l’approche du festival cela ne va pas changer grand chose. On va juste travailler différemment avec une équipe qui aura plus de compétences. Mais l’ADN du festival ne va pas évoluer.

Il n’y aura pas forcément de hausse des tarifs moyens

37° : Revenons à votre projet du Temps Machine, parmi les nouveautés on a noté la création d’un festival d’hiver.

Hugues Barbotin : C’est une volonté que l’on a. Nous pensons que c’est important pour le lieu qu’il y ait plusieurs temps forts dans l’année : lors de l’ouverture ou la fin de saison mais aussi en hiver avec un autre temps fort entre décembre et février, un évènement multiple avec d’autres types d’actions que la programmation musicale, avec une ouverture à d’autres disciplines artistiques, à d’autres esthétiques. On souhaite que ce soit un temps fort qui s’ouvre sur l’extérieur.

On veut s’appuyer également sur les temps forts qui existent déjà comme le festival Superflux qui est organisé avec le Petit Faucheux. On a envie de maintenir des liens forts avec eux parce qu’il y a un superbe travail à faire sur la mixité des publics entre les deux salles.

Parmi les nouveautés et les axes que l’on souhaite développer, il y a toute une partie « hors les murs » qui sera importante pour la diffusion mais aussi pour l’action culturelle. Les concerts « chez l’habitant » vont par exemple revenir afin d’aller à la rencontre des publics qui ont moins l’habitude de sortir dans les salles.

37° : Vous avez fait un prévisionnel à 2,8 millions d’euros de chiffres d’affaires, couplé à une baisse de subventions en plus. Quels vont être vos leviers financiers ?

Hugues Barbotin : Il y a une nécessité d’aller chercher des financements privés, que ce soit du mécénat ou du partenariat. Là, une personne va arriver chez nous et va être en charge des relations avec les entreprises pour agrandir le réseau qu’on a déjà construit avec le festival. On va créer une sorte de club entreprises partenaires. On veut aller aussi vers les CE d’entreprises. On espère aussi augmenter le nombre d’entrées donc développer la billetterie et avec l’augmentation de la fréquentation on peut espérer une hausse des recettes des consommations au bar.

On va également être attentifs aux aides du secteur, des organismes professionnels. De ce côté, on peut peut-être aller plus loin, notamment sur les aides qu’il y a pour le travail d’accueil de résidences.

37° : Tu parlais de la billetterie, on s’achemine vers une augmentation des tarifs ?

Hugues Barbotin : Il n’y aura pas forcément de hausse des tarifs moyens, par contre on se permettra sur certains concerts d’artistes ayant un peu plus de notoriété d’avoir des tarifs un peu plus chers que ce qui se fait actuellement. Mais il y aura aussi des concerts à 4, 12 ou à 16 euros.

Il faut que le Temps Machine devienne un lieu de vie pour la population.

37° : Quelle place il y aura pour la scène locale ?

Hugues Barbotin : On va rencontrer les acteurs, les écoles. Personnellement je pense qu’il leur faut plus de place, avec des soirées régulières, peut-être sur des temps différents que les temps de concerts classiques de 21h à minuit. Pourquoi pas par exemple proposer un jeudi par mois, une soirée scène ouverte aux groupes locaux de 19h à 21h avec entrée libre. Nous, on ouvrirait le bar et cela pourrait devenir un rendez-vous convivial. On peut réfléchir aussi à ouvrir par exemple sur le même créneau les autres jeudis, le club aux associations locales.

Il faut que le Temps Machine devienne un lieu de vie pour la population. De la même manière, le dimanche après-midi n’est pour le moment pas exploité, je me dis pourquoi pas proposer quelque chose de familial, pourquoi pas tous les premiers dimanches de chaque mois. La salle n’est pas assez identifiée par des rendez-vous réguliers, je pense que c’est important de rythmer la vie d’un lieu afin que la population se l’approprie également.

37° : L’ASSO reste comme son nom l’indique une association, quelle place auront les adhérents bénévoles dans ces nouvelles missions ?

Hugues Barbotin : On se réunit lundi avec des bénévoles et les membres du conseil d’administration pour en discuter, pour voir comment la place des adhérents évolue. On reste une association qui fonctionne avec ses adhérents, on va bien sûr leur trouver une place dans le dispositif, cela pourrait être dans l’accueil du public ou autre. On va y réfléchir.

Crédits photo : Laurent Geneix pour 37°

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