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Injure raciste à Tours Métropole : ce qu’on retiendra de l’affaire impliquant Frédéric Augis

Jeudi 11 avril, Frédéric Augis a été condamné à 8 000€ d’amende ferme et 4 000€ avec sursis pour injure à caractère raciale envers Cédric de Oliveira. Le maire de Joué-lès-Tours et président de Tours Métropole a également écopé d’un an d’inéligibilité avec sursis pour cette agression verbale envers son collègue de Fondettes qui est également son vice-président au sein de l’agglomération. Un jugement qui intervient un an après les faits. Avec quel impact sur la politique locale ?

En 2023, on a vu que le casier judiciaire d’un élu pouvait avoir un impact sur son avenir en politique. Condamné à 6 mois d’inéligibilité pour violences envers son ex-directeur de cabinet, Wilfried Schwartz a échoué à reconquérir la mairie de La Riche une fois sa peine purgée. Qu’en sera-t-il pour Frédéric Augis ?

A l’issue de sa condamnation par le tribunal de Tours, on a – sans surprise – entendu des appels à la démission, au nom de l’exemplarité en politique. Les associations SOS Racisme et Licra qui se sont portées parties civiles au procès ont été les premières à réclamer un départ de l’élu, avant d’être suivies par d’autres figures locales comme l’élue d’opposition de Tours Marion Nicolay-Cabanne ou le groupe de conseillers municipaux de gauche de Joué-lès-Tours qui estime que Frédéric Augis « s’honorerait » à démissionner.

Cependant, il faut bien reconnaître que ces déclarations sont loin d’être majoritaires dans le milieu politique local. Et même quand elles ont lieu, elles restent timorées. Le communiqué de Joué Ensemble est, par exemple, relativement peu virulent.

Frédéric Augis serait-il protégé ? Victime dans cette affaire, Cédric de Oliveira reconnait lui-même qu’il n’a pas porté plainte « pour ne pas déstabiliser les institutions » de l’agglomération.

Même s’il concède avoir été « profondément blessé » par les propos du président, et qu’il assure que « aucune complaisance n’est possible avec le racisme ou toute autre forme de discrimination », il a donc fait jouer les intérêts de l’institution avant les siens. Il faut dire que pousser Frédéric Augis à la démission entraînerait la nomination d’un 3e président de Tours Métropole en 4 ans dans une collectivité qui peine déjà à trouver son style. Un calvaire, et ce d’autant plus à l’aune du lancement du chantier de la deuxième ligne de tramway.

A travers ses mots, on devine tout de même que le maire de Fondettes n’est pas mécontent que l’affaire ait été portée en justice et que la peine prononcée ait été sévère (le tribunal a été au-delà des réquisitions de la procureure qui avait réclamé 12 000€ d’amende dont seulement 4 000€ ferme, et pas de peine d’inéligibilité).

Alors que retenir de tout cela ? Frédéric Augis sort incontestablement fragilisé de cette affaire. En terme d’image auprès du public, auprès de ses collègues élus et pour lui-même puisqu’il pourrait perdre tous ses mandats en cas de nouveau dérapage.

Les oppositions ne manqueront pas de le rappeler lors de la campagne des élections municipales 2026 (en 2020, le maire de Joué-lès-Tours avait été réélu dès le premier tour, en sera-t-il encore de même ?). Et selon les résultats métropolitains, quid de son avenir à la tête de l’institution ?

Ne pas le pousser à la démission est une chose, le reconduire en est une autre, surtout quand on sait que certaines des critiques les plus dures viennent de son camp, de la droite (qui compte un autre condamné dans ses rangs, le puissant maire de Saint-Cyr-sur-Loire Philippe Briand, impacté par l’affaire Bygmalion des comptes de campagne de Nicolas Sarkozy).

En coulisses on pourrait donc s’attendre à des discussions tendues, peut-être dès ce lundi 15 avril lors d’une réunion des maires. A noter que pour l’instant, Frédéric Augis n’a pas encore réagi en détails à sa condamnation, et qu’il conserve la possibilité de faire appel jusqu’à la fin de la semaine.

L’ensemble a en tout cas exacerbé le climat tendu qui règne dans les plus hautes sphères de l’institution métropolitaine. Les tensions sont sorties des coulisses pour éclater au grand jour. Dans les milieux informés de Touraine, on sait que l’entente n’est pas toujours cordiale entre élus mais cette fois le grand public a eu l’opportunité de s’en rendre ostensiblement compte. De constater que des langues parfois très promptes à réagir pouvaient se faire plus discrètes quand certains intérêts entrent en jeu. Cela aussi ça peut laisser des traces durables.

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