[Notre feuilleton] Vincent, un Tourangeau à l’X

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Le pitch : Mois après mois, nous suivons les aventures d’un jeune élève issu de la prépa Maths Physique (MP) du Lycée Descartes de Tours dans l’une des plus prestigieuses Grandes Ecoles française : Polytechnique Paris, «l’X» pour les initiés.

Saison 1 Episode 5

«Vous prendrez bien un p’tit binet ? »

IMG_20150505_132709Devise de l’Ecole Polytechnique

37° : Nous sommes début mai, tu as une semaine de break après ton premier mois sur le campus de Massy-Palaiseau. Comment se sont passées ces premières semaines ?

Vincent : C’était assez intense. Il y a eu beaucoup d’événements organisés par les 2e année, des soirées, des compétitions sportives, des repas gratuits. Plus précisément organisés par des «binets» qui sont des associations d’étudiants plus ou moins sérieuses. Il en existe environ 200 je crois. Nous avons eu assez peu de répit avant d’attaquer les cours !

37° : Vous avez donc fait la fête pendant deux semaines, c’est ça ?

Vincent : C’est peut-être un peu exagéré, mais il y avait vraiment plein de choses à faire, nous avions le choix quasiment toutes les fins d’après-midi et tous les soirs. La journée, on avait des «amphis» avec différents intervenants de l’école, des réunions d’informations souvent assez abstraites et répétitives. Sauf l’amphi Binets qui proposait des clips de présentation de leurs activités.

37° : Est-ce que les cours ont vraiment commencé ?

Vincent : Oui. J’ai cinq matières : Physique, Mathématiques Appliquées, Mathématiques, Informatique et Economie. Pour chacune nous avons des «amphis», le petit nom local des cours magistraux, et des TD. Cela représente environ 20h de cours par semaine, plus des conférences d’intervenants extérieurs.

IMG_20150504_130745Vue extérieure du campus de Massy-Palaiseau

37° : Où sont les autres promotions ?

Vincent : Les 2e-année sont très présents et nous accueillent. Les 3e-année sont éparpillés en stages dès le mois de mars, donc ils sont partis quand on arrive. Les 4e-année sont aussi en stages une bonne partie du temps, souvent à l’étranger, donc on ne les voit pas.

37° : Peux-tu nous donner des exemples concrets des festivités d’accueil ?

Vincent : Elles ont duré deux semaines. La première semaine c’était un peu compliqué pour les 2e-année car nous sommes arrivés en plein milieu de leurs partiels, donc ils devaient tout gérer en même temps et certains travaillaient pas mal et évitaient de se coucher tard. Malgré tout, ils étaient très bien organisés car on était sollicités en permanence. Un exemple : avant le bal de l’école, il y a eu des cours de différentes danses. Le planning général était impressionnant, un peu comme dans un festival : impossible d’être partout en même temps, il fallait sans arrêt faire des choix et on loupait plein de choses.

37° : Comme ça marche un binet ?

Vincent : Il y a une espèce de forum la première semaine, avec un stand pour chaque binet. Cela permet de voir ce qui existe et soit de «consommer» ce que font certains ou alors de participer. Certains sont très légers, d’autres sélectionnent leurs membres via des entretiens car les places sont limitées et parce que ça nécessite certaines compétences et/ou une grosse motivation. On peut créer de nouveaux binets. Par exemple j’ai un ami qui est passionné de sports mécaniques et comme il y a un garage sur le campus, il va créer un binet sur ce thème, pour participer à des courses et aider les étudiants à passer le permis.

IMG_20150505_132623Grand hall du campus de Massy-Palaiseau

37° : Est-ce que tu as déjà fait des choses particulières grâce à ces binets ?

Vincent : Oui j’ai sauté en parachute en tandem à Cahors fin avril. Il n’y avait pas de sélection au départ pour cette activité. Par contre ils organisent des semaines complètes pour apprendre à sauter tout seul et là il y a une sélection, on peut d’ailleurs finir par passer des diplômes via des écoles qui sont en lien avec le binet Para X. J’ai aussi acheté un marcel du binet Marcel, dont l’activité est de vendre des marcels labellisés «Binet Marcel». C’est assez basique, mais ça fait partie du truc.

37° : Tu penses participer activement à quel binet ?

Vincent : Je suis assez attiré par certains binets professionnels, notamment X Projets, la Junior Entreprise de l’école. Le principe est de travailler sur de vrais projets, la JE est missionnée par des entreprises sur des projets précis et elle peut répondre à des appels d’offres. Le noyau dur c’est une vingtaine d’élèves, mais il y a parfois des appels à projets où n’importe quel élève de l’école peut se dire intéressé. Il va alors être accompagné par un chef de projet pour mener au mieux la mission que l’entreprise extérieure aura confiée à la Junior Entreprise.

37° : Polytechnique Paris est réputée pour être une école difficile, comment peut-on avoir ce genre d’activité quasi-professionnelle en plus des cours ?

Vincent : En fait c’est un ensemble de choses, les activités annexes comme le sport, suivre des cycles de conférences et participer à des binets «professionnels» complètent les cours. La gestion du quotidien aussi entre dans cette organisation car c’est nous qui gérons la plupart de nos repas, notre stock de nourriture. Honnêtement, même si le niveau demeure très élevé, je trouve pour l’instant que la somme de travail globale est inférieure à ce qui est exigé en classes préparatoires.


Retrouvez les quatre premiers épisodes :

> Episode 1 (septembre)

> Episode 2 (octobre)

> Episode 3 (décembre)

> Episode 4 (mars)


Quelques degrés en plus :

Glossaire rapide

Pâles : les partiels

PC (pour petites classes) : les TD

Amphis : les CM (Cours magistraux)

« Kès » : le BDE (Bureau des Etudiants)

Le « Bôbar » (ou Bôb) : le bar des élèves

La définition de «binet» selon Wiktionary :

binet /bi.ne/ masculin

  1. (Argot polytechnicien) (Archaïsme) Cabinet, bureau d’un membre du personnel, ou par extension toute petite salle qui peut servir de local pour une certaine activité, scolaire ou extra-scolaire, à l’École polytechnique.
  • En particulier, le cabinet de service (aussi appelé « binet de ser »), où est tenue une permanence pour la gestion des affaires courantes.
    • Ma caisse n’est pas arrivée à bon port ; elle a été arrêtée au binet; le basoff m’a laissé prendre mes gants, mon sac, la boîte ronde et les petits secs. — (Henri Poincaré, lettre à sa mère, février 1875)
    • J’ai fait hier une tentative pour te voir dans ton binet à l’école et j’ai appris ainsi que tu n’avais pas de binet et que tu ne viens que dans le second semestre. — (Henri Poincaré, lettre à Henri Becquerel, 1892)
    • À l’entresol, entre les deux étages de salles d’étude […], il y a toute une série de binets désignés par un numéro : binet de l’aide-major, réservé à la visite médicale journalière des malades, binets des colleurs où les répétiteurs font passer les examens et qui servent aussi de binets de musique à l’heure de la récréation ; ce sont de petites salles basses, éclairées par une fenêtre semi-circulaire au ras du parquet et fermées par une porte pleine. — (Albert Lévy et Gaston Pinet, L’Argot de l’X, 1894)
  1. (Argot polytechnicien) (Par métonymie) Club, association étudiante organisée autour d’une activité extra-scolaire ou d’un quelconque aspect fédérateur, à l’École polytechnique.
    • Je fais partie de trois binets: le Ski club, le binet Théâtre et le binet Ch’ti.
    • Elle a même monté un binet cette année pour enseigner le rock lillois, la danse que pratique sa mère. — (L’Étudiant, L’X, une vie de campus, 2011)
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