GRAND FORMAT – Sexisme et politique en Touraine (1/2) : des femmes témoignent

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Il y a les remarques, les brimades, les gestes déplacés, jusqu’aux agressions. Sans oublier les carrières bloquées et les postes importants rendus inaccessibles. Après le milieu du cinéma, celui de la pub ou des médias, la politique fait (enfin) son MeToo. Une libération de la parole pour porter au grand jour les agissements inacceptables de la part de personnes qui veulent représenter le peuple dans ses instances dirigeantes. Face à la multiplication des affaires et des histoires, nous avons voulu mesurer l’ampleur des difficultés en Indre-et-Loire. Nous avons donc interrogé une douzaine de femmes de tous âges et de tous partis : élues, anciennes élues ou militantes. Qu’elles s’engagent dans l’agglo de Tours ou dans des petites communes.

La première à parler s’appelle Peggy Plou, élue sur la commune de Semblançay en Nord-Touraine. Elle raconte cette fois où le maire a posé une main sur sa cuisse au cours d’une réunion. « Un débordement comme de nombreux autres. Il y a des gens que ça dérange et qui osent le dire, et d’autres qui subissent ça régulièrement » commente-t-elle, marquée par cet événement subi lorsqu’elle était encore dans la majorité. « Quand ça nous arrive, je pense qu’on a la même réaction : cela parait tellement gros, aberrant, déplacé, que l’on n’arrive pas à réagir sur le coup » ajoute celle qui a décidé de monter un rassemblement des femmes élues du département pour faire entendre leurs voix. Une initiative lancée à la suite d’une réunion parisienne qui l’a confrontée à l’ampleur du problème : « Il n’y aurait que mon maire ce serait une chose, mais on a plein d’endroits où ça se passe, plein de conseils. C’est dégueulasse et ça ne devrait plus avoir lieu d’être. »

Les faits évoqués par Peggy Plou n’auraient pas concerné qu’elle : nous avons pu nous le faire confirmer. L’élue a choisi de ne pas porter plainte et n’a pas eu à déplorer d’autres agressions depuis. En revanche elle a entendu nombre d’autres histoires dont celle « d’une femme qui revient de congé maternité, qui lui passe la main dans le dos et lui fait remarquer qu’elle a bien repris la ligne. Ce n’est pas normal, il y a un côté paternaliste que l’on n’a pas envie d’avoir et je pense même à mon conjoint. On n’a pas le droit de toucher le corps de l’autre sans son accord. » Ce sont aussi des réflexions lors des prises de parole en public : « Quand un homme prend le micro on va le garnir de compliments puis quand c’est une femme on fait remarquer qu’elle est mignonne ce qui ne gâche rien. C’est déplacé, nous ne sommes pas à un concours de beauté ! »

Des propos déstabilisants, blessants, parfois difficiles à contrer

Ces moments gênants à l’heure des discours, Mélanie Fortier les a également connus. Actuellement conseillère municipale de Tours dans la minorité, elle a longtemps fait partie de l’entourage de l’ancien maire socialiste Jean Germain et a eu des postes à responsabilité au sein du Conseil Régional du Centre-Val de Loire ainsi que dans les instances de son mouvement, le Parti Radical de Gauche. Elle se remémore de ses premières sorties au début des années 2000 :

« Parfois j’intervenais en tant qu’élue dans des environnements où il n’était pas du tout question de parité comme des comices agricoles ou des inaugurations de logements sociaux. On me disait ‘on attend le président de Région.’ ‘Oui, c’est moi qui le représente.’ ‘Ah, vous êtes sa collaboratrice ?’ ‘Non, je suis élue, donc si vous pouvez me caler dans le protocole ce serait sympa !’ : et là on me regardait avec des yeux ronds. »

C’était il y a 20 ans, on pourrait se dire que la situation a évolué… Plusieurs femmes interrogées ont assuré ne jamais avoir eu de problèmes du genre, qu’on a toujours respecté leurs prises de parole ou leur statut. Qu’elles n’ont pas eu de difficultés particulières à obtenir des rôles clés dans les équipes. Elles ont insisté dessus alors il est très important de le noter pour ne pas faire de généralités.

« Un combat politique dur »

Néanmoins, la plupart de ces femmes ont aussi leurs anecdotes douloureuses. Et d’autres nous font part d’écueils… alors qu’elles viennent à peine de s’engager, signe que le climat reste nauséabond quelles que soient les générations. C’est le cas d’Elise Pereira-Nunes, membre de la majorité du maire de Tours Emmanuel Denis (elle est adjointe déléguée aux relations internationales et ambassadrice de la lutte contre les discriminations) :

« En participant à un webinaire, dans le temps dédié aux questions, un homme a quand même sorti : ‘Bon, je vais faire du second degré mais quand j’ai vu le mot genre (dans l’intitulé de la réunion, ndlr) j’ai eu envie de sortir la kalachnikov.’ J’ai reçu des messages de participantes outrées. Entre elles, les femmes se demandent souvent quelles anecdotes elles vont raconter. Moi j’ai eu une discussion tendue avec un homme de 50-60 ans. Quand il a vu qu’il n’arriverait pas à la dominer il a conclu par ‘La prochaine fois, ça se règlera par une fessée !’ Imaginez mon désarroi, j’ai juste dit : ‘Eh bien alors on ne va pas être d’accord.’ »

Avec le recul, l’élue analyse : « Cela fait partie du jeu de déstabilisation de son adversaire, comme quand on vous appelle ‘Ma petite demoiselle’ ou ‘Ma puce’. Ou quand on accuse une élue d’hystériser le débat comme on l’a vécu en conseil municipal. Ce qu’on peut estimé être une boutade n’en est pas. J’ai beaucoup d’humour et j’ai fait des recherches sur la question du mauvais goût : ça, ça ne m’amuse pas. L’argument de dire que l’on n’a pas d’humour c’est une façon de minimiser le propos et cela met une étiquette pour encore plus décrédibiliser notre parole. » Carole Cerdan connait bien le problème. Tête de liste pour les élections municipales de 2020, celle qui est aujourd’hui opposante dans le conseil municipal de La Membrolle-sur-Choisille liste les quolibets entendus :

« Quand j’interviens il y a des sarcasmes, des rires… Il y a un mépris de l’opposition et du fait que j’ai été tête de liste féminine ou que je suis la fille de mon père élu pendant 5 mandats et qui a arrêté en 2014. Lors des vœux 2019, le maire avait aussi présenté deux nouvelles colistières, une grande blonde et une grande brune. Il les fait venir sur l’estrade et parle d’elles en les surnommant Herta et Hertau deux grandes saucisses. Ça en a fait rire certains, moi je trouve ça déplorable. Et une fois au conseil municipal, lors du vote à bulletins secrets pour la réélection d’adjoints, il fait tourner la corbeille et dit ‘Vous remarquerez que j’ai choisi deux femmes à lunettes…’ On connait la suite, le sous-entendu, c’est graveleux (femmes à lunettes, femmes à quéquettes, ndlr). »

Plus insidieux, il y a aussi l’attention qu’on vous apporte selon ce que vous avez comme vêtements. Ça, Zélie Geneix s’en est bien rendue compte. Militante écologiste, l’étudiante de 20 ans était candidate pour la campagne des législatives partielles de juin 2021 dans le Lochois et s’est aussi engagée avec Charles Fournier pour les élections régionales. Si elle dit ne rien avoir à reprocher à son équipe de campagne, largement féminine et au fait de ces questions, elle a vécu plusieurs moments sérieusement malaisants : « Je ne me sens pas en sécurité quand je suis avec des hommes de pouvoir car on ne sait pas comment agir, il faut sans cesse faire bonne figure et choisir sa tenue vestimentaire.» 

Où est le curseur ?

Que peut-on accepter ? Qu’est-ce qui passe ou pas ? C’est la question que pose l’élue LR Marion Nicolay-Cabanne : « Les hommes, comme les femmes, ont un mode de relations sociales basé sur la séduction. On l’exerce plus ou moins mais ça en fait partie. Comment la personne en face va le ressentir ? Je ne vais pas être choquée si je vois un homme passer ses bras autour des épaules d’une femme ou l’inverse. D’autres peuvent être choqués. Quand on est collègues, une accolade n’a pour moi aucun caractère sexuel, ça ne me gêne pas, mais une personne qui a une barrière physique ou une fragilité je conçois qu’elle puisse mal le ressentir. »

Elle poursuit :

« J’y réfléchis tout le temps : si je mets une jupe, si ce n’est pas trop décolleté… Je sens que l’image compte tout le temps. Dans une réunion on m’écoute plus ou moins selon ma tenue. Avec un tailleur rouge chic et une chemise les gens se taisent, quand tu arrives juste en tenue classique jean / t-shirt ce n’est pas la même crédibilité. Moi, on m’a beaucoup dit que les gens allaient voter pour moi parce que je suis mignonne. On me l’a beaucoup fait remarquer sur les marchés. Des fois ça donne l’impression d’être juste la nana qu’on rajoute. »

Zélie Geneix raconte également la remarque de cette concurrente pendant la campagne des législatives : « Elle m’a dit que j’avais bien grandi depuis les spectacles de danse classique. Genre : ‘Mais qu’est-ce que tu fais là ?’ Ce n’est pas grave en soi mais c’est la répétition au quotidien qui est violente. On s’attaque à qui je suis. J’ai sans cesse l’impression de devoir prouver ma légitimité. » Ancienne première adjointe LR de la ville de Tours aujourd’hui dans l’opposition, candidate pour la première fois en 2001, Marion Nicolay-Cabanne a fait les frais de comportements similaires, citant cet élu qui usurpait son titre auprès des citoyens. Ou ces réflexions quand elle abordait des sujets techniques, également dévolus à sa collègue adjointe aux finances Hélène Millot :

« On a fait face à la condescendance en frontal. On nous disait : ‘Vous, vous faites de la technique, nous on fait de la politique. Il fallait que l’on reste en coulisses. Il vaut mieux ne pas avoir d’ambitions, rester dans son coin. Dès qu’on veut monter on nous fait remarquer qu’avec le contexte en ce moment on a plus de chances parce qu’on est une femme mais non, c’est parce que nous avons des choses à faire valoir. Je ne me suis pas lancée en politique parce que je suis une femme mais parce que j’aime ça. »

« Au début de ma carrière j’ai subi des remarques du genre ‘D’où elle sort celle-là ?’ » relève pour sa part la communiste Josette Blanchet, ex-élue de Tours. Trouver sa place… Même problème pour Marie-France Beaufils, devenue maire en 1983, seule femme maire d’une grande ville de la métropole tourangelle ces dernières années, également sénatrice dans une assemblée très masculine… « Il y a eu une période où il a d’abord fallu affirmer que, comme n’importe quel élu homme, on était capable d’assumer des dossiers, de prendre des responsabilités. C’était un combat politique dur.  Généralement, on travaillait beaucoup plus nos réflexions que d’autres collègues » se remémore-t-elle. Sans parler des rôles dans lesquelles les femmes étaient souvent conférés (affaires sociales, éducation…).

L'importance du physique

Aujourd’hui en marge de la vie politique, l’ancienne conseillère départementale de Tours-Ouest Céline Ballesteros, également ex-adjointe au commerce de la ville, garde également quelques souvenirs circonspects de sa campagne pour les élections législatives de 2017 : « J’étais entourée de personnalités pas toujours bienveillantes, qui ne pensent qu’à leur propre poste, à leur égo, à vous dézinguer pour prendre votre place. Parfois, on préfère aussi placer des pions qui auront moins de réflexion », dit-elle, n’attribuant pas forcément cela à du sexisme car « c’est la même chose pour certains hommes. » Elle précise quand même : « J’aurais aimé qu’on s’attaque plus à mes idées qu’à moi… C’est l’apanage des gens faibles qui n’ont pas d’argument. Les faibles critiquent les hommes, les forts critiquent les idées. »

Et dans la série des dévalorisations, que penser de celles qui ont trait au physique ? Il y a 5 ans, Françoise Amiot aussi voulait porter les couleurs de la droite aux législatives à Tours. Impossible à prouver mais elle estime « probable » que l’apparence physique des deux femmes ait fait partie des arguments pour choisir qui allait avoir son nom sur les bulletins de vote. « Indéniablement l’apparence joue en politique » nous dit celle qui soutient désormais Eric Zemmour dans sa course pour l’Elysée. « Ça me meurtrit, mais je peux l’entendre » souffle-t-elle. Par exemple, on lui a souvent fait remarquer qu’un article sur elle était bon en insistant sur la qualité de la photo. Sans compter les réflexions sur l’apparence pour minorer un bon score aux élections internes des Républicains :

« Au lieu d’avoir des félicitations on me disait que c’était lié à un comportement que je pouvais avoir. Les commentaires allaient bon train, que finalement si j’étais là c’est parce qu’on m’y avait mise alors même qu’à l’époque on était venu me chercher pour que je m’engage… »

Insistant sur la chance qu’elle a eu d’évoluer dans un milieu très égalitaire, la nouvelle députée UDI du Lochois Sophie Métadier estime que « si on s’arrête à la moindre remarque visant notre sexe on ne va pas s’en sortir. » Cela dit, elle a souvent eu besoin de mettre les choses au clair face à ses interlocuteurs : « Je ne me suis jamais gênée pour interrompre une conversation en faisant remarquer aux hommes qu’ils n’auraient pas dit la même chose à un autre homme. » Cela pose la question – capitale – de la réaction face aux dérapages : « Il faut immédiatement répondre et ne pas laisser passer » lâche celle qui a été élue maire de Beaulieu-lès-Loches dès 2008 tout en reconnaissant que ce n’est pas forcément facile.

« Je ne pensais pas pouvoir être victime »

Militante centriste, candidate sur la liste de Serge Babary aux élections municipales de Tours en 2014, Mathilde Paganelli a eu la force de répondre :

« J’ai travaillé pour un élu pendant 6 mois et il a eu des propos extrêmement sexistes. Il m’a dit un jour ‘Mais tu as une bite à la place du cerveau ?!’ Je lui ai répondu ‘Tu m’as parlé une fois comme ça, tu ne recommenceras plus jamais !’ Je préfère être mise au placard que de me taire. C’est peut-être pour ça que je ne suis jamais montée, mais ça ne me dérange pas. »

« Je n’ai jamais eu de réflexion négative après avoir fait des remarques à des personnes qui m’avaient offensée » assure Marion Nicolay-Cabanne. Mais selon les circonstances et la nature des faits il peut être plus difficile de réagir. Adjointe au maire de Tours en charge des quartiers de l’Est de la ville, Anne Bluteau a senti une main très baladeuse sur son corps au cours d’une manifestation… « Il y avait trop de monde, j’étais toute nouvelle élue, je n’ai pas osé faire un scandale et je m’en suis voulue. Tout l’après-midi je me suis demandée pourquoi je ne lui avais pas cogné une beigne en me demandant qu’est-ce qui – dans mon attitude – laissait penser que j’étais ouverte à ça. En discutant avec mes amis j’ai vite enlevé cette idée de ma tête, je n’étais coupable de rien. Simplement je ne pensais pas pouvoir être victime. On entend parler des affaires nationales mais on se dit que Tours, quand même… Les fois d’après j’ai prévenu les gens que si ça recommençait je ne le passerais pas sous silence. »

Au passage, l’élue et ses collègues ont aussi réussi à faire entendre que dans les réunions de majorité les hommes avaient tendance à monopoliser un peu trop la parole. « On l’a dit et ils ont réagi » reconnait Anne Bluteau. Comme quoi les choses peuvent avancer ou ne pas se reproduire. « Je ne me décourage pas de demander au maire de mesurer ses propos, je lui réponds, je me persuade de continuer » insiste Carole Cerdan à La Membrolle qui ne désespère pas d’obtenir un changement. « Mais il faudrait quand même que les hommes pas d’accord avec ce qu’ils constatent se permettent de gueuler, de ne pas laisser cette part qu’aux femmes » pointe Anne Bluteau se souvenant que le signalement d’un comportement irrespectueux envers une vice-présidente de Tours Métropole avait été nié collectivement.

« J’ose parler mais qu’est-ce que je vais manger derrière ? »

C’est en répétant et répétant les choses qu’on peut envisager des évolutions… Mélanie Fortier en a fait l’expérience : « Quand j’étais étudiante je me souviens avoir auditionné le sénateur d’Orléans Jean-Pierre Sueur sur la question des violences et il était hors-sol complet sur le sujet. Ce qu’il disait était choquant et il ne s’en rendait pas compte, il ne le referait sans doute pas aujourd’hui. » Au-delà de la prise de conscience, cela passe par la vigilance. Par exemple que l’entourage réagisse quand il assiste à des actes inappropriés voire condamnables ce qui peut aider les victimes subjuguées qui ne parviennent pas à répliquer.

Il faut bien le dire : face à l’ampleur de ce que certaines subissent, il y a de quoi se décourager… « J’ose parler mais qu’est-ce que je vais manger après ? » s’interroge Peggy Plou au cours de notre discussion où elle dénonce les agissements de son maire. « Il y a un moment où je me suis dit que je ferai mieux d’arrêter mais ce n’est pas en restant cloîtrées chez nous qu’on va faire avancer les choses, il faut que les futures femmes qui s’engagent n’aient pas à subir ça » tonne-t-elle. Réflexion fort à propos puisque plusieurs femmes citées dans ce sujet reconnaissent avoir hésité à tout arrêter à cause de ce qu’elles ont vécu… « Quand tu entres dans ce milieu, on se prépare » relève Mélanie Fortier :

« On sait que c’est misogyne, macho. Quand tu y vas-tu te blindes, tu sais que tu ne peux pas montrer tes fragilités. Moi-même j’ai fait des blagues sexistes pour me défendre de celles qui sont arrivées pour calmer tout le monde en avance. Parfois j’ai sorti la kalach alors que j’avais juste reçu une pichenette, qu’ils sachent que je pouvais répondre et qu’il valait mieux éviter. Les femmes doivent apprendre à se protéger et être solidaires au même titre que les hommes le sont. »

Développer des stratégies de parade simplement pour réussir à être entendue et juguler les élans de patriarcat et de paternalisme. Le lot de beaucoup de femmes en politique comme dans la vie de tous les jours. Une charge mentale en plus qui freine potentiellement l’avancée. Une situation qui nous obligera encore longtemps à discuter de la place des femmes en politique (mais aussi d’autres minorités comme les personnes en situation de handicap ou LGBTQI, également fortement marginalisées) plutôt que de se concentrer sur les idées qu’elles défendent. C’est dommageable mais essentiel si l’on veut assainir la société. D’autant que les enjeux sont colossaux. C’est ce que nous verrons dans la deuxième partie de cette enquête à paraître mardi 4 janvier sur 37 degrés.

Quelles sanctions ?

« Comment empêcher ces hommes-là d’avoir le pouvoir ? » se demande Zélie Geneix. La question n’a pas de réponse tranchée, le débat faisant notamment rage autour d’un point : faut-il écarter quelqu’un dès la première accusation ? L’écologiste dit oui « car très souvent c’est vrai. Pourquoi laisser le doute quand quelqu’un fait partie de la représentation nationale ? Il faut que leur entourage puisse travailler sereinement. Comment tu peux être exemplaire si tu es accusé de viol, d’agression ou de harcèlement ? Il faut attendre quoi ? 15 victimes de plus, 15 vies brisées. Non ! Il y a une hypocrisie à attendre alors que tout le monde sait. »

« Il ne faut pas laisser un prédateur potentiel en place. La justice fait son travail mais il faut suspendre les fonctions dès l’accusation » estime également la communiste Josette Blanchet. « On ne peut pas partir du principe que des femmes mentent. Il y a forcément une minorité infime de gens qui ne disent pas la vérité mais ce n’est pas parce qu’il n’y a pas de preuve physique ou de dépôt plainte qu’il faut le lâcher et se taire » abonde l’élue de Tours Elise Pereira-Nunes. Mais cette position est très loin d’être partagée, y compris dans son équipe. « Si la preuve n’est pas faite, il ne faut pas écarter. Si on écarte et qu’on se plante, on fait quoi ? Il ne faut pas aller trop vite Dans les faits, qu’une personne soit mise à l’écart ou pas tout le monde se méfiera » estime l’élue de Tours Anne Bluteau qui pose la question du « tribunal médiatique », c’est-à-dire des faits jugés par la population avant que des magistrats ou un jury populaire ne les qualifient.

« Il ne faut pas balancer à l’opprobre populaire des cas qui pourraient aussi avoir la forme du chantage. Il faut voir la solidité des dossiers. Condamner avant que justice soit faite c’est dangereux » se méfie ainsi Mélanie Fortier qui demande tout de même à ce que les partis ou collectivités fassent en sorte qu’une victime ne soit plus en position d’insécurité. « Il faut trouver un format de mise à disposition » suggère Françoise Amiot. « Où est la notion de présomption d’innocence ? Où est la limite ? J’ai du mal à trancher, c’est une question fondamentale à se poser à froid » s’interroge la députée du Sud-Touraine Sophie Métadier.

Un degré en plus :

Ancienne députée UDI de la circonscription de Loches, retirée pour raisons de santé, Sophie Auconie a également témoigné après avoir subi le sexisme en politique, sujet qu’elle évoquera dans un livre à paraître. Contactée dans le cadre de cette enquête, elle n’a pas souhaité s’exprimer.

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